La Condition humaine, roman d’André Malraux publié dans l’entre-deux guerres, en 1933, raconte le parcours d'un groupe de révolutionnaires communistes. Ils préparent le soulèvement de la ville de Shanghai, survenu quelques années auparavant, du 21 mars au 13 avril 1927.
Opprimés et humiliés par les Occidentaux, les révolutionnaires cherchent un sens à leur vie et trouvent dans le communisme une raison valable de mourir. Le roman raconte ainsi comment ces personnages meurent en héros, en idéalistes allant jusqu’au bout de leurs convictions.
Extrait
Kyo (personnage principal, révolutionnaire communiste) a été condamné à mort et attend son exécution. Il est fait ici le récit de la dernière nuit.
Enjeux de l’extrait
Dans une atmosphère pesante et grave l'extrait montre la beauté du sacrifice, célèbre les condamnés et les évoque comme des martyrs, justifiant le sacrifice et la mort par la légitimité et la nécessité du combat
Problématiques possibles
Comment, par le récit de la dernière nuit des condamnés, Malraux fait-il de leur sacrifice un acte créateur ?
Mouvements
- La prison, lieu sacré (lignes 1 à 9)
- Justification et célébration du sacrifice (lignes 8 à 21)
I. Description de la prison comme un lieu sacré (lignes 1 à 9)
« Ô prison », « résurrection », « grâce », « souffrance sacrifiée » : le lieu est sacralisé, et ce dans tout l’extrait. L'atmosphère est grave, pesante, apaisée.
Le narrateur externe, semble réfléchir ou chercher ses mots. Son interjection (le « Ô » vocatif) ressemble à une prière. La ponctuation de la la première phrase est hachée et hésitante (juxtaposition, subordonnée relative apposée entre tirets, aposiopèse et exclamation).
La dimension mystique du lieu, hors du temps et hors du monde, est contredite par la négation « non ! ». De même que les verbes à l'imparfait « c'était » et conditionnel passé « aurait reçu » montrent qu'ici se rejoignent les condamnés et les autres hommes, et évoquent déjà la fatalité, à savoir que la révolution est destinée à être réprimée, quoi qu’il arrive. Cela est par ailleurs souligné par les propositions subordonnées successives « quel que fût son sort, quel que fût le lieu de sa résurrection ».
La sémantique du sacré, et l'expression de la totalité « de tous », montrent que la révolution est aussi destinée à renaître ailleurs, et que celle-ci a un