Historiquement, pendant fort longtemps, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle environ, tous les États ont été confessionnels, c’est-à-dire que leurs gouvernements distribuaient de façon proportionnelle le pouvoir politique entre différentes communautés religieuses. Ce système est mis en cause pour la première fois par les Etats Unis en 1791, qui par son premier amendement de sa constitution, fait défense au Congrès de « faire aucune loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice ». Cet amendement sous-entend que la religion est une affaire privée, hors de la compétence de l’Etat. Au cours du XIXe siècle, l'État se « déconfessionnalise » progressivement ; en 1904, le gouvernement français dénonce le concordat de 1801, et le Parlement vote, le 9 décembre 1905, la loi « sur la séparation des Églises et de l'État » : désormais, la France est, dans toute la rigueur du terme, un État non confessionnel. Il serait intéressant au vue de ces évolutions historiques concernant les rapports entre l’Etat et la religion, de se poser la question suivante : l’Etat et la religion sont compatibles ?
L’Etat, par définition, est une institution politique souveraine qui organise la société au sein d’un territoire. L’Etat permet d’assurer aux lois leur force et leur application. En conséquence il doit apporter la justice à la société ainsi que maintenir la sécurité et la liberté des individus. De son côté la religion se définit comme un ensemble de croyances et de pratiques collectives qui constitue le rapport de l’homme avec la puissance divine. Ces croyances collectives permettent de former des liens sociaux entre les individus, et la religion, étant normative, impose des règles à suivre et des interdits à ne pas franchir, ce qui la rapproche en ce sens de l’Etat. Ces règles imposées, que les individus doivent suivre, ont pour but de rendre la société pacifiée, harmonieuse.
Mais l’Etat et la religion sont-ils pour autant compatibles du fait qu’ils exercent une fonction commune, celle d’imposer des règles, de cadrer et de maîtriser la société ? De la notion de compatibilité ressort une idée d’accord entre la religion et l’Etat, une idée d’existence commune, de tolérance, ou même de coopération voire de complémentarité entre les deux institutions. La religion et l’Etat peuvent-ils gouverner, contrôler la société en même temps ou faut-il choisir entre les deux ? La religion est-elle complémentaire à l’Etat ou inversement l’Etat est-il c