Stendhal, Le Rouge et le Noir - Livre II, chapitre 2: Rencontre Mlle de La Mole

Devoir maison réalisé pour préparer le bac de français. Note obtenue: 14,5/20.

Dernière mise à jour : 20/02/2022 • Proposé par: vinted16 (élève)

Texte étudié

Un joli jeune homme, avec des moustaches, très pâle et très élancé, entra vers les six heures et demie ; il avait une tête fort petite.

— Vous vous ferez toujours attendre, dit la marquise, à laquelle il baisait la main.

Julien comprit que c’était le comte de La Mole. Il le trouva charmant dès le premier abord.

Est-il possible, se dit-il, que ce soit là l’homme dont les plaisanteries offensantes doivent me chasser de cette maison !

À force d’examiner le comte Norbert, Julien remarqua qu’il était en bottes et en éperons ; et moi je dois être en souliers, apparemment comme inférieur. On se mit à table. Julien entendit la marquise qui disait un mot sévère, en élevant un peu la voix. Presque en même temps il aperçut une jeune personne, extrêmement blonde et fort bien faite, qui vint s’asseoir vis-à-vis de lui. Elle ne lui plut point ; cependant en la regardant attentivement, il pensa qu’il n’avait jamais vu des yeux aussi beaux ; mais ils annonçaient une grande froideur d’âme. Par la suite, Julien trouva qu’ils avaient l’expression de l’ennui qui examine, mais qui se souvient de l’obligation d’être imposant. Mme de Rênal avait cependant de bien beaux yeux, se disait-il, le monde lui en faisait compliment ; mais ils n’avaient rien de commun avec ceux-ci. Julien n’avait pas assez d’usage pour distinguer que c’était du feu de la saillie que brillaient de temps en temps les yeux de Mlle Mathilde, c’est ainsi qu’il l’entendit nommer.

Quand les yeux de Mme de Rênal s’animaient, c’était du feu des passions, ou par l’effet d’une indignation généreuse au récit de quelque action méchante. Vers la fin du repas, Julien trouva un mot pour exprimer le genre de beauté des yeux de Mlle de La Mole : Ils sont scintillants, se dit-il. Du reste, elle ressemblait cruellement à sa mère, qui lui déplaisait de plus en plus, et il cessa de la regarder. En revanche, le comte Norbert lui semblait admirable de tous points. Julien était tellement séduit, qu’il n’eut pas l’idée d’en être jaloux et de le haïr, parce qu’il était plus riche et plus noble que lui.

Stendhal, Le Rouge et le Noir - Livre II, chapitre 2

Le Rouge et le Noir est un roman paru en 1830. Il apparaît lors du mouvement du réalisme. Ce roman est écrit par Stendhal, qui est un écrivain romancier français célèbre. Ce roman met en avant la diversité des classes sociales. Dans l’extrait analysé, nous assistons à une scène de première rencontre entre Mlle de la Mole et Julien. Mlle de la Mole, du nom de Mathilde est la fille du Marquis de la Molle. Elle est décrite comme étant une fille séduisante. Nous allons voir, dans quelle mesure, se fait la rencontre entre ces deux protagonistes.

Dans un premier temps, nous allons voir de quelle manière se fait l’apparition de Mlle de la Mole et du comte Norbert. Dans un deuxième temps, nous allons voir la comparaison qui existe entre Mlle de la Mole et Mme de Rênal et comment Julien décrit Mlle de la Mole. Pour finir, dans un dernier temps, nous allons voir que Julien se désintéresse de Mlle de la Mole, mais est admiratif face au comte de la Mole.

I. Une apparition de Mlle de la Mole remarquée

Tout d’abord, l’apparition de Mlle de la Mole et du comte Norbert se fait de manière remarquée. « Il le trouva charmant dès le premier abord » ( L.156 - L.157 ). Le pronom personnel « Il » fait référence au comte de la Mole. De plus le verbe est conjugué au passé simple, cela montre donc que Julien l’a analysé de manière brève, mais efficace. Ensuite « dès le premier abord » est une locution adverbiale. Elle vient insister sur le jugement qu’a porté Julien en voyant le comte de la Mole. En effet, Julien remarque le comte de la Mole de part son charme, mais également à sa façon de s’habiller. « À force d’examiner le comte Norbert » (L.156). « À force de » est une locution prépositionnelle.

Ça exprime une action répétée faite par Julien avec une certaine insistance de sa part. Le verbe « examiner » est un verbe transitif. Il accentue le fait que l’analyse de Julien se fait de manière précise et minutieuse. « il aperçut une jeune personne extrêmement blonde et fort bien faite » ( L.164 - L.165 ). Le verbe « aperçut » est conjugué au passé simple. Il montre que l’action de Julien est rapide et brève. Une description se fait à l’égard de la femme. En effet, Julien l’a décrit. Avec l’adverbe « extrêmement » avant le nom commun « blonde » cela insiste sur sa couleur de cheveux est de façon très intensifiée. « fort bien faite », l’adjectif « fort » vient appuyer sur les caractères physiques de la femme.

Après avoir analysé le comte Norbert, Julien va s’intéresser à Mathilde tout en parlant de Mme de Rênal.

II. Une comparaison de Mlle de la Mole avec Mme de Rênal

En effet, Julien introduit Mme de Rênal, son nom apparaît dès le début de la première phrase. En effet, on peut voir qu’il la compare à Mlle de la Mole. « Mme de Rênal avait cependant de bien beaux yeux » ( L.170 ). L’adverbe « cependant » exprime une opposition, bien que Mlle de la Mole possède de beaux yeux, ceux de Mme de Rênal sont quant à eux encore plus beaux. Cette phrase à un côté mélioratif. En revanche la phrase suivante est séparée par un point-virgule et a une connotation péjorative « le monde lui en faisait compliment; mais ils n’avaient rien de commun avec ceux-ci » ( L.170 - L.171 ). La conjonction « ,mais » va avoir pour d’indiquer l’opposition émise par Julien. Dans la phrase suivante les verbes sont conjugués à l’imparfait : « n’avait » ( L.172 ) « c’était » ( L.173 ) et «  brillaient » ( L.173 ). Chacun de ces verbes ont un rôle descriptif.

De plus, on peut voir qu’il y a un lien entre le regard de Mlle de la Mole et celui de Mme de Rênal. En effet, elles ont toutes les deux un regarde que l’on arrive à comprendre. Julien décrit le regard de Mlle de la Mole comme étant « c’était du feu de la saillie qui brillait de temps en temps les yeux de Mlle Mathilde » ( L.173 - L.174 ). Le regard de Mme de Rênal est décrit de manière plus précise « Quand les yeux de Mme de Rênal s’animaient, c’était du feu des passions, ou par l’effet d’une indignation généreuse au récit de quelque action méchante » ( L.174 - L.175 ).

Julien a beaucoup été intrigué par Mathilde, mais va très vite s’en lasser.

III. Une admiration du comte de la Mole

Pour finir, on peut voir que Julien se désintéresse de Mathilde et éprouve un sentiment d’admiration à l’égard du comte de la Mole. En effet, « Julien comprit que c’était le comte de la Mole » ( L.156 ). Le verbe « comprit » est conjugué au passé simple. Cela signifie que Julien remarque de manière vive que c’est le comte de la Mole alors qu’ils ne se sont pas présentés. On peut encore mieux voir que Julien donne plus d’importance à l’égard du comte de la Mole dans les lignes suivantes. « Du reste, elle ressemblait cruellement à sa mère, qui lui déplaisait de plus en plus, et il cessa de la regarder. En revanche, le comte Norbert lui semblait admirable de tous points » ( L.179 - L.181 ) . L’adverbe « cruellement » vient renforcer la comparaison entre la mère de Julien et Mlle de la Mole.

Ensuite, « il cessa de la regarder » le verbe est conjugué au passé simple et il montre qu’il arrête de manière brutale de la regarder. On a une locution adverbiale « En revanche ». Il montre le contraste et l’opposition dans les pensées de Julien entre Mlle de la Mole et du comte Norbert. « Le comte Norbert lui semblait admirable de tous points », l’adjectif « admirable »( L.181 ), il appuie sur le fait que Julien éprouve un respect envers le comte Norbert et le trouve remarquable. Avec ce qui suit l’adjectif qualificatif, « de tous points » (L.181) exprime que le comte Norbert est entièrement parfait. « Julien était tellement séduit, qu’il n’eut pas l’idée d’en être jaloux et de la haïr, parce qu’il était plus riche et plus noble que lui » ( L.181-L.183 ). La répétition de l’adverbe « plus » montre la supériorité du comte Norbert. Il y a aussi un autre adverbe qui est « tellement ». Cet adverbe exprime le fait que le comte Norbert plaît à Julien.

Conclusion

En conclusion, au premier abord, Julien n’était pas attiré par Mathilde et lui trouve une ressemblance avec sa mère. Mais il va tout de même se questionner sur cette jeune femme et être pendant un long moment hypnotisé par ses yeux qu’il va comparer avec ceux de Mme de Rênal. En revanche, Julien est en admiration et montre un intérêt plus important pour le comte Norbert et finit par se désintéresser de Mlle de la Mole.

Cette rencontre s’est sans aucune parole, sans aucun contact physique. Tout s’est fait à travers le regard. Cette scène de rencontre plutôt atypique de par son contexte peut être liée au roman de Thérèse Raquin écrit par Émile Zola qui était un romancier français. La scène de première rencontre présente dans ce roman est elle aussi faite sans paroles ni gestes, mais seulement à travers le regard.