Nécessité morale d'affirmer la liberté humaine et impossibilité de nier l'existence des déterminismes conduisent inéluctablement à un paradoxe que Descartes, un des philosophes les plus remarquables du 17eme siècle, tente de résoudre dans ce texte en situant la liberté dans l'exercice raisonné de la volonté. Sa démarche philosophique profondément rationnelle basée sur le doute radical et méthodique se fonde ainsi sur une première évidence métaphysique, formule célèbre du Cogito promise à une glorieuse postérité : « Je pense donc je suis ».
Cet extrait s'articule autour de deux phases distinctes du raisonnement : Après avoir clarifié le concept d'indifférence positive, Descartes élargit son champ d'application en affirmant que le libre arbitre consiste non seulement en une capacité d'initiative volontaire destinée à s'extraire de l'indétermination, mais également en la faculté de se dégager des déterminismes moraux.
I. Qu'est-ce qui définit le libre-arbitre ?
La notion d'indifférence négative recouvre selon Descartes l'ensemble des cas où l'homme est libre de décider sans y être déterminé par aucun motif ni mobile. Cette impartialité qui conduit à l'hésitation doit donc selon lui être levée par la volonté.
Selon l'auteur, l'homme qui se trouve face à un choix réel, c'est à dire lorsque son juge-ment n'est pas explicitement guidé par l'évidence, ne peut décider qu'en faisant l'usage de sa volonté : cet argument de bon sens se justifie par l'expérience collective. Toutefois, il convient de ne pas entendre par évidence un présupposé non démontré immédiatement accessible à la conscience, ce qui conduirait à un paradoxe puisque l'évident serait alors ce qu'il y a de plus irrationnel. Au sens cartésien, l'évidence réside au contraire dans l'aboutissement du raisonnement méthodique, pur produit de notre entendement, et non dans le préjugé qui s'impose à nous en dehors de toute démonstration ou dans des « syllogismes probables ». On retrouve ici la démarche de l'auteur qui consiste à n'admettre comme vérité que ce que la raison indépendante démontre. Toutefois, l'entendement consistant en l'exercice de la raison et du jugement basé sur des connaissances, ce dernier se trouve inévitablement limité. Lorsque l'entendement ne désigne aucune des possibilités d'un choix comme vraie ou conforme à l'idée de Bien, alors l'homme se trouve dans une situation d'indétermination. Selon Des-cartes, la volonté est l'unique moyen de s'en extraire, idée qu'il exprime é