Le désir a souvent été jugé de manière négative, condamné par la religion qui l'apparente à la tentation du pêché ou qui prône sa totale éviction de l'esprit de l'homme, comme le bouddhisme. Le désir serait donc un obstacle à l'accomplissement spirituel de l'homme, à l'accès de la sérénité de l'être. Dans cette optique, le désir serait alors une faiblesse pour l'homme, un défaut à bannir de sa personnalité. L'homme qui éprouverait du désir serait presque coupable et ne pourrait accéder ni à la piété, ni à la paix intérieure. Mais, comme le porte à croire ce que nous venons de dire, le désir est-il la marque de la misère de l'homme ?
L'homme vivrait donc dans une sorte de misère. Mais en quoi le désir participerait-il à celle–ci ? Autrement dit, en quoi le désir rendrait-il l'homme misérable ? Cela signifierait que le désir contrôlerait l'homme, mais est-ce vraiment le cas ? L'homme n'a-t-il pas les moyens de maîtriser ses désirs ? On arriverait à une sorte d'éducation du désir, de tri entre bons et mauvais désirs qui feraient ressortir les aspects positifs de celui-ci. Finalement, si l'homme sait le contrôler, le désir ne devient-il pas une richesse, une force, un moyen d'expression et d'affirmation ?
I. le désir pourrait rendre l'homme malheureux, presque misérable
Le désir pourrait rendre l'homme misérable dans le sens où il pourrait être envisagé comme l'expression d'un manque, ou comme une passion qui le conduirait vers la démesure, et tout simplement parce qu'il n'est jamais totalement satisfait. On peut envisager le désir comme un manque, mais cela soulèverait plusieurs problèmes : de quoi l'homme manque-t-il ? Lequel est originaire, le désir ou le manque ? Et quelles sont les issues possibles à cette situation de manque ?
Le paradoxe du désir réside dans le fait qu'il est l'expression d'un sentiment de manque, dans le sens où l'on désire ce que l'on ne possède pas, mais que ce manque n'est jamais vraiment comblé. Mais comment combler un manque qui n'est même pas défini ? Si on considère le désir comme un manque, c'est le problème qui se pose : un manque de quoi ? Contrairement au besoin qui peut être assouvi de façon simple, le désir n'a pas d'objet précis qui lui soit assigné. L'homme peut donc désirer tout et n'importe quoi. Le mythe de l'androgyne énoncé par Platon dans le Banquet nous montre le désir comme recherche désespérée de sa moitié, dans le but de combler un manque et définit l'homme comme incomplet et nostalgique de s