Choisit-on de devenir celui que l'on est ?

Une copie entièrement retranscrite d'un élève

Dernière mise à jour : 16/03/2021 • Proposé par: micky51 (élève)

« S’instruire ? C’est apprendre à diviser les choses, en choses qui dépendent de nous, et en choses qui n’en dépendent pas. » Cette impérieuse et récurrente nécessité stoïcienne nous invite à nous interroger sur chacun des éléments qui s’imposent à notre conscience. Or, un des éléments primordiaux que notre conscience rencontre, n’est-ce pas nous-même ? Ainsi, il va de soi de se demander si ce que nous sommes et ce que nous devenons chaque jour dépend ou non de nos choix et si ces choix ne sont pas illusoires car dépendant d’une autre instance que celle du « moi ». Encore faudrait-il connaître ce « moi » qui choisit ou a l’impression de choisir. De plus, puisque nous sommes des êtres en devenir et que ce devenir implique une métamorphose (devenir, c’est commencer à être ce que l’on n’était pas), faut-il considérer ce que l’on devient comme un enchaînement logique d’évènements découlant de notre essence ou bien estimer que l’existence est un déploiement de choix absolument libres qui façonnent notre essence. En d’autres termes, devient-on ce que l’on est ou est-on ce que l’on devient ?
Une fatalité intervient-elle sur notre destin ou sommes-nous maîtres de nous-même, entièrement libres de forger notre avenir ?
A l’heure où coachs et managers sont vedettes, où les théories se multiplient pour vous expliquer qu’il y a au fond de vous un winner et un loser et comment vous pouvez grâce à un programme soigneusement mis au point devenir le winner, le self-made-man exalté par le modèle américain, chacun a pourtant un jour ou l’autre subit un échec devant lequel il s’est senti impuissant. Autrement dit, chacun a fait l’expérience de ne pas pouvoir faire, être ou devenir ce qu’il avait voulu, choisi, tenté. C’est pourquoi on peut se demander ce qui nous détermine mais aussi ce qui détermine nos choix puisque nous passons notre vie à effectuer des choix.

L’une des premières réponses apportées au questionnement sur le destin des hommes nous vient de la tragédie antique qui traduit la pensée déterministe. Ce principe postule notre impuissance face à un destin qui nous dépasse quel que soit nos actes : le Fatum. Les hommes doivent subir l’emprise de la fatalité qui décide bien avant eux ce qui doit leur arriver. Cet esprit est poussé à son paroxysme lorsque Jean Anouilh reprend l’Antigone de Sophocle qu’il fait précéder d’un prologue dans lequel le chœur vous explique tout ce qui va arriver aux personnages quelle que soit leur résistance vis-à-vis de cette destinée. Cette vision qui consiste à penser que nous ne sommes que les pantins d’un scénario écrit à l’avance peut être rapprochée de la découverte du principe d’explication des sciences qui observe un rapport constant entre les causes et les phénomènes. En effet, si l’on considère que tous les faits sont soumis au déterminisme le plus strict, comment supposer dès lors que nos états psychiques fassent exception à la règle ? D’autant qu’aux déterminismes naturels s’ajoutent les déterminismes sociaux qui ne peuvent échapper à l’observation. Les sciences humaines montrent l’influence de l’enfance et des milieux côtoyés sur un individu. Ces milieux sont schématisés en cercles concentriques de plus en plus vastes (famille, école, lieu d’habitation, nation, religion, civilisation, époque…) qui concourent tous à l’enfermer dans un mode de vie, de pensée. Si les découvertes génétiques ont permis d’expliquer nos caractères biologiques, peut-on dire que notre façon de penser et d’agir est elle aussi inscrite dès notre naissance dans notre patrimoine génétique ? D’autre part, certains gènes ne s’expriment que dans certaines conditions. C’est le cas du gène conditionnant le diabète non-insulino-dépendant qui ne s’exprime que chez les individus en surpoids. Il est alors du ressort de la volonté de cet individu d’équilibrer son alimentation. Notre carte génétique peut alors être considéré comme un terrain favorisant seulement. Du point de vue psychique, il est indéniable que ne sommes pas tous égaux et que chacun possède certaines capacités, certaines qualités, certains défauts, que n’a pas forcément son voisin. Ce terrain qu’Aristote appelle essence ou « quiddité » nous permet de réaliser un certain nombre de chose et en exclut d’autres. En somme, nous possédons plusieurs clés en mains mais savons pertinemment que certaines portes nous sont d’ores et déjà fermées. Il va donc falloir reconnaître les portes que l’on peut ouvrir et choisir notre chemin. Ainsi, « la fatalité jouit d’une certaine élasticité qui s’appelle liberté humaine » comme nous l’explique Baudelaire dans ses Journaux intimes et c’est cette marge de manœuvre (appelée libre-arbitre) qui nous permet de résister à la toute puissance du destin.
Cependant, cette palette de choix n’est-elle pas elle-même une illusion de liberté et ne se réduit-elle pas au fur et à mesure que nous avançons? S’il est vrai que notre sentiment de liberté a trait à nos décisions, sommes-nous vraiment maîtres de celles-ci ? Ne sont-elles pas les conséquences de notre subjectivité, de nos désirs, de nos choix antérieurs, de notre passé ? Nous ne sommes pas toujours conscients des raisons qui nous poussent à faire tel ou tel choix.
Et quand bien même nous le sommes, ces raisons restent des causes extérieures auxquelles notre subjectivité a accordé plus ou moins d’importance. De plus, lorsque je pèse le pour et le contre de telle ou telle décision, la liste des atouts dont la comparaison m’aide à trancher n’est jamais exhaustive. Ainsi, lorsque ma raison donne sa préférence à l’une des issues possibles, ne fait-elle pas que conforter la préférence que j’avais inconsciemment ? Il n’est pas incertain que l’affectivité, l’amour et les passions trouvent toujours une logique fallacieuse pour l’emporter sur elle. C’est ce que La Rochefoucauld nous rappelle dans ses maximes : « l’esprit est toujours la dupe du cœur ». Bien avant lui, Leibniz dans ses Nouveaux Essai sur l’Entendement humain expérimentait cette contrainte interne qu’il appelle « coaction » déterminée par l’action de forces qui nous paraissent étrangères, incontrôlables même, telles que les instincts, les passions et les désirs. Il sent que ce psychisme profond, ces « mobiles » peuvent interagir avec le psychisme rationnel et déterminer une volonté dont on ne me sent pas véritablement l’auteur. Pour Leibniz, la liberté est l’indépendance qui permet de résister à ces mobiles sensibles et de ne pas devenir l’esclave de ce soi qu’on ne contrôle pas. En effet, dérouler jusqu’aux dernières les conséquences de sa nature, est bien plutôt accomplir son destin qu’exprimer sa liberté. Cependant Freud montrera plus tard qu’il est pratiquement illusoire de vouloir maîtriser cette partie inconsciente de nous-même. De plus, mon inconscient fait autant partie de moi que ma conscience et il subit beaucoup moins d’influences extérieures que ma raison. Dès lors qu’il est moins influençable, n’est plus indépendant autrement dit plus libre puisque la liberté est autonomie.
La pensée de Spinoza va encore plus loin, reniant entièrement la liberté de volonté en soulignant qu’« il est de la nature de la raison de concevoir les choses non comme contingentes mais comme nécessaires ». C’est pourquoi il affirme dans le récit de « la pierre qui se croit libre » que les hommes se croient libres car ils sont naïvement conscients de leur volonté et de leurs actions mais ignorants des causes qui les déterminent. La liberté pour l’Homme consiste donc dans la connaissance de toutes les causes qui le poussent à agir. Mais celle-ci est impossible puisque toutes ces causes sont des illusions. En effet, nous n’agirions pas si nous n’avions pas au plus profond de nous l’illusion de l’immortalité ou celle de la liberté comme libre-arbitre.

Cependant, l’affirmation de Spinoza selon laquelle la raison ne peut concevoir les choses comme contingentes, est-elle véritablement fondée ? Comment se ferait-il alors que l’on regrette certains de nos choix ? Si l’on regrette une action, c’est que l’on pense qu’on aurait dû agir autrement. Et estimer qu’on aurait dû agir autrement n’est possible que si l’on était capable d’agir autrement : Nous avons donc la conviction que nous étions donc libre de ne pas faire ce que nous avons fait. Et c’est en analysant ses choix antérieurs et leurs conséquences qu‘un individu se construit. Or, cette analyse n’est possible que si notre raison au moins reconnaît la contingence, c’est à dire le caractère accidentel de l’erreur d’appréciation du choix qu’elle a fait mais qu’elle aurait pu et dû ne pas faire. Cette démonstration tend à prouver la même chose que celle de Descartes sur le même sujet. Il montre que la liberté est une expérience intérieure, une évidence du même type que le cogito. Si je doute, c’est que je suis libre. Et ma liberté consistera à suivre ou à récuser ce qui me détermine : C’est parce que je sais que j’ai le pouvoir de contrebalancer les raisons déterminantes que j’ai la conviction d’être libre. En ce sens il est en mon pouvoir de devenir ce que je suis (ce que préconisent Pindare puis Nietzsche), c’est à dire d’étoffer mon moi intérieur par des actions en adéquation avec cette essence ou d’effectuer une rupture entre ma nature et mes actes car rien ne m’empêche de le faire.
Cependant, les déterministes pourront toujours répondre aux cartésiens que la rupture effectuée est un acte de l’entendement commandé par l’essence du sujet. Néanmoins, cette recherche permanente des causes n’est-elle pas plutôt un refus de la responsabilité des actes que nous commettons? N’est-elle pas une simple parade pour échapper à une liberté contraignante qui exclut la mauvaise foi ? La connaissance de soi étant fallacieuse, les Hommes se réfugient dans la mauvaise foi et nient par là même leur dimension de sujet responsable. La vie humaine est un projet et l’homme est liberté en ce qu’elle a d’irréductible à toute démonstration dans sa réalité. C’est ce que défend l’attitude philosophique dite « existentialiste ».Elle souligne la contingence et la singularité de l’existence. Sartre explique dans la Nausée que « l’existence précède l’essence » et que nous sommes « jetés dans le monde », « seuls et sans excuses ». C’est la négation absolue du déterminisme. En plus de remettre en cause l’essence, l’existentialisme remet en cause des préjugés de son époque. Ainsi, Simone de Beauvoir fait avancer la pensée féministe en affirmant dans Le Deuxième Sexe :« on ne naît pas femme, on le devient » : les jugements de valeur erronés émis par la société sont dû aux préjugés déterministes. Ainsi, si l’on a longtemps considéré qu’il existait une nature immuable de la femme qui lui interdisait par exemple l’accès à certaines professions, cette image traditionnelle a été entièrement forgée par la société et n’a aucun fondement recevable. Nier l’essence contribue à s’impliquer d’avantage dans ses choix, ses actions, ses engagements, considérant que nous en sommes seul responsables. C’est une entreprise de chaque jour contre le fatalité qui, comme le souligne Simone de Beauvoir dans L’Amérique au jour le jour, triomphe dès qu’on croit en elle.

Par ailleurs, la croyance en notre liberté repose sur nos exigences morales. Si l’homme ne croit pas en la liberté, comment pourrions-nous parler de devoir, de responsabilité ? Ainsi, bien avant les existentialistes, Kant avait tenté de redonner un certain sens à la liberté, constatant qu’il s’agissait d’une nécessité universelle exigée par la morale et la raison. Sans nier le déterminisme, il ne le situe pas sur le même plan que la liberté. Il est relatifs aux phénomènes mais ne s’applique pas aux choses en soi (réalité nouménale) qui échappent à la catégorie de la causalité. Ainsi, les actes de l’homme ne peuvent être connus que comme déterminés en tant que phénomènes, par leurs antécédents dans le temps mais ils peuvent être pensés comme libres en tant qu’ils émanent d’un être qui ne se réduit pas à ce qu’on peut en connaître. La conscience de l’homme est au delà de la perception des phénomènes et du déterminisme et ne peut concevoir la causalité de sa volonté propre que sous l’idée de liberté. Cette apparente contradiction est due au fait que l’homme est à la fois être sensible et intelligible. Comme tout phénomène, les choix et les actes peuvent être insérés dans la chaîne de la causalité. Ainsi, si un homme a commis un crime, on trouvera toujours des raisons à ce crime : enfance malheureuse, mauvaises fréquentations… En le déclarant coupable, nous affirmons en fait qu’au moment où il a commis l’acte, il pouvait, malgré son passé ne pas le commettre (libre-arbitre considéré par Descartes) et pourtant rien ne le prouve. De fait, on ne peut pas prouver que l’homme est le libre arbitre de ses choix mais on peut le penser. D’où l’idée que la véritable nature de l’homme n’est pas celle que nous connaissons théoriquement mais l’affirmation de la possibilité d’une liberté transcendante, nouménale. La liberté se fonde sur l’impératif moral : « je dois donc je puis ». En d’autres termes, je suis capable d’agir par une détermination qui ne vienne que de moi puisque la raison ne peut me commander d’obéir à la loi morale que si j’ai la possibilité d’y obéir.
Si l’on reste néanmoins convaincu par le déterminisme et l’incertitude d’une réalité nouménale, il reste encore la solution d’accéder à une liberté intérieure en apprivoisant notre volonté, en l’orientant vers la marge de manœuvre laissée en notre pouvoir. C’est ce que se propose de faire le stoïcisme, s’adaptant à un mi-déterminisme pour mieux avoir l’impression d’y échapper. Epictète explique que désir et aversion ne doivent d’appliquer que sur ce qui dépend de nous. En effet il serait vain de désirer la réputation ou de haïr la mort. C’est à ce prix que l’on peut stoïquement faire la conquête d’une liberté intérieure totalement affranchie des circonstances extérieures. L’autonomie s’affirme par un travail sur ce qui modulable par nous-même, c’est-à-dire notre vision des choses car tenter de moduler le monde extérieur serait vain. Ainsi, « Etre libre, c’est vouloir que les choses arrivent non comme il te plaît mais comme elle arrivent ». Le sage n’oppose plus ses désirs et les choses , et il sait même que les choses qui adviennent ne peuvent être que conformes à ses désirs, puisque tout ce qui vient n’arrive que selon l’ordre universel. Si bien que le sage en vient à proclamer : non seulement j’obéis aux dieux , mais j’approuve. Le phénomène choix n’intervient plus chez le stoïcien dès lors qu’il a choisi de devenir ce que les évènements font de lui. Si Epictète a raison de dissocier les représentations naïves qui identifient la liberté au désir, sa liberté reste abstraite et logé au fond de sa pensée.
Or, la liberté ne nous convie-t-elle pas aussi à déplacer les obstacles pour faire avancer la connaissance humaine, pour se dépasser et transcender sa propre nature. Il est évidemment fréquent lorsque l’on poursuit de tels buts, de subir des échecs. Qu’est-ce qu’un échec ? C’est un choix qui n’aboutit pas comme on le voulait ou pas du premier coup. Cependant, un enfant n’apprend jamais à marcher sans tomber et la persévérance nécessite une forte confiance en soi. Les conséquences d’un choix quel que soit le contrôle qu’on exerce sur celui-ci n’entre pas systématiquement en corrélation avec celles auxquelles on s’attendait. Il est même plutôt rare que nos choix nous mènent vers des chemins que nous avions déjà imaginé. Mais nous suggérons toujours une direction : Si je décide d’aller au cinéma et que j’y fais une rencontre déterminante, d’un côté cette rencontre dépendra d’un concours de circonstances qui a fait que cette personne se trouve là à ce moment là, ce qui ne dépend pas de moi : mais d’un autre côté je ne l’aurai jamais rencontré si je n’avait pas décidé d’aller au cinéma ce jour là. C’est la toute l’ambiguïté de l’énigme qu’est parfois pour nous notre vie. De plus, bien que la connaissance de soi soit impossible, il faut essayer de l’affiner, de l’approcher le plus possible afin de savoir quels sont nos désirs les moins vains. Il faut vouloir être ce que l’on peut être tout en gardant cette idée que l’on peut se surpasser et que ce que l’on croit pouvoir est une estimation qui ne s’avère pas toujours juste voire pas toujours sincère et qu’il faut aller chercher dans le regard d’autrui. Ainsi, on peut tenter d’être son libre-arbitre, même si au fond on ne le sera jamais. On pourra toujours essayer de se rapprocher de la maxime que Pierre de Ronsard énonce dans ses Discours : « Celui qui se connaît est seul maître de soi. »
Le sentiment de liberté, même s’il n’est qu’illusoire est une raison essentielle pour vivre car on défend plus fermement quelque chose que l’on croit avoir choisie.


La question du libre-arbitre est loin d’être résolue par le déterminisme absolu ou par la liberté absolue. Il existe cependant des nuances s’intercalant entre ces deux extrêmes entre lesquelles notre pensée se meut, ne se débarrassant jamais de l’illusion de la fatalité ni de celle du libre-arbitre. Nous percevons l’emprise d’une extériorité sur nous- même. S’agit-il d’un inexorable destin, détenu par une Providence ? S’il existe, à quel stade de notre devenir intervient-il : en déterminant génétiquement et socialement notre essence, premier maillon de la chaîne des évènements de notre existence ou bien en déterminant un terrain qui réduit notre champ d’action mais nous laisse une liberté limitée. Ne serait-ce pas cette force inconsciente qui échappe à notre conscience tout en étant partie intégrante de nous-même ou bien toute ces raisons intelligibles qui orientent notre volonté, mettent en balance nos jugements, mais dont nous ne suis peut-être pas la source. Nous avons pourtant en notre intériorité la conviction d’être libre parce que nous sommes confrontés au doute et à la contingence. Après tout, le déterminisme n’est-il pas une excuse que nous nous donnons pour fuir la responsabilité ? L’existence ne précède-t-elle pas l’essence. S’il est difficile de trancher pour savoir qui de l’existence ou de l’essence précède l’autre, c’est peut-être parce qu’elle appartiennent à des plans différents. Je ne peux pas prouver que je me choisis, mais moralement, je dois le penser. Ou alors, la liberté n’est pas une réalité supérieure mais un acte intérieur par lequel je choisis de marier ma volonté et ma destinée. Mais alors ma liberté ne devient-elle pas trop abstraite pour être effective ? En fait, la liberté tout comme ses échecs et ses imprévus est une expérience quotidienne par laquelle nous essayons de nous choisir le moins mal possible c’est à dire en appelant à la connaissance de soi (de ce que l’on peut et de ce que l’on veut) la moins mauvaise, celle qui nous permettra de nous diriger vers notre idéal, cette raison de vivre.
Une telle expérience philosophique n’est jamais anodine. Surtout lorsque l’on est novice en la matière et l’on ne peut empêcher de voir émerger en son esprit quelques représentations saugrenues. C’est d’ailleurs en temps que novice (que l’on pourra excuser d’une petite entorse aux interdits de la dissertation) que j’ai fait l’audacieux choix de succomber à la tentation de faire part de cette pensée imprévisible qui a fleuri dans mon esprit abreuvé de toutes ces expériences et rencontres philosophiques. Il me semblerait donc le « moi » soit un jardin. Un jardin unique que toute sa vie l’on doit apprivoiser. La terre de ce jardin est propice à la culture de certaines plantes. Il faut sonder cette terre, la connaître, s’en accommoder, l’arroser de nos efforts et en prendre soin si l’on désire que la végétation s’y épanouisse. Tandis que l’inconscient se manifeste sous forme de fleurs sauvages et mauvaises herbes, la conscience, vous l’avez compris, c’est le jardinier qui, saison après saison, fait exister ce jardin en y semant les choix, petites graines qui germent dans nos vies.