Choisit-on d'être celui que l'on est ?

Une copie entièrement rédigée pour un devoir en classe effectué en trois heures.

Dernière mise à jour : 05/06/2022 • Proposé par: pauline (élève)

« Le Moi n’est pas maître dans sa propre maison » ; telle est la thèse que Sigmund Freud, père fondateur de la psychanalyse moderne défend dans la plupart de ses ouvrages sur le sujet. A priori, l’homme est libre de ses pensées et de ses actions, il est le seul responsable de ce qu’il est et de ce qu’il devient.
Cependant, il est légitime de se demander si cela est véritablement le cas, sommes-nous réellement les maîtres de nos pensées et de nos actions, n’y a-t-il pas de déterminismes biologiques ou sociaux qui construisent une grande partie de qui l’on est ?

Le sujet nous permet de nous questionner sur le rôle que joue le « je » dans le choix d’être celui que l’on est. L’enjeu du sujet est alors de se questionner sur ce que représente le choix dans ce contexte particulier et si l’on en possède la totale maîtrise. Afin de répondre à cette question, nous allons voir dans un premier temps que le choix est une décision consciente prise en connaissance de cause, l’homme étant capable de prendre des décisions, cela impliquerait que nous choisissons qui l’on est ; dans un deuxième temps nous nous demanderons si cela est réellement un choix si les différentes mécaniques qui nous poussent à faire ce-dit choix nous sont obscurs ou inconnus, car ils se déroulent dans l’inconscient ; finalement, dans un troisième temps nous verrons qu’un choix n’a pas à être entièrement conscient, nous pouvons prendre des décisions sans avoir connaissance d’un certain nombre d’éléments, de plus, nous avons à notre disposition de nombreux outils nous permettant d’avoir des connaissances plus vastes de notre inconscient.

I. Le choix est une décision consciente prise en connaissance de cause

Tout d’abord, le choix est une décision consciente, cela insinue que la décision est connue de nous et prise en connaissance de cause. L’homme étant libre de pensée et d’action il a la capacité de faire les choix qu’il désire et en est le seul et unique responsable. L’homme possède en théorie un certain contrôle sur sa vie, qu’il exerce et exprime de manière quotidienne, ce qui permet d’affirmer qu’il le choisit.

Premièrement, l’homme est en effet libre de pensée et d’action ce qui amène à dire que ce dernier est responsable de ses choix. Le choix en revanche est nécessairement régi par la pensée consciente ; aucun choix ne peut être sans réflexion précédente. En effet, ce phénomène de choix autonome, régi par la conscience et le questionnement, défiant quelques fois l’autorité, qu’elle soit parentale ou autre, se retrouve dans l’adolescence qui en est l’exemple le plus parlant. Le besoin de « choisir » ce que l’on veut être se ressent grandement à cet âge ; cela s’explique très simplement par le fait que l’enfant ne choisit pas pour lui-même, ses choix sont régis par la volonté de ses parents et leur notion de ce qui est bien pour leur enfant. L’adolescent qui se retrouve alors dans une phase de différenciation et qui a besoin d’exprimer sa propre identité rejette alors celle que ses parents lui avaient « crées » et prend des décisions qui lui permettent de se trouver et de devenir un individu à part entière avec la sensation d’avoir le choix et le contrôle sur qui il est et qui il deviendra.

Deuxièmement, l’homme possède dans la théorie une capacité de choix bien réelle. En effet, nous tous autant que nous sommes prenons quotidiennement des décisions qui nous permettent d’affirmer et de choisir qui nous sommes. Prenons par exemple l’apparence ; cette dernière est intimement liée avec notre identité et ne cesse de gagner en importance surtout dans la société de nos jours. Tous les jours nous prenons la décision de mettre tel ou tel vêtement, telle ou telle couleur, de nous coiffer et nous maquiller ou pas d’une certaine manière. Toutes ces décisions aussi infimes paraissent-elles, sont en réalité une expression du soi et de sa personnalité. Ces choix sont conscients et peuvent-être d’une grande complexité (par exemple pour un grand événement tel qu’un mariage ou un entretien d’embauche) cela voudrait donc dire que l’homme choisit qui il veut être, car il a la capacité de prendre ces décisions.

Cependant, cela pose une question ; les choix pris au quotidien qui permettent de choisir et d’affirmer qui l’on est sont-ils réellement des choix ? En effet, un choix est une décision consciente d’un individu or la décision prise est-elle consciente, sommes-nous même conscients de prendre une décision ?

II. Mais l'inconscient remet en cause la réelle conscience de nos choix

Ensuite, avec la découverte de l’inconscient psychique par Freud la question du déterminisme et de l’inconscient peut se poser dans la manière de faire un choix ou même dans le choix lui-même. Freud démontre en effet la présence du refoulé, une partie entière de notre psychisme qui nous est plus qu’obscurs ; cette découverte met aussi en relief le rôle que les déterminismes culturels et sociaux ont à jouer dans la prise d’une décision par un individu. Également, nous pouvons aussi nous poser la question sur la maladie mentale ainsi que sur l’inconscient biologique et comment ces derniers peuvent potentiellement impacter les décisions et la construction psychologique de quelqu’un.

D’abord, il faut se pencher sur la notion de refoulé qui découle de la découverte de Freud de l’inconscient psychologique. Le refoulé est une grande partie de notre psychique dont nous n’avons pas conscience ; nous ne savons pas ce qui s’y trouve ni pourquoi. Freud a démontré à l’aide de nombreux travaux que ce qui se trouve dans le refoulé joue souvent un rôle aussi important qu’il nous est inconnu dans la prise de décision surtout lorsque celle-ci ne semble pas faire sens. Dans cette optique-ci nous pouvons nous demander en quoi le choix pris est alors notre et en jusqu’où nous l’avons véritablement choisi. En effet, même si nous prenons la décision si les mécanismes qui nous conduisent à la prendre nous sont complètement inconnus, comment savoir si nous avons pris la décision par nous-mêmes et si cette décision servira les intérêts qu’elle était censée servie. Freud a également démontré qu’une décision qui peut sembler absurde peut être expliquée par ce qui se trouve dans notre inconscient ; cela veut-il donc dire que les décisions que nous prenons sont faites à cause d’événements ou de choses obscurs à nous même ?

Cela étant, la question des différents déterminismes se pose ; prenons-nous nos décisions par volonté d’être qui l’on veut, par nécessité, par obligation ou parce que nous ne connaissons pas d’autres moyens que celui-ci. Les différents déterminismes pouvant impacter sur une décision personnelle sont le déterminisme social et culturel. Le déterminisme social peut nous entraver dans une certaine pensée et si l’on n’en sort pas pouvons nous dire que nos choix sont personnels et ont pour but d’être qui l’on veut ou sont simplement la continuité d’un apprentissage dont nous pensons être maître alors que nous nous contentons passivement de suivre une route toute tracée dans quel cas nous ne choisirions pas d’être qui l’on est, mais nous choisirions d’être celui qu’il nous est donné d’être par notre milieu social et familial.

Dernièrement, nous pouvons nous demander si dans la maladie mentale ainsi que dans le déterminisme biologique le choix d’être qui l’on est est toujours présent. La maladie mentale est vue comme une entrave à beaucoup de libertés. En effet, beaucoup de personnes souffrantes de maladies mentales quelques soient sont nécessites des adaptations dans la vie de tous les jours, ces derniers ne pouvant souvent pas fonctionner seuls. Aussi, dans le cadre d’une maladie mentale, la vision du monde est complètement déviée par la maladie, le patient verra le monde à travers sa maladie, tout comme quelqu’un de pessimiste ou d’optimiste, mais cela impactera beaucoup plus sa personnalité. Dans ces cas les patients sont-ils maîtres de qui ils sont ou sont-ils déterminés par leur maladie qui les conditionne à penser, à vouloir ou à être certaines choses. Les décisions prises par ces dernières sont-elles alors prises par elles-mêmes dans l’optique d’être qui ils veulent ou sont-elles prises par la maladie dans une optique tout à fait autre ? La question de l’inconscient biologique peut également se poser dans la prise de décision. En effet, il a été prouvé par des neurobiologistes que la prise de décisions survient dans l’inconscient avant même que le besoin de prendre la décision atteigne le conscient. Dans ce cas-là jusqu’où prenons-nous nos décisions par nous-mêmes et ne sont-elles pas toutes déjà prises pour nous par une entité qui nous contrôle ; notre inconscient.

Mais n’existe-t-il pas tout de même des moyens de se libérer de ces déterminismes et de connaître plus amplement son inconscient afin de pouvoir prendre des décisions conscientes, réfléchies et choisies par nous-mêmes afin d’être qui l’on veut.

III. Un choix n'a pas à être pleinement conscient, même si des outils nous y aident

Finalement, il serait judicieux de se demander si une décision nécessite une pleine conscience de ses causes pour pouvoir la revendiquer comme notre et comme servant nos intérêts. De plus, il existe diverses méthodes nous permettant d’avoir une plus vaste connaissance de notre inconscient et ainsi d’avoir une main prise sur la décision future.

D’abord, la connaissance totale des causes d’une décision est-elle absolument nécessaire pour pouvoir dire que cette décision est notre et uniquement notre et qu’elle sert notre propre et seul intérêt. Tous les jours nous prenons un nombre significatif de décisions sans connaître forcément les causes de ces décisions. Alors, je pense qu’il est légitime de dire qu’une pleine conscience des différentes raisons de la prise de décision n’est pas nécessaire pour que nous en soyons les seuls responsables, donc malgré les mécanismes obscurs de l’inconscient nous sommes toujours les seuls maîtres de notre comportement, de nos choix et de nos actions.

De plus, il existe aujourd’hui grâce au travail de nombreux psychiatres des méthodes diverses et variées permettant de naviguer notre inconscient pour en comprendre plus vastement les ressorts et mécanismes de ce qu’il s’y passe et pourquoi cela s’y passe. En effet, aujourd’hui nous avons presque tous accès à un psychiatre ou un psychologue qui peut pratiquer une psychanalyse, de l’hypnose ou encore de l’EMDR. Ces trois méthodes permettent d’accéder de différentes manières à l’inconscient psychique d’un patient et ainsi d’en obtenir les mécanismes et de nous permettre par la même occasion d’avoir une plus grande emprise sur nous même et sur nos décisions.

Donc, il est possible d’avoir une emprise sur ce qui influe sur nos décisions, il est donc possible d’influer sur nos décisions et ainsi nous sommes les maîtres de ces dernières.

Conclusion

Pour conclure, nous avons vu que la prise de décision afin d’être qui l’on veut est consciente et voulue et découle d’une liberté de penser et d’être, nous avons aussi vu jusqu’à quel point nos décisions étaient affectées par les différents déterminismes, par le profil psychiatrique, par la chimie même de notre cerveau. Nous avons également vu comment se libérer de ces différents déterminismes et comment prendre plus ample connaissance de ce qui nous est inconnu en nous. Donc, nous choisissons qui nous sommes ; malgré les différents déterminismes qui nous entravent de manières indéniables dans nos prises de décisions, nous avons toujours la liberté de prendre la décision voulue même si elle est orientée ou influencée par les mécanismes inconscients.

Tout comme quelqu’un choisit librement sa tenue vestimentaire, sa coupe de cheveux ou bien d’autres aspects simplistes de la vie, l’on choisit tous qui l’on est, nous avons tous la possibilité de changer, de mûrir dans de nombreuses directions qui nous permettront de devenir la personne que nous voulons être. Aussi si nous ne choisissions pas qui nous étions à quoi bon rimerait-il de continuer à prendre des choix plutôt que de laisser quelqu’un les prendre pour nous. L’optique de pouvoir choisir qui nous sommes ou tout du moins d’y croire est rassurant pour l’humain.