Introduction
Germinal, milieu minier, ouvrier dans le Nord de la France. Histoire d'une grève qui devient une révolte parce qu'elle échoue : fin tragique. Période de la révolution industrielle : accentue fossé ouvrier/bourgeois
Problématique : Plongé au coeur de la description d'un peuple en révolte, nous devenons témoin d'une scène violente qui, par la peur qu'elle engendre se transforme en une vision apocalyptique dans l'imaginaire des bourgeois.
I. La description d'un peuple en marche
2 descriptions :
- 1ère description : point de vue du narrateur (l1 -19) : focalisation zéro (narrateur omniscient)
- 2ème description : point de vue bourgeois (l41 à fin). Conditionnel : imaginaire.
- Description par accumulation et énumération : "femmes", "jeunes", "vielles", "hommes". Peuple dissocié (1 groupe épars, caractérisé par son sexe ou son age, ou son métier). Nombreux pluriels : effet de multitude, de masse. Effet de grandeur, avec des allongements syntaxicaux (phrases longues)
- Scène de mouvement. Nombreux verbes (l 8, 10, 16 : il faut les nommer)
Rétrecissement. Plan général vers particulier et les détails (soucis du détail : "culottes déteintes", "tricots de laine ou de loques")
- Certaine esthétique réaliste : misère, précarité du peuple, habits mais problème pour reproduire la réalité telle qu'elle est (réalisme) : reconstruction par les phrases donc subjectivité.
- Dimension du regard, notion de point de vue (prédominance du regard) : "distinguer, voyait". Au début du texte, la notion de "vision" s'associe à 1 conditionnel pour nous donner le caractère imaginaire qui se développe chez les bourgeois. Opposition entre deux regards : neutre (narrateur) et totalement impliqué pour les bourgeois.
Opposition entre deux mondes : 1 en mouvement, l'autre statique. 1 en révolte, l'autre campé sur sa peur et son pouvoir. Marche vers le progrès social (meilleures conditions sociales) // bourgeois campés sur leur argent. Mais cette révolte s'accompagne d'une image de violence.
II. Une révolte inscrite sous le signe de la violence
- Champ lexical de la violence : "guerrières", "vengeance", "brandissaient des bâtons" : Peuple a une grande volonté, il semble invincible. "guerrières : image qui évoque les Amazones (réel --> mythe)
- Champ lexical autour du sang : "rouge", "boucher", "tuerie"
- Violence s'inscrit par le caractère dépréciatif (univers terreux, fangeux) qui va peu à peu déshumaniser ces mineurs. Finit par une métaphore filée de l'animalisation, de la bestialisation : "troupeaux, bêtes fauves", "mugissement", "claquement des sabots", "galoper", "mâchoire de bêtes fauves" : cheval (folie), bêtes (fauves, férocité).
- Violence par les hyperboles : "gorges gonflées de guerrières".
- Hache (c'est une métonymie : prendre un ensemble pour le tout) : emblème de la Révolution de 1789 (guillotine, Marseillaise) + barres de fer donc révolte.
- Collectif devient 1 et 1 seul, indivisible, soudé. Idée de force. "comme une force", puissance qui fait peur.
Cette violence qui trouve son échos dans la révolution française va susciter chez les observateurs un imaginaire à caractère épique d'où une vision apocalyptique (raz de marée).
III. Une vision apocalyptique
- Idée de destruction totale (physique, corporelle et matérielle). accumulation de verbes : activité très intense --> déferlante, raz de marée "balayant le vieux monde". Destruction matérielle : villes.
- Prédominance de la couleur rouge (sang versé + feu = apocalypse). L44 : "incendies"
- Caractère hyperbolique (exagéré) qui amplifie la scène à travers de nombreux pluriels, les hyperboles ("une pierre des villes" : opposition singulier/pluriel), les répétitions anaphoriques ("plus rien, plus un sou" : l10...)
- Dimension épique d'un peuple qui va tout dévaster ("c'étaient ces choses" : force de la nature) pour reconstruire un monde meilleur ("nouvelle terre repousserait"). Peuple magnifié par la tonalité épique. On quitte le réel pour l'épique et le mythique.
Conclusion
Cette scène n'est pas une simple révolte dans le nord d'un groupe de mineurs. C'est une fin du monde pour les bourgeois effrayés devant un peuple affamé et en colère qui marche vers le progrès. C'est un thème récurrent au XIXème siècle qui peut conférer à ce texte une valeur symbolique.