Kant, Idée d'une histoire universelle: "L'homme est un animal"

Corrigé d'un sujet type bac technologique.

Dernière mise à jour : 02/11/2021 • Proposé par: cyberpotache (élève)

Texte étudié

L'homme est un "animal", qui, lorsqu'il vit parmi d'autres membres de son espèce, "a besoin d'un maître". Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables, et quoique en tant que créature raisonnable il souhaite une loi qui pose les limites de la liberté de tous, son inclination animale égoïste l'entraîne cependant à faire exception pour lui-même quand il le peut. Il lui faut donc un "maître" pour briser sa volonté particulière, et le forcer à obéir à une volonté universellement valable; par là, chacun peut être libre. Mais où prendra-t-il ce maître ? Nulle part ailleurs que dans l'espèce humaine. Or ce sera lui aussi un animal qui et besoin d'un maître. De quelque façon qu'il s'y prenne, on ne voit pas comment, pour établir la justice publique, il pourrait se trouver un chef qui soit lui-même juste, et cela qu'il le cherche dans une personne unique ou dans un groupe composé d'un certain nombre de personnes choisies à cet effet. Car chacune d'entre elles abusera toujours de sa liberté si elle n'a personne, au-dessus d'elle, qui exerce un pouvoir d'après les lois.

Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique

Un maître est une personne à laquelle on obéit, qui exerce donc un pouvoir sur ceux qu'il dirige. Un maître impose son pouvoir, sa volonté personnelle. Pensez au despote qui impose sa loi à laquelle tous sont soumis. Y a-t-il des maîtres qui n'imposent pas leur volonté personnelle ? Rousseau appelle prince celui qui exerce le pouvoir en faisant respecter la loi choisie par le peuple, loi qui est l'expression de la volonté générale. Le prince est ainsi lui-même soumis à cette loi commune et chargée de la faire respecter (Kant est ici proche de Rousseau).

Le problème est donc de savoir si un homme peut faire abstraction de son égoïsme naturel et désirer durablement le bien public (donc en opposition à l'intérêt particulier). La justice publique correspond à l'ensemble des organisations ou des personnes qui appliquent le droit. II n'y a pas de liberté sans lois.

I. Dégagez l'idée principale et les étapes de l'argumentation

L'idée principale nous est donnée dans la première phrase : "L'homme est un animal qui a besoin d'un maître." La difficulté vient de ce que le maître ne peut jamais être parfait puisqu'il est lui-même un homme, c'est-à- dire "un animal qui a besoin d'un maître". Nous tombons dans un cercle vicieux. Peut-on en sortir ?

Explication de cette thèse :

a) L'homme est à la fois raison, ce qui le fait tendre vers l'universel, et égoïsme, ce qui lui fait considérer son intérêt particulier le premier. II ne faut pas mentir en général, mais en particulier qui n'a pas menti ? C'est aussi ce que Kant appelle "l'insociable sociabilité de l'homme" : l'homme ne se développe qu'en vivant en société et pourtant il a tendance à rentrer en conflit avec ses congénères. Les progrès de l'humanité résultent du conflit de ces tendances : "Remercions donc la nature pour cette humeur non conciliante, pour la vanité rivalisant dans l'envie, pour l'appétit insatiable de possession ou même de domination. Sans cela, toutes les dispositions naturelles excellentes de l'humanité seraient étouffées dans un éternel sommeil."

b) L'homme a donc besoin d'un maître pour lutter contre son égoïsme naturel et agir dans le sens de l'universel. Un obstacle surgit : où trouver ce maître? "Mais où prendra-t-il ce maître ?" La seule réponse sensée est celle-ci: "dans l'espèce humaine". Et l'on sait qu'aucun homme n'est parfait.

c) Conséquence : aucun chef n'est par essence juste, puisque chacun re

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