La question "qui suis-je" admet-elle une réponse exacte ?

Dissertation en trois parties :
I. Apports de l'auto-analyse,
II. Le cogito,
III. Psychologie et métaphysique.
Commentaire et note du professeur «Très bonne fiche, une approche intéressante du sujet, de bonnes références. 17/20.»

Dernière mise à jour : 16/03/2021 • Proposé par: yazata (élève)

Sans doute un enfant peut-il, à partir d'un certain âge répondre spontanément à la question "Qui suis-je?" (en fait suscitée par un "Qui es tu?"): il énumère ses nom et prénom, ceux de ses parents, la liste de ses frères et soeurs, il peut même mentionner son adresse, ou décrire rapidement l'habitation familiale... Mais il est innocent: il ne perçoit pas encore la complexité de son "je", et se contente d'un repérage en quelque sorte extérieur, par des indices objectifs. Pour un adulte, et plus encore un philosophe, la réponse à cette question est autrement complexe - d'autant plus si l'on attend qu'elle soit "exacte".

I. Apports de l'auto-analyse

A. Une question tardive

Lorsque Socrate recommande de se connaître soi-même, il n'a pas encore en vue de répondre à la question "Qui suis-je?". Se connaître au début de la tradition philosophique, c'est d'abord se repérer comme homme: savoir de quoi l'on est capable, jusqu'où on peut aller, quelles sont les valeurs que l'on doit défendre. En d'autres termes: n'être (et se savoir) ni animal ni divin, prendre la mesure de l'humanité moyenne en fuyant l'hubris (démesure ou violence). Le "je" subjectif n'est pas en cause, parce que la conscience socratique est d'abord à portée morale.

B. Du "Que?" au "Qui?"

Se définir comme homme - et quel que soit le sens que l'on donne à ce terme-, c'est davantage répondre à un "Que suis-je?" qu'à un "Qui suis-je?". Saisir la spécificité du "qui" implique la conscience d'une singularité , d'une unicité peut-être. L'analyse de ce "je", lorsqu'elle est instaurée dans les Confessions de Saint Augustin, apparaît aussitôt comme longue, sinon interminable. Qu'il s'agisse des Essais de Montaigne ou des Confessions de Rousseau, les textes sont copieux, parce qu'il faut tenir compte de l'évolution du "je". De surcroît, ce "je" paraît éminemment mobile: c'est le va-et-vient de Montaigne de l'épicurisme au stoïcisme, c'est la façon dont Rousseau essaie de débusquer, derrière chacun de ses sentiments, des causes éventuellement lointaines et des retentissements d'abord inaperçus.

C. Le journal interminable

La durée de l'exploration se confirme dans tous les journaux intimes: plus un sujet tente de se cerner pour se définir avec quelque précision, plus il s'engage dans des voies tortueuses, relativement auxquelles tout évén

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