Le bonheur se définit souvent en philosophie comme un état de complète satisfaction, dans la philosophie antique, celui-ci se caractérisait même comme étant le but ultime de la vie. C’est une définition qui a souvent été contredite au fil des siècles puisqu’il a été ensuite vu de manière très pessimiste par beaucoup de philosophes. La pensée est souvent jugée comme un obstacle au bonheur, c’est-à-dire au fait d’être heureux, car elle peut amener à une prise de conscience et donc à des regrets par exemple. Nous pouvons alors nous demander qu’est-ce qu’un homme qui ne pense plus et qui par conséquent n’a plus conscience de la vie et du monde qui l’entoure ? Est-il réellement nécessaire de s’abstenir de penser alors que penser nous rend vivants ? Existons-nous encore sans la pensée ? Pouvons-nous être heureux sans avoir pleinement conscience ? N’est-il pas possible de vivre heureux tout en pensant ?
Afin d’étudier cela, nous verrons que la quête du bonheur pourrait impliquer de renoncer de penser, car c’est un moyen de se remémorer de mauvaises choses ou d’angoisser sur celles à venir. Dans un deuxième temps, nous montrerons qu’il est néanmoins impossible d’être heureux sans jamais penser, car l’homme est un être conscient, qui est dans l’incapacité de s’arrêter de penser.
I. Penser aux mauvaises choses empêche d'accéder au bonheur
Trop penser empêcherait l’homme d’être heureux. Alors, s'abstenir de penser afin d’être heureux c'est présupposer que, n'étant pas heureux, il faut s’empêcher de s'en rendre compte. Notre condition est-elle si misérable qu'il faille s'en tenir loin ? L’homme est ce que l’on pourrait appeler un « tonneau percé ». Selon Platon dans son œuvre Gorgias, le tonneau représente l’âme de l’homme. Il existe pour lui deux sortes d’hommes, l’homme tempérant c’est-à-dire quelqu’un de raisonnable et l’homme déréglé désigné comme un homme déraisonnable. L'homme qui adopte un genre de vie raisonnée parvient à remplir le tonneau de vin, de miel et de lait ; il accède ainsi à une certaine paix de l'âme : "une fois ses tonneaux pleins, notre homme n'aurait plus rien à y verser ni à s'en occuper". En revanche, un homme dont le genre de vie serait désordonné se retrouverait dans une situation où il aurait en sa possession des tonneaux percés, ce qui le forcerait à "travailler nuit et jour à les remplir". Ces tonneaux sont une métaphore des désirs : dans le premier cas, ils sont contenus ; dans le second, ils doivent être satisf