Ce qui, dit-on, nous distingue de l’animal, c’est que nous, êtres humains, avons la faculté de prendre conscience de nous-mêmes, c'est-à-dire la capacité de retourner notre conscience sur nous-mêmes et de nous prendre nous-mêmes pour objet de pensée. Cette prise de conscience menée à terme suppose la découverte d’un « je » particulier, qui entraîne ensuite la connaissance de ce « je ». Si la prise de conscience répond à la question « suis-je ? », elle peut aussi répondre à la question « qui suis-je ?», comment alors parvenir à cette prise de conscience, à cette connaissance de soi la plus authentique et complète possible ?
En effet, le problème est de savoir si, dans ce processus, l’on a besoin d’autrui ou si l’on a besoin de la solitude pour prendre conscience de soi, et mieux se connaître, à moins que cette conscience et cette connaissance de soi ne soit qu’illusoire. L’homme, « animal social » semble pouvoir se définir par rapport à autrui, même si c’est dans la solitude qu’il peut aussi affirmer cette prise de conscience. Pour autant, nous pouvons nous demander quelle valeur accorder à ce travail sur soi.
I. La conscience de soi semble s’effectuer en rapport à autrui
Nous allons donc voir que la conscience de soi semble s’effectuer en rapport à autrui.
La conscience de soi ne peut être que collective, dans la mesure où elle est le résultat et le produit d’une histoire dont fait partie autrui et d’un certain nombre de circonstances. Selon Nietzsche, la conscience est « un réseau de communication entre les hommes », ce qui implique des liens, des relations entre les hommes. Cette vision de la conscience nous montre bien qu’elle n’est pas innée mais qu’elle est le résultat de plusieurs individus, consciences. Pour affirmer cela, il faut partir du constat que l’homme ; caractérisé par sa faiblesse dans un monde hostile n’aurait pas su survivre sans l’aide d’autres hommes, cette vie collective apparaît comme une nécessité, or comment assurer un lien entre les hommes ? C’est justement la conscience qui permet la communication, et c’est cette communication qui permet ce fameux lien. Nous pouvons prendre un exemple plus proche de notre réalité, celui d’un enfant, avant et après sa naissance. A quel moment, un bébé se perçoit-il en tant qu’être existant ? Dès sa conception, sous forme de fœtus, il existe une sorte de fusion avec son environnement – or ce qui caractérise bien la conscience réfléchie, c’est un certain décalage entre la consc