Henri Beyle ou Stendhal publie son premier roman majeur Le Rouge et le Noir en 1830. Oscillant entre le romantisme et le réalisme, l’auteur met beaucoup de lui-même dans ses œuvres comme son bonapartisme assumé, son rejet de la religion et des privilèges accordés aux plus riches. Dans son roman d’apprentissage, Stendhal met en scène un héros moderne, inspiré par un fait divers, l’affaire Berthet, mais le travail du romancier est indéniable sur l’esthétique et les valeurs du héros.
Le texte soumis à notre étude est le dernier chapitre de la partie I du roman. Il s’agit de la dernière nuit entre Mme de Rênal et Julien avant son départ pour la capitale. Comment l’auteur parvient-il ici à faire transparaître le tempérament héroïque de nos deux protagonistes tout en rendant cette scène comique ? Nous verrons tout d’abord le caractère héroïque de cette scène et nous étudierons ensuite le comique de la scène.
I. Caractère héroïque de la scène
a) Héroïsme de Louise
Louise de Rênal n’est pas une simple bourgeoise, c’est une femme héroïque.
En effet elle ne correspond pas aux codes traditionnels de la bourgeoisie : c’est une femme courageuse et qui sait prendre des risques et des initiatives. Elle a évoluée entre le début de sa relation adultère avec Julien où elle était toute tremblante et effrayée et maintenant où elle s’affirme. En effet, Louise possède un « grand caractère » (l.2) et son amant pense que « même à Paris » (l.1) il n’en trouvera pas une aussi caractérielle. Cela ne correspond pas aux codes de la bourgeoisie traditionnelle. De plus « elle avait horreur de parler sérieusement » (l.6), or une bourgeoise se doit d’être sérieuse.
C’est aussi une femme courageuse comme en témoigne les expressions « le vrai courage » (l.3) « son sang-froid redoubla » (l.15) ; elle est prête à tout pour sauver Julien jusqu’à perdre son honneur si son mari la surprend en délit d’adultère. Cependant « elle ne répondait nullement à son mari » (l.23/24), elle le délaisse pour embrasser son amant. Mme de Rênal est aussi audacieuse comme on peut le voir avec la métaphore « elle était l’imprudence même » (l.19).
b) Amour entre les deux protagonistes
Nos deux protagonistes sont ravis et heureux de se retrouver (après 14 mois de séparation suite au séminaire de Julien) comme en témoigne les superlatifs « la plus vive passion » (l.1) « si belle » (l.1) « [i]un plus gr