"Admiration et pitié, telle est la devise du roman" . Cette citation de Georges Duhamel semble faire écho à l'extrait du roman historique que nous allons étudier. Cette œuvre a été publiée en 1874, au siècle où le romantisme et le réalisme sont dominants, à une époque où l'on veut montrer la réalité du monde. Victor Hugo, célèbre polygraphe et chef du fil du romantisme, nous montre dans son œuvre Quatrevingt-treize la réalité poignante de la révolution française, en 1793.
Dans notre extrait, Victor Hugo aborde le topos du combat. Un combat sur un navire de guerre au cœur d'une violente tempête. Un canon mal attaché menace le navire en provoquant un naufrage et une panique à bord. Cette scène est un climax, très attendue par le lecteur. Nous nous demanderons ici comment l'écrivain revisite-t-il ce topos du combat en le rendant inoubliable ? Pour y répondre, il conviendra, dans un premier temps, d'aborder la dimension dramatique de ce combat, puis, dans un second temps, d'étudier la mise en scène du duel qui oppose le canonnier et le canon.
I. la dimension dramatique de ce combat
a) La théâtralisation du combat
En premier lieu, ce qui frappe d'entrer le lecteur, c'est la dimension dramatique de ce combat. En effet, on y note d'abord une théâtralisation, mise en valeur par des figures d'amplification, à commencer par des hyperboles : « spectacle titanique », « le duel de la chose contre l'homme », « ce corps-à-corps effroyable », « quel gigantesque insecte de fer » ou bien encore « multipliant les coûts de bélier par des coups de lanière ». Et puis, on y trouve quelques énumérations : « deux piliers d'acier, livide, calme, tragique » et « lui, souple, agile, adroit » venant à renforcer cette théâtralisation. On peut y ajouter la ponctuation expressive, avec des questions rhétoriques et des points d'exclamation. Quelques modalisateurs d'incertitude appuient également la dramatisation comme : « il l'aimait peut-être » ou bien encore « il paraissait souhaiter qu'elle vint à lui ».
b) Une scène de panique
La panique, en toile de fond, met en valeur ce combat dramatique. Tout d'abord, il y a un effet crescendo faisant montrer en tension les passagers à bord du navire, appuyé par le rythme ternaire « sous eux le flot, aveugle, dirigeait le combat ». De même la panique est décrite par plusieurs passages : « [i]pas une poitrine ne respirait