Introduction
Giraudoux est un auteur du XXè siècle. Diplomate et spécialiste des relations franco-allemandes, il se rend rapidement compte de la menace hitlérienne. Il véhicule le message de la tragédie à travers la relecture d'un célèbre mythe grec : Electre. Il met également en avant le complexe d'Electre, c'est-à-dire la version féminine du complexe d'Œdipe. En effet, celle-ci aime son père Agamemnon, qui fut assassiné par sa mère et son amant il y a 20 ans. Electre voue en retour une haine sans borne à sa mère Clytemnestre.
Ce passage est une tirade de Clytemnestre située à l'acte II scène 8, qui précède la conclusion de la pièce. Clytemnestre avoue la haine qu'elle possède envers son mari, et implicitement l'assassinat, ce qui va précipiter sa perte : en effet, elle meurt lors de la scène suivante.
I. La haine de Clytemnestre envers Agamemnon
a) Un mariage raté
Elle perçoit son mariage comme très violent et contre nature : "du jour où il est venu m'arracher à ma maison". Le terme "arracher" introduit une notion de violence et surtout, un non consentement d'un des deux partis. A l'époque grecque, les mariages n'étaient pas réalisés par consentement mutuel, mais par décision (de la famille, par intérêt...), et organisés en rapt (prévu) de la mariée par son futur époux. Clytemnestre détourne donc une coutume, une tradition, en un acte violent et presque inhumain.
Elle considère ensuite que le mariage est vain : "Inutile, l'eau du bain, sous laquelle je plongeais sa tête, inutile la nuit de faux amour, où je la tirais et l'emmêlais, inutile cet orage de Delphes...". L'anaphore du mot "inutile" confirme bien un mariage qui, pour elle, n'est sans aucun fondement.
b) Une aversion du physique
Elle déteste deux détails physiques de son mari :
- la barbe
- le petit doigt
Elle réduit son mari à ces deux détails dans la presque totalité de la tirade, ce qui est une métonymie dépréciative. La barbe et le petit doigt semblent être les uniques caractéristiques du Roi des rois. On peut constater que ces deux parties du corps sont dérisoires pour une haine farouche.
De plus, elle nous raconte : "et quand dans l'aube il livra à la mort ta sieur Iphigénie, horreur, je voyais aux deux mains le petit doigt se détacher sur le soleil". Sa fille vient d'être sacrifiée pour que la déesse du vent accepte de souffler, et ainsi permettre à la flotte d'Agamemnon de partir, or Clyte