Le réel est ce qui existe effectivement, ce qui n’est pas le fruit de notre imagination. La conscience du réel peut cependant être faussée, étant donné que la conscience est le propre de l’être humain, et que chaque être humain va avoir sa propre « conscience du réel », selon son vécu , selon le moment aussi. La conscience du réel peut donc ainsi s’opposer au réel même. Se trouvant confrontée aux œuvres d’Art, notre conscience va forcément être influencée par notre propre sensibilité, par nos propres souvenirs. Notre conscience du réel va-t-elle pour autant en être modifiée ? Nous allons tenter de répondre en voyant, dans une première partie, ce qui, dans l’Art, nous rappelle la réalité, et dans un deuxième temps, en quoi la confrontation aux œuvres d’Art, pourrait modifier notre perception du réel.
Remarque sur le plan: pour ce sujet qui appelle une réponse affirmative, le mieux est un plan en deux parties (puisqu’il n’y a pas à faire le plan thèse/anti-thèse/synthèse).
I. La part de réel dans l’Art
1. L’Art est avant tout un travail, ou l’homme se contemple lui même dans la transformation de la nature , de la matière , et le travail concerne la plupart d’entre nous. Selon Nietzsche, , entre le travail et l’ennui, il existe un troisième état, s’apparentant au jeu,et cet état est celui qui génère entre autres des artistes. De là à dire qu’un artiste sommeille en chacun de nous, il n’y a qu’un pas, ou tout du moins une âme d’artiste.
2. L’Art représente la réalité :portraits, paysages, en ce qui concerne la peinture. Description de la réalité dans les romans naturalistes/réalistes, au cinéma. Les peintures psychologiques dressées par Maupassant, ou encore la misère noire décrite dans les romans de Zola , correspondent à la réalité, que ce soit la notre, ou celle d’autres hommes. On pleure devant un film dramatique, on s’identifie aux personnages, leurs problèmes sont les nôtres, et correspondent à ce qu’on vit plus ou moins au quotidien.
3. Les objets d’Art sont réels , ils existent bel et bien , on peut les toucher : sculptures, livres, tableaux. Il est donc impossible de nier leur réalité.
II. Pour quelles raisons l’Art peut transformer notre conscience du réel ?
1. L’Art est en effet un travail,, mais confronté à l’œuvre d’Art le spectateur va se retrouver à la fois confronté à la sensibilité de l’Artiste, qui y aura laissé son empreinte, mais également à sa propre sensibilité. En effet,une œuvre d’art va émouvoir parce qu’elle touche en nous une corde sensible, nous rappelle un souvenir, ou interpelle notre imaginaire. Or, nous avons vu que ce qui est réel ne peut être le fruit de notre imagination. Et concernant les souvenirs, nous savons que la perception que nous en avons est déformée : a peine un moment est il passé, que nous devenons incapable de le « ressentir » tel que nous l’avons effectivement vécu.
2. L’art dépeint la réalité, mais n’est qu’une représentation de la réalité, un portrait ne sera que l’image d’un modèle, et non le modèle lui-même. Quant aux romans réalistes, ils dépeignent la réalité, mais ne sont pas la réalité. Il s’agit de fictions, de personnages créés de toutes pièces, auxquels nous avons tendance à nous identifier selon nos « affinités » avec l’un d’eux. Cette impression de « réel » peut nous conduire à travestir notre perception de la réalité, à transformer nos souvenirs en les calquant sur la vie de notre personnage préféré.
3. On peut toucher les objets d’Art, preuve de leur réalité, cependant ces objets peuvent représenter des choses abstraites, qui n’existent donc pas dans la réalité. Dans l’art abstrait, l’émotion ressentie peut être liée aux formes, aux couleurs, ou encore à l’histoire de l’artiste, ou de l’œuvre. Mais il n’y a là aucune forme d’ancrage dans la réalité.
Conclusion
Il existe bien une part de réel dans l’Art, si l’on s’en réfère à l’apparence, à la réalité des objets d’art, et au travail fourni. Cependant une œuvre d’art ne laissant pas, par définition, insensible, elle va faire appel à l’imaginaire du spectateur, dans le cas de l’art abstrait, ou encore lui rappeler des souvenirs, dans les autres formes d’art réalistes. L’homme confronté aux œuvres d’art va ainsi mêler imaginaire et réalité, et sa conception du réel va s’en trouver modifiée, à son insu.