Jean Luc Lagarce né en 1957 et mort en 1995 est un auteur dramatique contemporain et metteur en scène du XXe siècle, il publie en 1990 Juste avant la fin du monde, une pièce de théâtre. Dans la scène 2 de la partie 2, Louis, héros principal de la pièce, revient après une longue absence annoncer sa mort prochaine à sa famille. Son frère et sa sœur se disputent, et il finira par repartir sans rien leur dire.
Ainsi nous pourrons nous demander dans quelle mesure cette scène montre l’échec de la communication pour éviter les conflits. Pour cela, nous aborderons dans un premier temps les tensions qui posent un problème de communication au sein de la famille. Dans un deuxième temps, nous analyserons la violence qui finit par dominer la scène, en se substituant à la communication.
I. Des tensions qui brouillent la communication
Antoine, le frère du héros, est en colère contre Suzanne, leur sœur. Elle lui reproche des choses qui selon lui sont fausses. La tension entre les membres de la famille est de ce fait palpable.
a) Chaque personnage est impliqué
Antoine exprime sa colère: « je ne disais rien (..) je n'ai rien dit de plus (...) je n'ai rien dit » (lignes 2,5,7). Il se répète pour prouver son innocence. Il continue en se questionnant « y-a-t-il quelque chose de désagréable à ce que je dis ? » (l.10), puis prend son frère à témoin: « Louis! (...) j'ai dit quelque chose de désagréable ? » (l.12). Antoine est indigné: « Ne me regardez pas comme ça ! » (l.13). Catherine la femme d’Antoine prend à son tour partie et défend Suzanne « Elle ne te dit rien de mal ». (l.14) Elle juge son mari en l'accusant d'être une brute « tu es un peu brutal » et continue en lui disant « on ne peut rien te dire » (l.15).
b) Une difficulté de communication, accentuée par la paranoïa d'Antoine
Antoine par la suite s'interroge à nouveau « Je suis un peu brutal ? Pourquoi tu dis ça ? » (l.19). Ce questionnement rhétorique nous donne l'impression qu'il est paranoïaque. Il croit que tout le monde est contre lui « Vous êtes terribles,tous avec moi » (l.23). Cela accentue sa possible paranoïa. Louis essaie de défendre Antoine mais celui-ci le brime en le surnommant « la bonté même » (l.26). L'auteur emploie ici une antiphrase. Il se met en position de victime « ce n'est pas bien, ce n'est pas juste » (l.38), « arrêtez(...)de me prendre pour un imbécile ! »