Ce texte est à présenter en le situant dans l'œuvre, c'est-à-dire au début de la pièce, après la scène 7 entre Suzanne et Louis qui a montré leur incommunicabilité. Ici La Mère parle à Louis. Elle veut lui expliquer pourquoi le dialogue est rompu entre lui et ses frère et sœur, pourquoi Antoine et Suzanne sont comme ils sont, parlent comme ils parlent, qui ils sont au fond.
On peut étudier dans ce texte la dramaturgie, c'est-à-dire proposer des intentions de jeu et les justifier.
Deux mouvements dans le texte avec deux temporalités distinctes:
- ligne 1 à 8, prédominance du "je" et de l'emploi du passé composé
- ligne 9 à la fin, prédominance du "ils" et de l'emploi du futur
- « je » = la mère
- « tu » = Louis
- « ils » = Antoine et Suzanne dont on parle en leur absence
Problématique possible: comment le discours de la mère non seulement ne justifie rien mais augmente la situation d'incommunicabilité de cette famille ?
I. 1er mouvement : lignes 1 à 8
– « expliquer » = il s'agit bien ici de donner des raisons, des raisons aux futures conversations entre ses trois enfants, de donner des raisons à Louis pour qu'il écoute, de justifier aussi les paroles et les attitudes d'Antoine et Suzanne
– « et il est probable qu'ils le feront » : utilisation de la conjonction de coordination, récurrente dans la pièce, accumulation, ajout et précision, mise en évidence d'une parole qui se cherche, qui cherche à dire les choses de la façon la plus juste possible. A la fois hypothèse (« probable ») et certitude (futur verbe faire)
– « et maladroitement, » : mise en évidence de la « gaucherie » de ces deux enfants, Antoine et Suzanne, qui ne sont pas « adroits » qui ne savent pas faire, qui sont du côté du mal...
– « ce que je veux dire, » : de nouveau, tentative de la mère d'être la plus précise possible, comme si la parole était difficile, mais aussi la discussion, le dialogue.
– « car ils auront peur du peu de temps que tu leur donnes, » : la conjonction de coordination introduit la cause, de nouveau, tentative d'explication mais surtout de justification, qui retourne la situation, finalement c'est Louis qui est coupable ou culpabilisé, il donne « peu », peu de lui, peu de « temps » (cruauté ironique , car effectivement, Louis, qui va mourir, a peu de temps)
– « du peu de temps que vous passerez ensemble » : répétition et insistance, urgence.
– « – [i]moi non plus, je ne