Ce qui est naturel a-t-il nécessairement une valeur ?

Corrigé synthétique.

Dernière mise à jour : 09/11/2021 • Proposé par: cyberpotache (élève)

Il faut, dit-on volontiers depuis quelque temps "protéger la nature". Sans doute des excès de l'industrialisation ou d'une satisfaction à court terme de besoins humains ont-ils entraîné en effet quelques désastres écologiques déplorables. Mais les regretter, est-ce impliquer l'existence de valeurs dans ce qui a été ainsi détruit ? Ce qui est naturel a-t-il nécessairement une valeur ?

I. Neutralité du naturel

Dans sa reconstitution de l'histoire de l'humanité telle que la propose son Discours sur l'origine et les causes de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau souligne combien la Nature est en elle-même étrangère au Bien et au Mal : pour l'homme initial, elle se manifeste comme un milieu de survie globalement bénéfique, puisqu'il y trouve de quoi subsister sans travail, mais ne produit-elle pas également l'une des premières sources de l'inégalité, à savoir l'inégalité des forces physiques ? La Nature ainsi conçue est indifférente aux valeurs, de quelque domaine qu'elles soient. Ces valeurs, c'est l'homme qui les fera apparaître par ses différentes activités

Un tel point de vue est confirmé par de nombreuses analyses philosophiques. De Hegel affirmant que toute production de l'esprit est par définition supérieure à celles de la nature parce qu'elle porte la marque de la liberté, à Sartre n'accordant aux choses, en particulier naturelles, qu'une existence en soi, brute et dénuée de toute signification, on constate une quasi-unanimité.

Bien entendu, un même point de vue se retrouve chez les économistes : les produits de la nature ne commencent à avoir de la valeur que relativement aux besoins et aux activités humains ; en eux-mêmes, par exemple en l'absence totale de travail, les minerais, les matières premières, les forêts sont dénués de valeur. Tout au plus leur accorde-t-on une valeur potentielle, à partir du moment où on intègre leur existence brute dans un projet d'exploitation défini par l'homme.

II. Toute valeur est relative à une conscience

On peut objecter à de telles analyses qu'elles sont précisément trop liées à une visée d'exploitation du milieu naturel. Leur apparente rationalité ne serait rien d'autre que le reflet de leur collusion avec un intérêt égoïste de l'humanité, ou du moins d'une de ses parties. À la Raison occidentale, telle que la programme la Bible et que l'affirme par exemple Descartes, ne concevant d'autre rapport avec la nature que de maîtrise et de possession, on opposerait alors l'attit

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