Introduction
A travers l'analyse de la notion de désir, elle-même directement liée à l'idée que les hommes se font du bonheur, et dans la mesure où le bonheur serait en quelque sorte la résultante de la satisfaction de ce désir - Schopenhauer, philosophe allemand du 19ème siècle, nous livre une vision pessimiste ou négative de la manière dont sont organisés les désirs humains. Le désir correspond essentiellement, à travers la conception qu'il nous en présente, à un manque que les hommes ne pourraient jamais combler. Pour trouver le bonheur, il faudrait renoncer aux désirs, jamais satisfaits, toujours renouvelés. Le caractére insatiable du désir l'annule en effet comme condition de possibilité du bonheur.
Dans le premier moment de ce texte, Schopenhauer explique que le désir est une sorte de moteur à travers lequel, par la satisfaction de ce désir, nous pourrions accéder au bonheur. Mais il n'en est rien, puisque la satisfaction du désir, provoquant la disparition de ce désir, provoque en même temps la disparition du bonheur qui aurait pu résulter de cette satisfaction. Dans un second temps, le philosophe allemand explicite la thèse selon laquelle le désir, orienté vers la "conquête" d'un bien, n'aboutit jamais, contrairement à ce que l'on pouvait espérer, à la possession véritable de ce bien. Le désir est essentiellement défini, dans ce passage du texte, comme "besoin", lequel est lié à une "douleur". Schopenhauer en conclut, dans un troisième moment, que le désir, parce qu'il est fondamentalement lié à un manque, ne peut en aucun cas être lié à un plaisir : il ne représente que le symptôme d'un manque ontologique, c'est-à-dire constitutif de l'essence même de l'homme, lui-même associé à une souffrance. Le seul bonheur que nous puissions expérer, c'est celui que nous procure la cessation des souffrances.
Partie I
Schopenhauer n'établit pas de distinction véritable entre la satisfaction et le bonheur, et ne semble pas s'embarrasser, par conséquent, de ce qui les différencie. Traditionnellement en effet, dans l'histoire de la philosophie, la satisfaction est un état transitoire, non durable, que procure la réalisation de certains désirs, la concrétisation de certains espoirs, mais qui ne suffisent pas à construire un bonheur véritable, même s'ils peuvent contribuer à ce bonheur. En outre, le bonheur est considéré comme un état durable, auquel seul, d'après Aristote ou d'après Platon, le philosophe pouvait prétendre accéder. Le bonh