Dans la société moderne axée sur la consommation et même la surconsommation, on a tendance à désirer toujours plus. Cependant lorsqu’on accède à l’objet de notre désir, nous ne sommes pas pleinement satisfaits, ce qui nous pousse à désirer autre chose. Les désirs ne cessent donc jamais car ils ne nous satisfont jamais. C’est dans ce contexte où la réalisation de nos désirs ne nous satisfait pas, ce qui nous maintient dans un manque infini et redondant, que nous pouvons nous demander si finalement les désirs ne sont pas la cause, de manière plus globale, de notre malheur, et donc si nous ne devons pas cesser de désirer pour atteindre le bonheur. Faut-il renoncer à nos désirs pour être heureux ?
Être heureux semble en effet être un but que chacun se fixe : avoir une vie heureuse, atteindre une satisfaction pleine et durable. On se demande si renoncer à nos désirs, c’est-à-dire abandonner, refuser de réaliser quelque chose dont on a envie mais qui ne nous serait pas nécessaire pour vivre, est en fait une condition au bonheur. Les désirs empêchent-ils d’être heureux ? Ou bien, au contraire, doit-on réaliser certains désirs pour être heureux ? Est-ce une obligation de renoncer à nos désirs pour atteindre le bonheur ou bien peut-on l’atteindre en réalisant ou pas nos désirs selon des choix personnels et singuliers ? Mais peut-on seulement vivre sans désirer ? Toutes ces questions posent un problème assez clair : on cherche finalement à savoir si nos désirs nous empêchent d’être heureux ou si, au contraire, ils mènent au bonheur.
Pour tenter de répondre à ce problème, nous allons tenter d’examiner trois thèses. Nous allons donc voir, d’abord, en quoi désirer peut être, dans une certaine mesure, à l’origine d’un malheur. Puis nous examinerons pourquoi certains désirs sont nécessaires à notre bonheur. Enfin, nous expliquerons qu’il est humain de désirer, et qu’on ne peut donc pas renoncer à nos désirs, mais que nous pouvons essayer de les maîtriser.
Partie I
On peut dans un premier temps constater, comme dit Rousseau dans la Nouvelle Héloïse, que « la possession de notre objet de désir nous déçoit ». En effet, si l’homme ressent un manque réel de satisfaction, l’objet qui pourrait le combler est uniquement basé sur de l’imaginaire : on s’imagine la satisfaction que nous procurerait la réalisation de notre désir, ou la possession de l’objet du désir ; or cette satisfaction ne coïncide pas toujours avec le réel, ce qui entraîne une déception. Par ex