A-t-on toujours intérêt à travailler ?

Copie entièrement rédigé par un élève de terminal, en voie général, lors d'un bac blanc. L'appréciation du correcteur : « Un devoir intéressant et réfléchi ».

Dernière mise à jour : 15/04/2023 • Proposé par: joia.dxc (élève)

Le travail peut désigner un métier ou une transformation de la nature, c'est-à-dire du monde qui nous entoure. Il permet de passer d'un objet brut à un produit ayant un résultat utile. Mais pourquoi tous ces hommes et toutes ces femmes travaillent-ils ? Pourquoi nous avons intérêt à aller travailler ? En réalité, l'intérêt du travail est une évidence, comme le présuppose le "toujours" du sujet. On à intérêt à travailler au moins pour gagner de l'argent, et au delà pour subvenir à nos besoins vitaux. Mais le le travail peut également être un moyen d'obtenir une satisfaction personnelle, voire de s'accomplir.

Pour autant est-il réellement nécessaire de travailler ? N'a t-on pas parfois avantage à se reposer, à jouir du temps libre, à tout simplement arrêter de travailler ? Nous avons intérêt à travailler, mais dès que nous pouvons arrêter de travailler nous sommes heureux. Ce paradoxe nous amène à nous demander si le travail est toujours dans l'intérêt de l'homme ? En avons-nous en permanence besoin ? Pour répondre à ces questions, nous aborderons en premier, que c'est la nécessité qui pousse l'homme à travailler, ensuite nous analyserons à quel niveau d'intérêt nous avons besoin de travailler. Puis pour finir, nous nous demanderons pourquoi le travail est au cœur de la vie en société.

I. Le travail est un besoin essentiel pour l'homme

Le travail c'est une transformation de la nature. Pendant des siècles, il a été considéré comme une corvée, une aliénation, un fardeau et un obstacle au bonheur.

a) Dans la bible, le travail apparaît comme une corvée, lorsque Dieu chassa Adam et Eve du jardin d'Eden, il les condamna à plusieurs choses; la femme enfantera dans la douleur et les hommes sont condamnés à gagner leurs vies en travaillant . « Tu mangeras ton pain avec la sueur de ton front » (Genèse 3: 19). On comprend que dès le début de l'humanité le travail est considéré comme une malédiction, la chute de l'homme a fait du travail une obligation à la survie. Ainsi nous avons intérêt à travailler pour subvenir à nos besoins et survivre.

b) Comme nous l'avons dit, travailler est une transformation du monde. Or il y a forcément des contraintes. Par exemple, l'homme va vouloir se protéger, avoir une bonne condition corporelle, ne pas avoir la sensation de manquer de quelque chose. Malgré cela, l'homme serait prêt à se faire aliéné pour survivre... Particulièrement, l'aliénation du travail, c'est le fait de se sentir étranger à soi-même. Car l'homme a besoin de ce travail pour combler ses désirs. En quelque sorte, il a intérêt, il est obligé. L'homme résiste à l'effort.

c), Mais alors, qu'est-ce qui pousse l'homme à avoir autant d'intérêt dans son travail ? Pourquoi se lève-t-il tous les matins ? Pourquoi respecte t-il toutes ces heures et ces semaines de labeur ? Ce ne serait pas tout simplement la rémunération, le fameux "gagne pain". Car notre société est basée sur un système qui a pour but d'attirer ses employés dans la rémunération. Celle-ci s'opère en donnant une somme d'argent, leur permettant de subvenir à ses besoins et de survivre. Ainsi, ce qui pousse l'homme à travailler c'est l'argent, nous voulons juste survivre donc, nous travaillons bel et bien seulement par intérêt.

Transition: Mais imaginons que certaines personnes n'ont pas la nécessité extrême à aller travailler, alors pourquoi le font-ils ? N'y aurait-il pas un autre intérêt que l'argent. Nous allons, dans cette deuxième partie, expliquer pourquoi des personnes vont travailler, alors qu'elles sont à l'aise financièrement.

II. Un accomplissement personnel

Le travail ce n'est pas une contrainte, c'est une valeur, un savoir-faire. Car c'est un projet conscient, volontaire, qui s'oppose à l'aspect instinctif de l'animal. Cette tâche est un moyen de se sentir utile et d'avoir une réussite sociale.

a) Si le travail transforme la nature, alors prenons cet exemple concret. Pour cultiver un champ, on a besoin de la technique ; outils, être attentif aux saisons demande de l'intelligence donc l'homme finit par dominer la nature. Il se dénature en quittant son animalité. La dialectique du maître et de l'esclave illustre parfaitement ce renversement. Dans cette dialectique, le maître est libre, or l'esclave est prisonnier du maître, il doit obligatoirement l'obéir. Mais ce qui différencie l'esclave et le maître; lui l'esclave sait cuisiner, fabriquer, cultiver les champs alors que le maître ne sait pas faire tout ça. On en devient à dire que le maître est dépendant de l'esclave. Maintenant si l'esclave est toujours amené à travailler, il va forcément penser avant de réaliser son projet, donc son intelligence est mise en jeu. Mais lui le maître va simplement consommer où l'utiliser. Ainsi, les rôles s'inversent, le maître est dépendant de l'esclave et lui l'esclave devient libre et maître de la nature. Nous pouvons dire que cet intérêt est aussi la réalisation de soi-même à travers son projet, nous sentir tout simplement fiers.

b) Si le travail permet la réalisation de soi grâce à la transformation de la nature. L'homme dépasse donc l'humanité. L'homme est différent de l'animal. Karl Marx, dans le Capital, il compare l'homme de l'animal: « ce qui distingue le plus mauvais des architectes à l'abeille la plus experte, c'est que lui a pensé dans sa tête avant de construire la cellule dans la ruche ». Karl essaie de nous dire que même le plus mauvais des architectes a pensé à ce qu'il allait faire, chose que l'animal ne fait pas. Ainsi l'homme se distingue parfaitement de l'aspect animal. Nous les êtres humains on est dans un rapport médiat avec le monde, mais l'animal lui c'est immédiat. Ainsi le travail nous aide à développer notre intelligence et prendre conscience de nous même. C'est alors Hegel, dit que le travail humanise l'homme, il se crée en créant un monde humain. Nous pouvons dire que nous avons bel et bien intérêt à travailler, car cela nous permet d'entretenir le monde, l'environnement et notre société.

c) Comme nous l'avons dit le travail nous humanise. D'autant plus le travail c'est un lieu de socialisation, l'individu va vouloir s'imposer dans un milieu social, ce qui lui permettra de se sentir utile au vu de la société. Par exemple le travail de groupe nous permet un certain amusement, confort, le fait de se sentir bien entouré, nous procure la sensation de bien-être. Il y a aussi l'autonomie au travail qui aide l'individu à prendre conscience de lui-même et de ses capacités. Ainsi l'intérêt du travail repose sur le plaisir.

Transition:, Mais pour autant, est-ce que le travail n'a qu'un aspect individuel ? Qu'est-ce qui nous empêche, une fois la richesse et l'accomplissement de soi atteint, d'arrêter de travailler ? Nous allons voir dans cette troisième partie, pourquoi nous apportons, en tant que société, un tel intérêt au travail.

III. Le travail, un intérêt sociétal

a) Même si le travail est dans beaucoup de cas une nécessité, ça ne le justifie pas. Et si on réduisait le temps de travail ou le travail lui-même, en remplaçant le travail des employés par des machines, ceci maximiserait même les résultats du travail. Ainsi l'homme n'aurait pas de travail, donc il ne travaillerait plus. Or nous avons pourtant dit qu'on a toujours intérêt à travailler pour vivre, mais en aucun cas cela ne pousse l'homme à le faire.

b), Mais alors pourquoi autant de valeur pour son travail ? La société ne nous aurait-elle pas formés à devenir des bons travailleurs ? En quelque sorte, oui. Sans la culture universelle, on n’arriverait pas à développer notre propre intelligence, à parler, à entreprendre des relations. De même si l'homme ne travaille pas, il va s'ennuyer. Donc le travail maintient l'homme dans un rôle actif, dans un rouage de la société.

c) Le travail ne nous donne pas seulement conscience de nous-même et argent. L'homme travaille pour la société, tout est dans notre imagination. L'être humain ne s'imagine pas rien faire. Cette pensée est due au système dans lequel on vit. On va au travail pour se dire qu'on a un boulot et qu'on peut être reconnu par la société. Ainsi le travail serait plus une simple étiquette, qui nous classe selon notre importance et notre apport à la société. Nous nous définissons d'ailleurs en premier lieu par notre travail.

Conclusion

Pour conclure, le travail n'est pas une valeur, mais bien une nécessité qui recouvre, au delà de l'intérêt pécuniaire, l'intérêt de se sentir humain. Mais ça ne justifie pas en soi-même le travail. En effet, la production par le travail ne nécessite pas forcément l'intervention de l'homme et l'homme n'aime pas forcément travailler.

L'intérêt d'aller travailler vient plutôt donc de notre culture universelle, qui est la société, qui a fait du travail une véritable valeur et un besoin vital pour l'homme. Même lorsque nous ne sommes pas dans le besoin, ou que ne nous sentons accompli, le travail donne un sens à notre appartenance à la société. Cela peut d'ailleurs nous amener à nous demander si le terme "travail" est encore approprié ici, ou est-ce qu'on ne devrait pas parler simplement de position, de titre, et qui nous fait pleinement sentir citoyen ?