Spinoza, Traité théologico-politique: Nécessité des lois

Dissertation entièrement rédigée en 3 parties et qui suit la progression logique du texte :
I. Les hommes pourraient-ils vivre sans lois ?
II. L'homme est guidé par ses passions
III. Les lois sont la condition d'une vie en société

Dernière mise à jour : 15/09/2021 • Proposé par: remih (élève)

Texte étudié

Si les hommes étaient ainsi disposés par la Nature qu'ils n'eussent de désir que pour ce qu'enseigne la vraie Raison, certes la société n'aurait besoin d'aucunes lois, il suffirait absolument d'éclairer les hommes par des enseignements moraux pour qu'ils fissent d'eux-mêmes et d'une âme libre ce qui est vraiment utile. Mais tout autre est la disposition de la nature humaine ; tous observent bien leur intérêt, mais ce n'est pas suivant l'enseignement de la droite Raison; c'est le plus souvent entraînés par leur seul appétit de plaisir et les passions de l'âme (qui n'ont aucun égard à l'avenir et ne tiennent compte que d'elles-mêmes) qu'ils désirent quelque objet et le jugement utile. De là vient que nulle société ne peut subsister sans un pouvoir de commandement et une force, et conséquemment sans des lois qui modèrent et contraignent l'appétit du plaisir et les passions sans frein.

Spinoza, Traité théologico-politique

Emmanuel Kant distingue quatre grandes interrogations propres à la Philosophie auxquelles il fait correspondre à chacune un domaine de cette discipline : la morale, la métaphysique, la religion et l'anthropologie. Par exemple, la morale vise à répondre à la question « comment dois-je agir ? ». L'objet de l'anthropologie est de répondre à la question « Qu'est-ce que l'homme ? », autrement dit de déterminer l'essence de la nature humaine. De la réponse à ce problème découlent notamment des questionnements d'ordre politique, puisque la nature de l'homme affecte son comportement en société. Dans le Traité théologico-politique, Spinoza se demande pourquoi est-il indispensable qu'il existe un pouvoir central de coercition capable d'assurer la coexistence harmonieuse des hommes dans un cadre social. Il défend la thèse selon laquelle cette nécessité est due à la nature même de l'homme. Selon lui en effet l'homme est guidé par ses passions, ce qui le pousse à agir contre l'intérêt commun au profit de son plaisir égoïste. Le caractère irrationnel des désirs de l'homme conduit, pour permettre une vie pacifique en société, à la nécessité de l'instauration de lois régies par une force supérieure visant à réguler les pulsions humaines par la contrainte physique.

I. Les hommes pourraient-ils vivre sans lois ?

Dans un premier temps, Spinoza applique un raisonnement hypothétique selon lequel l'homme vivant en société pourrait se passer des lois s'il était guidé par des désirs le poussant à agir rationnellement. « «Si les hommes étaient ainsi disposés par la Nature qu'ils n'eussent de désir que pour ce qu'enseigne la vraie Raison ». Dans cette optique, la désir des hommes est d'agir selon le Bien commun et non au profit de leurs avantages personnels. Les actes de cet homme altruiste et rationnel que présente Spinoza auraient pour fin la justice envers autrui, c'est-à-dire qu'ils auraient pour but de ne pas porter préjudice aux autres êtres humains. Dès lors, il n'y aurait pas de loi puisque celle-ci a pour principe de contraindre les individus à faire seulement ce qui ne nuit pas à autrui. Comme il n'existerait pas aucun acte de déviance, jamais les hommes n'auraient eu l'idée d'inventer le concept de Loi et encore moins d'en établir.

La vision hypothétique de l'homme proposée par Spinoza s'oppose à celle défendue par Aristote. Dans Les Politiques, le philosophe antique grec montre que toute action humaine est faite en vue d'un certa

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