Extrait
Ce passage est essentiellement constitué de deux tirades ; dans la première, le père outragé expose ses griefs à l’égard de son fils ; dans la seconde, ce dernier, allant jusqu’aux larmes, entreprend de se justifier.
Problématique
Nous pouvons donc nous demander cette confrontation quasiment judiciaire reste tout de même conforme au roman sensible en mêlant les registres.
Plan
Nous verrons tout d’abord que chaque personnage s’exprime dans la forme de la plaidoirie. Puis nous faisons apparaître le pathétique de la situation. Nous terminerons par la place donnée au lyrisme et au tragique dans l’évocation de l’amour.
I. Deux plaidoiries : argumentation visant à convaincre
a) l’honneur d’un père : réquisitoire du père
Le père reproche à son fils :
- son attitude immorale, marquée par les termes condamnant son rapport aux femmes : « libertinage » et « friponneries » (l 2-3). L’intention accusatrice de ces mots est accentuée par le ton ironique (« grâce au scandale », (l. 2) ; « un mérite tel que le vôtre », (3-4) ; « vous allez à la renommée par un chemin infaillible » (l. 4) ; « la gloire », « l’admiration », (l. 5-6)) et augmentée de la menace de la condamnation au pilori (« exposé », l. 6) dans laquelle on peut entendre un écho de la peine de mort : « la Grève », (l. 5).
- sa trahison : « qui le déshonore », (l. 9) au regard de l’éducation conforme à l’honneur d’une famille noble (respect du nom, respect des convenances) qui lui a été prodiguée : « n’avoir rien épargné pour en faire un honnête homme » (l. 8), ce qui lui vaut la répétition de l’insulte « fripon » (l. 9) ;
- le fait de persévérer dans le mal, comme pour mieux torturer sa famille : « quel remède contre un mal qui augmente tous les jours ? » (l. 10) ; en amplifiant la phrase, les expansions de nom : « fils vicieux », (l. 11), « qui a perdu tous sentiments d’honneur », (l. 11), font sentir syntaxiquement cette augmentation funeste.
Le héros trahit donc les valeurs de son milieu social et familial.
b) La contrition d’un fils : plaidoyer du fils
Des Grieux se défend :
- par une concession (l. 14) : « Quoique je fusse obligé de reconnaître que je méritais une partie de ces outrages » ; « je ne prétends pas être l’homme le plus réglé de notre race » (20) ; « [i]je me connais digne de vos repr