Puis-je faire confiance à ma conscience ?

Copie retranscrite d'un élève de terminale, pour un devoir maison. La note obtenue était de 16/20.

Dernière mise à jour : 16/11/2021 • Proposé par: ZourabLeroi90 (élève)

« Puis-je faire confiance à ma conscience ». Ce sujet nous invite à réfléchir sur le rôle ainsi que les conséquences que la conscience peut avoir sur notre existence. Le mot conscience est une notion à plusieurs dimensions et vient en effet du latin « cum scientia » qui signifie « avec savoir ». Rappelons, de plus, que ce qui distingue l’homme de l’animal est en effet la conscience, cette dernière ayant permis aux hommes de devenir civilisés. Les hommes se commandent par la raison, contrairement aux animaux, qui eux sont commandés par leurs pulsions, ce qui les rend sauvages. La conscience est capable de distinguer le bon du mauvais .

Faire confiance est le sentiment de se fier entièrement à quelqu'un ou quelque chose. Or si je ne peux pas faire confiance en ma conscience, à qui puis-je donc faire confiance ? Peut-on réellement faire confiance à notre conscience ? Nous répondrons à ces questions en étudiant tout d’abord la conscience et ses répercussions sur la vie humaine en affirmant que oui nous pouvons avoir confiance en notre conscience, puis dans un deuxième temps nous verrons les limites de la conscience qui n’est pas toujours très fiable et enfin nous dépasserons la notion de conscience pour en atteindre ce qui se situe au-delà : l’inconscient.

I. Oui, nous pouvons avoir confiance en notre conscience, qui permet de nous élever en tant qu'hommes

La conscience pourrait alors être définie comme avoir la connaissance d’un fait, mais avoir conscience d’un fait non expliquer. La conscience est en effet le savoir intérieur immédiat que l’homme possède de la réalité et aussi de lui-même. Lorsqu’un être est conscient, celui-ci sait que le monde existe et qu’il en fait partie. C’est ainsi un savoir qui accompagne l’existence. Il semble nécessaire à l’individu de se fier à sa conscience. En effet elle lui est apparemment bénéfique puisqu’elle dicte la plupart de ses actes. La conscience permet à l’homme d’être libre et de répondre de ce qu’il est. Ceci l’élève au-dessus de l’animal. D’après Pascal, ce qui fait l’homme c’est la conscience sans cela l’homme serait une chose parmi les choses, une réalité passive. En effet l’homme refoule ses instincts ainsi que ses pulsions de ce fait l’homme décide d’être qui il veut il n’est plus comme un animal déterminé par toutes ses pulsions. la conscience définit l'essence de l'homme et fait sa dignité puisqu’il s’appartient de ce fait il ne peut plus être instrumentalisé, il a une valeur , il est une fin en soi. L’homme est le seul à posséder ce degré de conscience et c’est ce qui le rend unique. La conscience fait notre différence spécifique par rapport à notre genre prochain animal. C'est-à-dire que certes l’homme est un animal cependant il possède une caractéristique propre qui le distingue des autres animaux qu’est la conscience. On peut dire que l’homme est le roi des animaux puisque même si il n’est pas le plus fort physiquement parlant , il peut devenir maître grâce à sa conscience de ses faiblesses (on meurt faible, mais on sait qu’on meurt).

Contrairement à l'homme, l'animal a une conscience immédiate de son vécu; il n'y a pas de mise à distance. L'animal fait parfois preuve d'une intelligence admirable, mais il ne participe pas consciemment à ce qu'il fait. Sa conscience est limitée et sans stabilité, il n'y a pour lui qu’une succession de stimuli. Il y a donc un contenu de la conscience, mais pas de référent, pas de mise en forme de la pensée, qui n'est chez lui qu'un enchaînement de situations, d'images, d'instants, qui nécessitent des comportements en réaction à eux. D’après Hegel « ce qui élève l’homme par rapport à l’animal, c’est qu’il a conscience d’être un animal. Du fait qu’il sait qu’il est un animal, il cesse de l’être ». L’homme lui possède une conscience réfléchie, c’est-à-dire celle dans laquelle le sujet se pense lui-même comme conscient de quelque chose, l’homme a maîtrise de soi par exemple nous pouvons dire que les hommes ont tous des désirs divers, mais l’homme, contrairement à l’animal, ne va pas assouvir ses désirs comme eux. L’homme va en effet se demander pourquoi ils possèdent des désirs et il va par la suite essayer de les refouler. L’homme a aussi une conscience de soi puisqu’en effet dès le moment où un enfant commence à parler de lui-même à la première personne, il se définit lui-même comme sujet pensant et conscient. Cette faculté de la conscience fait de l’être humain une personne, c’est-à-dire un sujet moral responsable constituant une fin en soi. De plus l’homme n’est plus un être à sensation, il n’est plus du tout comme un bébé ou un enfant qui pleure quand il a envie d’une chose particulière (ex : manger, sortir, etc..) et qui dans cette situation la mère de cet enfant répond à ses caprices et satisfait ses besoins. L’enfant n’est qu’un être sensoriel qui veut assouvir ses désirs sans savoir d’où ils proviennent, en effet il n’a pas développé de conscience donc il n’est pas libre de ses désirs. La conscience nous permet de faire des choix dans notre vie et de s’ouvrir au possible, lorsque nous avons faim nous pouvons résister et patienter pour ne pas manger.

Ainsi, nous pouvons ainsi dire grâce à cela qu’il existe chez l’homme une conscience morale qui permet à ce dernier de distinguer le bien du mal : L’être conscient est celui qui connaît la portée de ses actes qui sait ce qu’il fait et si ce qu’il fait est bien ou mal. D’ailleurs plusieurs expressions en témoignent : « bonne ou mauvaise conscience », « en cas de conscience », « en toute âme et conscience ». Elles expriment toutes l’idée de sens moral dans lequel on retrouve l’idée de connaissance ici celle du bien et du mal, du devoir, lié à cette conscience morale. On peut prendre l’exemple d’une personne atteinte d’une maladie mentale qui lui ne l’écoute ou ne la comprend pas, car il ne fait aucune différence entre le bien et le mal , l’interdit et l’autorisé. La conscience morale nous fixe des règles , des barrières à ne pas franchir elle nous force également à penser à autrui et non pas à sa simple personne. Notre conscience permet de nous distinguer des animaux en impliquant une sorte d’intériorisation de nos propres limites, par exemple le doute , le regret, l’ignorance sont les signes que nous avons conscience de nos propres limites. Sans conscience il n’y aurait pas de continuité temporaire parce que c’est la conscience qui détermine en effet le futur, le passé, et le présent et donc l’être humain ne posséderait pas de mémoire donc pas de connaissance et ainsi l’empêcherait de raisonner et de se poser la question si nous pouvons faire confiance à la conscience. L’homme n’a pas le choix de faire confiance à sa conscience, car sans cette conscience il serait semblable à un animal commandé par des déterminismes et serait inconscient du monde extérieur et de lui même.

II. Mais la conscience présente des limites de par les influences extérieures

La conscience est inhérente à l'homme, indissociable de sa nature, car c’est grâce à cette conscience qu’elle nous apporte un savoir inférieur et extérieur. Mais en effet la conscience ne renvoie à aucune réalité observable, ce qui peut remettre en cause celle-ci, son rôle.

Cependant malgré tout ce que notre conscience peut nous apporter de bénéfique, on constate aussi qu’elle peut nous tromper nous décevoir. En effet la conscience ne renvoie à aucune réalité matérielle parce que on ne peut pas l’observer et la toucher, on parle de conscience quand on est dans l’ignorance d’un fait. Dire que je connais le mal et le bien grâce à ma conscience n’a aucune valeur, car la conscience ne renvoie pas à une réalité c’est en effet une notion attachée à l’esprit c’est une réalité spirituelle. La conscience va alors devenir une croyance, car on ne peut pas montrer son existence. Pour la conscience de soi, celle-ci peut être expliquée grâce à des mécanismes de fonctionnement du cerveau, ce qui veut dire que pour la personnalité supposons que celle-ci fonctionne grâce à une partie précis du cerveau : Avec l’exemple de Phineas Gage, son crâne a été traversé par une barre de fer qui a par la suite détruit la zone d’association de ses lobes. Les conséquences sont les suivantes : La personnalité de Phineas a complètement changé passant d'une personne sérieuse à une personne très méchante, grâce à cet exemple on peut supposer que notre personnalité entière n’est pas commandée par la conscience de soi, mais par notre cerveau.

Ceci remet en doute l’autorité de notre conscience de soi, car comme on a pu le démontrer on a conscience de qui l’on est grâce au cerveau, mais on peut voir aussi que notre conscience du monde extérieur est également déterminé. La conscience est épiphénomène, la conscience ne produit rien d’elle-même, la conscience est le produit de quelque chose. On peut dire que la conscience est au service de la puissance ce qui nous mène à ne pas lui faire confiance. : lorsque nous croyons prendre une décision, en fait le calcul se fait à notre insu, nous croyons décider de quelque chose alors qu'en fait, les interactions causales ne font que suivre, les lois imperturbables de la physique. La conscience est un instrument de falsification, celle-ci va chercher une légitimation à ce que l’on est sans le vouloir vraiment : lorsque l’on a une mauvaise note en philosophie, après avoir reçu cette note la conscience va dévaloriser cette matière en disant que c’est une matière inutile, pas bien. De plus le langage détermine notre façon de penser parce que lorsque l’on pense, c’est avec des mots  sans langage, il n’y aurait pas de pensée construite: nous vivrions dans un monde chaotique et brouillé fait d’impressions, de sensations, d’images fugitives. Par exemple dans certaines dictatures il y a des mots qu’on ne peut pas dire contre un parti politique ou un homme, de sorte à ne pas être déporté ou puni par cette dictature. On voit bien que la conscience est soumise à des déterminismes.

De plus la société influe la conscience : C’est ce qu’établit Karl Marx en montrant que la conscience n’est pas première dans la constitution du sujet : elle résulte en réalité, selon lui, d’influences extérieures, d’un ensemble de déterminations extérieures à elles. Marx montre en quoi notre conscience s’aveugle en se croyant libre : elle n’est que le produit de l’influence sociale. En effet, selon Marx, l’infrastructure (les rapports de production et les forces productives) détermine la superstructure (les formes juridiques et politiques, l’art, la pensée, la morale, la religion, etc.). Le contenu de notre conscience, qui nous apparaît illusoirement libre et produit par nous-mêmes, n’est donc que la surface apparente d’un ensemble de facteurs matériels qui la déterminent en profondeur. D’après Marx, dans la préface de la Critique de l’économie politique « Le mode de production de la vie matérielle, domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. ». De ce fait, la conscience morale est remise en doute, car si une personne sait distinguer le bien du mal , il devrait alors faire que le bien, mais certains individus continuent de faire le mal sachant pertinemment que ça ne leur apporterait rien de bien , cela se traduit d’une inconscience : des personnes pourraient avoir des attitudes irresponsables et irréfléchies. Nous pouvons constater que nos actions, notre imaginaire et d’autres phénomènes ne sont pas décidés en pleine conscience et que nous subissons des influences dont nous n’avons même pas conscience. La conscience est donc insuffisante, cela prouve qu’il y a autre chose derrière : « le ça » l’inconscient. L’inconscient est le domaine de la pensée qui échappe à la conscience, c’est l’ensemble des phénomènes psychique dont nous n’avons pas conscience. Il constitue l’ensemble des pulsions qui conduisent l’homme tout au long de sa vie. Plusieurs comportements traduisent l’inconscient chez l’homme : On retrouve tout d’abord les actes manqués, ce sont des actes réalisés sans qu’on s’en rende compte et qui traduisent un désir refoulé dont on n’a même pas conscience et qu’on a tendance à nier. Parmi les actes manqués, on compte le lapsus lorsqu’on dit un mot à la place d’un autre ; ainsi que les fautes d’orthographe , les fausses auditions « on écoute ce que l’on a envie » l’oubli et bien d’autres. .. La conscience ne peut donc pas avoir le pouvoir de refouler ses désirs, car ils persistent et essayent par plusieurs moyens de s’exhaler. Nous pouvons dire que la conscience est comparable à un filtre à nos pensées dans l’inconscience où réside tout ce qui est insupportable à la conscience. On peut offenser une personne et dire comme excuse que c’est à cause de notre inconscient ainsi la personne qui invoque l’inconscient tente ainsi de se cacher derrière autre chose afin de ne pas assumer les conséquences de ses choix. Nous ne pouvons pas ainsi faire confiance à la conscience.

III. Surtout, l'inconscient remet en cause la pleine conscience

Nous avons bien vu que nous ne pouvons pas faire confiance à la conscience, car cette dernière ne renvoie à aucune réalité observable. La conscience est déterminée par des anomalies. Nous avions pu voir également qu’il existait une mauvaise conscience qui a pour nom l’inconscience. La conscience est certes non observable, mais pouvons-nous en déduire que même si elle n’est pas observable cela veut dire qu’elle n’existe pas forcément ?

Pour terminer, la science remet en question la conscience, puisqu’elle peut traiter de ce qui est observable, alors que le cerveau non. C’est pourquoi l’esprit en général est ramené au cerveau, car il est observable, mais le réel ne se réduit pas à ce qui est scientifiquement connaissable. La science réduit le réel à ce qui est connaissable scientifiquement. Par exemple avec Bergson avec l’image du clou et un manteau accroché au clou, si le clou tombe, le vêtement tombe avec. Dans cet exemple le clou représente en effet le cerveau et le manteau représente l’esprit ce qui veut dire que l’esprit dépend du cerveau. Lorsque la science observe une activité d’une partie spécifique du cerveau en lien avec une fonction psychique, elle conclut tout de suite alors que cette partie du cerveau en est la cause. Certes on observe un lien entre la partie du cerveau et la partie psychique, mais on n’observe pas que l’un est la cause de l’autre, nous pouvons alors supposer que c’est l’esprit qui instrumentalise le cerveau afin de s’exprimer. On observe qu’une fonction psychique est amenée à disparaître quand la partie du cerveau à laquelle on l’associe est détruite, mais quelques fois cette fonction peut apparaître à nouveau c’est ainsi une autre partie du cerveau qui est en activité.

De plus, la définition freudienne de l’inconscient n’inclut pas seulement ces choses auxquelles le sujet ne pense pas. Pour lui l’inconscient comprend aussi des pensées refoulées par l’esprit, mais pas d’une manière volontaire, mais spontanée. L’inconscient en raison de leur incompatibilité avec les exigences morales et sociales intériorisées par le sujet. Pour rendre plus claire la conception du psychisme humain de Freud, celui-ci propose une division de l’appareil psychique : le « ça » qui est le réseau désordonné et inconscient des pulsions entièrement régi par le principe de plaisir. Le « surmoi » qui est l’instance morale également inconsciente qui regroupe les normes sociales et familiales intériorisées et ainsi le « moi » qui est le médiateur et cherche à concilier les pulsions du « ça » avec les interdits du « surmoi ». De cette instance dépend l’équilibre psychique de l’individu. De plus les déterminismes si on connaît les conséquences, cela est plus facile pour nous de s y détacher.

Conclusion

C’est pourquoi pour conclure nous pouvons dire que nous sommes amenés à sous-estimer la conscience du point de vue de la connaissance parce que nous sommes conduits à mettre en valeur tout ce qui nous détermine malgré nous, c’est-à-dire tout ce qui échappe à notre conscience. Mais d'un autre côté nous sommes amenés à surestimer la conscience, du point de vue de la morale, car si on ne suppose pas un sujet maître de lui-même ne peut pas parler de morale.