Se sentir obligé, est-ce renoncer à sa liberté ?

Corrigé synthétique.

Dernière mise à jour : 25/11/2021 • Proposé par: cyberpotache (élève)

Une conception spontanée et irréfléchie de la liberté la définit volontiers comme la capacité de faire ce que l'on veut. Mais la conscience du sujet ne tarde pas à se heurter à diverses obligations, qui semblent immédiatement contrarier cette liberté, sinon obliger à y renoncer. Doit-on en déduire que, dès que l'on se sent obligé, la liberté est annulée ?

I. L'obligation par un pouvoir extérieur

Le cas de la servitude en paraît d'abord une preuve incontestable : puisque l'esclave est dans une situation qui lui interdit toute initiative privée et fait peser sur ses actes et sa personne un ensemble permanent d'obligations provenant de la volonté de son maître, il paraît bien illustrer une absence complète de liberté. Encore faut-il ne pas oublier que son travail, si l'on en croit la célèbre "dialectique" de Hegel, l'oriente en fait vers la seule liberté qui mérite son nom, parce qu'elle s'inscrit dans la réalité de la matière en la transformant et donne à la conscience finale de l'esclave la capacité de se saisir directement dans ses œuvres comme conscience objectivée.

Mais l'analyse hégélienne peut sembler très abstraite à l'ouvrier qui est tenu devant sa chaîne de montage par le règlement de l'usine : même s'il veut bien se remémorer que son travail signifie, d'un point de vue général, son humanisation et donc sa distinction définitive de tout ce qui participe encore d'un ordre simplement naturel, il risque d'y trouver une consolation d'autant plus piètre que son temps de loisir n'est lui-même, dans la société actuelle, qu'une forme de travail dérivée. La contrainte de la tâche obligatoire pour assurer la survie d'une famille est d'abord vécue comme négation de la liberté individuelle.

II. L'obligation collective

Il en va évidemment de même lorsque l'obligation, de dimension cette fois politique, émane d'un pouvoir "tyrannique" ou totalitaire : toute loi est imposée par une volonté extérieure dont ne participe aucunement le sujet, et l'ordre politique signifie alors un ensemble d'obligations qui contrarient aussi bien la conscience de la liberté que son exercice.

La loi politique et les obligations qu'elle détermine peuvent toutefois être conçues et instaurées autrement. Par chance, tous les États ne sont pas des dictatures, et la théorie de la démocratie, telle qu'elle dérive du Contrat social de Rousseau, fait au contraire valoir que la loi ne représente rien d'autre que la "volonté générale", dans laquelle convergent l

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