Toute croyance est-elle irrationnelle ?

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Dernière mise à jour : • Proposé par: jmgate (professeur)

Quelle est la fin poursuivie par notre raison si ce n’est d’éclairer une vérité fondée, nécessaire et universellement intelligible pour tout homme ? Tel était bien l’idéal de raison que poursuivaient les penseurs des Lumières, que ce soit dans le domaine moral ou dans celui des sciences. Or, la simple croyance ne contredit-elle pas, par essence, cette exigence de fondement et d’universalité ? Quoi, en effet, de plus particulier, arbitraire et relatif, que la croyance ? Loin d’ouvrir sur une conviction véritable et universelle, telle que la raison l’exige, n’est-elle pas le signe de l’arbitraire de nos jugements, des déterminations culturelles, sociales et historiques, qui ordonnent notre pensée ? En ce sens, faire usage de sa raison n’est-ce pas justement s’efforcer de transcender nos croyances arbitraires ou particulières, les mettre en question, afin de tendre vers un savoir objectif ? Plus avant, se contenter de croire n’est-ce pas justement renoncer à chercher les raisons capables de fonder notre jugement et se satisfaire ainsi de l’évidence ou du sentiment subjectif de vérité que nous éprouvons ? Qui croit n’oppose-t-il pas ainsi son sentiment propre à toutes les raisons qu’on lui oppose ? La croyance n’a-t-elle pas ainsi à voir avec les passions qui animent le sujet bien plus qu’avec sa raison ? Partant, toute croyance pourrait bien apparaître irrationnelle, et cela autant parce qu’elle se fonde sur autre chose que des raisons et qu’elle nous renvoie à la position particulière et relative d’un sujet.

Toutefois, toute croyance récuse-t-elle ainsi l’usage critique de notre raison ? Lorsque je crois ne puis-je être conscient de la relativité de mon jugement ? Croire, est-ce donc nécessairement refuser d’entendre raison ? Loin d’être dogmatique, la croyance ne peut-elle être une façon de suspendre son jugement ? De plus, serait-ce garder raison que d’exiger pour toute chose une raison suffisante et, pour toute certitude, un fondement nécessaire ? La raison, d’ailleurs, n’est-elle pas elle-même l’origine d’un certain nombre de croyances, pour ne pas dire d’une foi ? De plus, si la croyance nous renvoie à notre expérience propre, n’est-elle pas le signe que toute vérité ne prend sens que pour un sujet, en chair et en os, et qu’il ne saurait y avoir ainsi de raison désincarnée ? Quel savoir, aussi rationnel soit-il, peut-il prétendre être libre de toute croyance ? La difficulté est la suivante : d’un côté, il semble que l’exigence de raison suppose bien q

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