Introduction
Pierre jette l'éponge : son frère se marie avec Mme Rosémilly, sa mère vient de l'installer dans un magnifique appartement (que Pierre convoitait, d'ailleurs), et il sent qu'il n'a plus sa place dans cette famille où il est désormais un étranger. Poussé par son frère, il s'est engagé comme médecin à bord d'un bateau, la Lorraine, et le moment du départ approche.
I. Les indications spatio-temporelles ; le contexte
L'auteur précipite la fin de son roman par diverses accélérations temporelles. Le rythme du récit ne correspond pas au temps de la fiction, mais il est accéléré par des ellipses (4 : le "lendemain", 11 : "ce jour-là même") et des sommaires (14 : "pendant les jours qui suivirent"). L'attitude de Pierre est différente, et l'on sent bien que la fin des hostilités approche ; sa mère est ignorée, et même violemment repoussée quand elle tente un acte de contrition afin de se faire pardonner (lignes 4 à 10).
Une telle attitude ne peut être maintenue très longtemps sans rupture ou incident grave. Nous nous rendons compte que la communication ne passe pas dans le couple car le mari ignore la mésaventure de son épouse (ligne 12) et met "les pieds dans le plat" avec son habituelle maladresse (12 :"s'étonna beaucoup que sa femme n'eût aucune envie de le connaître puisque leur fils allait s'embarquer dessus.") L'isolement de Pierre est alors à son paroxysme (14 : "Pierre ne vécut guère dans sa famille"). La séparation est déjà effective.
II. Les préparatifs de la cérémonie
Le dialogue se mêle au récit, et le ton change un peu, quand arrivent les derniers instants. Pierre, conscient de la proximité de sa "mort", fait des concessions à son entourage. Changement d'attitude : Pierre passe de la brutalité (15 : "sa parole brutale semblait fouetter tout le monde") à la douceur (16 : double adverbe "très changé, très adouci"). Le père est allègre : il a eu une idée (19) et il consulte son épouse ("N'est-ce pas, Louise" deux fois, aux lignes 19 et 25). La mère est désolée et s'efface, consent à tout (20 : "mais certainement", 27 : "oui, certainement"). Tout le monde est prêt à donner le meilleur de soi, dans cette communion qui rapproche habituellement autour du "défunt". Chacun sent bien qu'il s'agit d'un moment important et