Kant, Logique: apprentissage de la philosophie

Une copie entièrement restranscrite d'un élève de Terminale S. Note obtenue : 14/20.

Dernière mise à jour : 15/09/2021 • Proposé par: Holot2 (élève)

Texte étudié

De façon générale, nul ne peut se nommer philosophe s'il ne peut philosopher. Mais on n'apprend à philosopher que par l'exercice et par l'usage qu'on fait soi-même de sa propre raison. Comment la philosophie se pourrait-elle, même à proprement parler, apprendre? En philosophie, chaque penseur bâtit son oeuvre pour ainsi dire sur les ruines d'une autre ; mais jamais aucune n'est parvenue à devenir inébranlable en toutes ses parties. De là vient qu'on ne peut apprendre à fond la philosophie, puisqu'elle n'existe pas encore. Mais à supposer même qu'il en existât une effectivement, nul de ceux qui l'apprendraient, ne pourraient se dire philosophe, car la connaissance qu'il en aurait demeurerait subjectivement historique. Il en va autrement en mathématiques. Cette science peut, dans une certaine mesure, être apprise ; car ici, les preuves sont tellement évidentes que chacun peut en être convaincu ; et en outre, en raison de son évidence, elle peut être retenue comme une doctrine certaine et stable.

Kant, Logique - Introduction

La philosophie est une discipline scolaire et universitaire qui s’enseigne et qui s’apprend. Aussi ce texte de Kant a-t-il quelque chose de très paradoxal lorsqu’il annonce que « la philosophie ne peut pas s’apprendre » ; d’autant plus qu’il justifie sa thèse en disant que « la philosophie n’existe pas encore ». Comment comprendre cette affirmation, sous la plume de quelqu’un qui est pourtant lui-même considéré comme un grand philosophe. C’est qu’il ne s’agit pas là d’une critique de la philosophie, mais plutôt d’une réflexion sur la spécificité du discours philosophique, dont Kant explique qu’il est d’abord une pratique et non un savoir constitué. On analysera le texte en suivant chacun de ses moments.
On verra dans un premier temps comment Kant pose le problème de ce que signifie « être philosophe » et comment il justifie que l’on ne puisse pas apprendre la philosophie. Cette justification se fait elle même en deux temps : par l’affirmation que la philosophie n’a pas encore réussi á se constituer comme un système définitif d’une part ; par l’idée que même si elle y parvenait, « apprendre » ce système ne suffirait pas à rendre philosophe, d’autre part.
Dans un second temps, on examinera la distinction que fait Kant entre la philosophie et les mathématiques, et comment il justifie que ces dernières puissent, elles, faire l’objet d’un apprentissage.
On se demandera toutefois dans un troisième temps de notre analyse, si cette distinction proposée par Kant est complètement légitime, et si elle ne repose pas sur une conception classique des mathématiques, reposant sur la notion d’évidence, et méconnaissant leur nature hypothético-déductive, ce qui modifie la manière dont on peut concevoir la différence entre philosophie et mathématiques.

De façon générale, nul ne peut se nommer philosophe s'il ne peut philosopher.
Dans sa première phrase, Kant semble énoncer une tautologie, mais il nous donne un élément important de la définition de ce qu’est « être philosophe » : cela ne consiste pas à « savoir de la philosophie » mais à « philosopher. » La philosophie n’est donc pas un savoir c’est d’abord une activité.

Mais on n'apprend à philosopher que par l'exercice et par l'usage qu'on fait soi-même de sa propre raison.
La seconde phrase précise le sens de cette activité : philosopher c’est faire usage de sa raison. Cela s’oppose donc au fait de suivre un dogme imposé par autrui (dogme religieux par ex) ou les raisonnements d’un a

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