Le fantastique est un genre littéraire apparu au XIXe siècle, dans lequel un événement surnaturel fait irruption dans un cadre réaliste. Dans un texte de ce genre, le lecteur ne sait si cet événement s’est réellement produit ou s’il y a, pour sûr, une explication rationnelle ; le fantastique repose sur cette hésitation. Tzvetan Todorov tenta de définir cette notion dans son livre Introduction à la littérature fantastique, paru en 1970, où il écrit cette célèbre phrase « Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel ». Pour illustrer cela, l’une des œuvres les plus marquantes de ce genre est celle de Maupassant, avec sa nouvelle Le Horla, parue en 1886, où il y conte l’étrange histoire d’un narrateur anonyme qui va faire face à une présence mystérieuse et invisible au sein même de son foyer.
Ici nous allons travailler sur son incipit, où le narrateur nous dépeint d’où il vient et nous partage ses états d’âme. Dans cet extrait nous allons observer un changement chez lui : son état va, petit à petit, se dégrader. En analysant l’incipit, on pourra alors se demander comment l’irruption du surnaturel est mise en place pour faire de cette œuvre, une œuvre fantastique. Pour cela nous verrons d’abord que nous nous trouvons dans un cadre réaliste et rassurant, puis nous nous pencherons sur l’annonciation de l’arrivée progressive du fantastique et enfin nous expliquerons en quoi cette présence mystérieuse est finalement déjà présente à ce stade du récit.
I. Un cadre au départ réaliste et rassurant
Le fantastique repose sur la base d’un cadre réaliste, notre incipit démarre, en effet, selon ce principe.
Tout d’abord l’auteur met en place un environnement bien concret, il paraît tout à fait réel. L’auteur conte une journée passée chez lui en usant de longues descriptions, il énonce des dates, des horaires, des lieux, des événements, etc. Le récit s’installe sur une journée narrée « j’ai passé toute la matinée étendu sur l’herbe » qui paraît tout à fait banale, on ne peut noter aucun élément relevant du surnaturel. Il cite aussi des indications de temps « 8 mai », « vers onze heures », des indications météorologiques « il faisait bon » et des indications de position « à gauche, là-bas » qui ajoutent de la vraisemblance à l’histoire. La description de lieux existants est très précise, il décrit ce qu’il