Introduction
Fin du chapitre 2 : apparition de la source " miraculeuse " après l'explosion du morne. Chapitre 3 : l'idée se développe de créer une ville d'eau à partir de cette nouvelle source. Andermatt avait passé l'après-midi avec le docteur Latonne, " laissant couler, avec ses paroles, de grands projets sur Enval " ( page 68 ).
Le lecteur sait déjà ( cf. p. 39 : " un juif, un faiseur d'affaires ", page 47 : " ce gros garçon très riche " ) qu'Andermatt est un homme d'affaires. C'en est ici la confirmation, par l'intéressé lui-même : il développe sa " philosophie " comme Dom Juan la sienne ( acte 1, scène 2 ) : pas d'ambiguïtés dans le personnage.
Les conditions sont évoquées dans le § précédent : " Si ce vieux ( Oriol ) est raisonnable ( = s'il accepte nos conditions ), et si l'analyse donne ce qu'espère le docteur Latonne, ( = si l'eau a des qualités thermales ), je vais probablement tenter ici une grosse affaire : une Ville d'Eaux ( noter les majuscules, traduisant sans doute l'insistance d'Andermatt sur ces deux mots ). Je veux lancer une Ville d'Eaux ( terme de volonté : je veux, qui contredit le probablement de la phrase précédente, le verbe lancer, toujours utilisé lorsqu'on parle d'un nouveau produit)" : Nous avons ici un condensé du personnage, volonté, " courage " en affaires, intuition...
Nous allons étudier ce texte suivant deux axes de lecture :
I. Un moi en expansion : un nouveau Dom Juan
II. Les " affaires " : l'action qui remplace les vieilles valeurs militaires dépassées
I. Un moi en expansion
La lecture du texte nous permet de voir un grand nombre de pronoms de la première personne, toujours accompagnés d'un verbe de volonté, d'action, un verbe positif, en tout cas :
- moi, je vois les pièces... (10)
- je me bats ( 2x), (15)
- j'en ferai une ville (20)
- je réussirai (29)
- je tiens le moyen (29)
- je l'ai vu tout d'un coup (30)
- j'en ai pour trois ans de plaisir (35)
- je ruine l'ancienne société (39)
On distingue dans la succession de ces affirmations une gradation : voir / se battre / vaincre/ réussir / ruiner l'autre : programme, description d'une bataille.
Parfois, dans le discours du je, s'insinue le nous : les grandes affaires, les nôtres (4) ; nous sommes les puissants d'aujourd'hui (18) ; [i]