Alain, Propos d’économique: L'enfant

Commentaire entièrement rédigé, en deux parties. Note obtenue : 15/20.

Dernière mise à jour : 28/01/2022 • Proposé par: kaiis (élève)

Texte étudié

L'enfant vit dans un monde de miracles, et par une continuelle incantation. Il demande, il prie, il persuade; c'est ainsi qu'il obtient ; tel est donc travail propre ; voilà comment il gagne sa vie. Il le faut bien. L'enfant ne peut vivre de son travail; il ne conquiert pas sur les choses ; il ne fait que jouer avec les choses. En revanche, il prend au sérieux les hommes, et même trop; d'eux toute sureté et et toute nourriture Il s'agit de leur plaire ; mériter c'est plaire. On dit très bien que nos réelles idées nous viennent de notre propre expérience, mais on ne considère pas assez que nos premières expériences sont de trompeuses expériences. Il n'est pas vrai que la tâche de l'homme soit de demander et d'obtenir. Ce qu'on obtient par grâce, ce qui circule de l'un à l'autre, serait comme néant si le travail s'arrêtait seulement un jour. La condition réelle de l'existence humaine est une lutte continuelle contre les choses et contre les bêtes. C'est une chasse, une culture, une construction, un transport à grande peine, travaux qu'il faut toujours recommencer, parce que l'homme consomme et use, et parce que la nature vient toujours à l'assaut.

Alain, Propos d’économique - XXXVIII

L’enfant, dispose des facultés pas assez développées pour qu’il soit parfaitement autonome. Il est donc aiguillé par l’autorité, et l’assistance d’un adulte, souvent ses parents. L’enfant grandit dans son monde, bien différent de celui des adultes, c’est ce que Alain explique dans son texte en analysant les particularités du comportement de l’enfant, et ainsi le passage de l’enfance à l’âge adulte. Alors Alain se demande d’abord qu'est-ce qui fait la difficulté du passage de l'enfance à l’adulte ? Ce à quoi il répond simplement, c’est le fait de travailler : l’enfant demande et obtient, contrairement à l’adulte qui doit travailler pour obtenir, les deux réalisent ainsi un travail, mais différent.

D’un autre côté, et si la vie de l’enfant, n’était que le calme avant la tempête ? Une tempête représentée par la vie adulte. L’enfant vit dans un monde idyllique presque féerique alors que l’adulte, lui doit se battre pour sa survie et vit dans « une lutte continuelle ». Alors, comment s’opère le passage d’une ère de désir et d’obtention à celle du travail ? Nous verrons alors l’enfance, entre désir, obtention et naïveté en premier lieu, puis l’âge adulte et la dépendance au travail dans un second lieu.

I. l’enfant, entre désir, obtention et naïveté

Alain, introduit son texte, en mettant directement le lecteur dans le contexte : « L’enfant vit dans un monde de miracle, et par une continuelle incantation », cela signifierait que l’enfant vit dans un monde bancal, un monde magique, où tout ce qu’il vit ne serrait qu’illusion et complètement décalé de la vie réelle. Alain, utilise aussi le champ lexical de la magie et du chamanisme : comme si tout ce que vivait l’enfant, n’était qu’un acte surnaturel. Ainsi, il illustre sa pensé : « il demande, il prie, il persuade », l’enfant obtient tout par la parole, c’est donc son « travail propre » : vouloir et avoir, l’enfant transforme ce qui l’entoure pour satisfaire ses besoins. Grâce à son travail, « il gagne sa vie », avoir un travail, c’est gagner de quoi subvenir à ses besoins vitaux, en l’occurrence, les besoins vitaux de l’enfant, ce n’est que sa propre satisfaction : se nourrir et s’amuser. Alors Alain tire une conclusion : « Il le faut bien », cela souligne la nécessité du travail. Mais il semble dire cela avec une pointe d’ironie.

Cependant, Alain a ensuite un avis qui semble contradictoire : « l’enfant ne peut pas vivre de son travail », c’est-à-dire, qu’il n’obtient pas sa subsistance des choses en travaillant, mais en jouant avec ces choses. En revanche, l’enfant est naïf, « il prend au sérieux les hommes, et même trop », l’enfant prend trop au sérieux les hommes, car il en dépend, il leur obéit et ne compte même par sur lui-même. Pour l’enfant, l’homme est la source de sûreté et de nourriture, comme ce sont deux choses essentielles pour l’enfant, il donne alors à l’homme toute sa confiance. L’enfant essaye de « plaire », pour les persuader. Mais « mériter c’est plaire » alors qu’en réalité on mérite, par le travail. Alors le travail, de l’enfant, c’est plaire, pour mériter sa nourriture. Car si l’on ne travaille pas, on ne mange pas. Mais cela ne caractérise pas le travail de l’enfant comme le travail d’un animal ? Dans les cirques et les zoos, les animaux sont entraînés à des exercices et des figures pour plaire au public, le public représente l’homme. En échange de ces figures, l’animal reçoit une récompense, souvent de la nourriture, l’animal représente l’enfant, et la récompense, la nourriture que l’enfant attend.

Ensuite, Alain nous dit plus généralement que « nos idées nous viennent de notre propre expérience ». L’expérience, c’est la connaissance acquise à travers l’interaction avec l’environnement. C’est aussi un enchaînement d’événements dont on peut tirer une leçon par un retour d’expérience. Alors cette expérience, on la développe depuis notre enfance. Mais cette expérience peut être influencée positivement ou négativement par les acteurs qui entourent l’enfant, et cela peut plus s’affirmer à l’adolescence. L’adolescence est la période transitoire entre l’enfance et l’âge adulte. Elle commence avec la puberté et les changements corporels, psychologiques, émotionnels et rationnels qui l’accompagnent. Il existe plusieurs instances de socialisation, comme la famille, l’école et les groupes de pairs qui ont un rôle important à jouer auprès de l’enfant ou l’adolescent dans sa recherche identitaire. La famille, peut influencer par exemple dans les choix politiques, l’école peut permettre un développement de l’aspect critique, les groupes de pairs dans les choix par exemple musicaux et vestimentaires. Les besoins de détachement de la sphère familiale et de rattachement aux semblables expliquent que le groupe de pairs est le groupe le plus influent au cours de l’adolescence. Alors, Alain tire une conclusion : « on ne considère pas assez que nos premières expériences sont de trompeuses expériences », ici l’enfant est trompé, donc induit en erreur pas ses expériences : il lui suffit simplement de demander. Il demande, il obtient.

II. l’adulte, dépendant du travail

À l’âge adulte, on ne peut compter que sur soi-même, personne ne sera là pour satisfaire tous nos désirs à la différence de l’enfant. Le seul moyen de pouvoir exaucer ses souhaits c’est en travaillant pour cette fois réellement gagner sa vie. On pense que tout ce qu’on a, arrive par grâce, par magie, mais en réalité tout existe par le travail, travailler c’est « une lutte continuelle contre les choses et contre les bêtes », ici Alain, utilise le champ lexical de la violence avec le mot « lutte » comme si le travail n’était qu’en réalité un combat. Mais un combat contre qui ? Contre notre l’employeur ? Contre le désir de toujours vouloir gagner plus? Contre le désir de perdurer et d’être épanoui dans notre travail ? Car en réalité l’homme sans le travail n’est rien, car il ne peut pas s’en passer.

Travailler n’est pas un objectif en soi. Il est subordonné à une fin extérieure : la satisfaction des besoins. C’est parce qu’on a des besoins ; et parce que l’on ne peut pas résister à notre satisfaction. L’être humain est donc contraint de travailler. Le travail n’est pas recherché pour lui-même, mais pour autre chose. Il est dit “productif”, dans la mesure où il a un résultat, un produit qui se distingue du travail comme activité. Le travail est une nécessité. En effet, l'homme n'a pas le choix, il est obligé de travailler, car s'il ne travaille pas, il meurt. La nature, spontanément, ne lui fournit pas de quoi survivre. Donc plutôt que de parler d'obligation, on peut dire que le travail est une contrainte. Mais, d’un autre côté, certaines personnes peuvent travailler pour le plaisir de rendre service, sans atteindre forcément une compensation financière. Par exemple, on peut rendre service à un proche en l’aidant pour un coup de peinture ou pour réparer sa voiture, mais sans atteindre une récompense derrière. En échange de ce service, quand j’aurais besoin d’aide, je pourrais l’appeler. Un autre exemple de travail à but non lucratif ce sont les bénévoles. Le bénévolat, par nature, est une activité effectuée gratuitement. Un bénévole ne peut être rémunéré, de quelque façon que ce soit, pour ses activités associatives. Le bénévole use de son temps libre pour rendre service.

C’est une erreur de croire que la tâche de l'homme se réduit à demander. Car même quand quelque chose est donné, ce quelque chose a été obtenu par le travail. Alain conclut alors : « ce qu’on obtient par grâce, ce qui circule de l’un à l’autre, serait comme néant si le travail s’arrêtait », donc si le travail s’arrête, il n’y a plus rien à donner. Alors, le travail apparaît comme essentiel. Car travailler, c’est agir pour assurer sa survie et son confort sur les plans matériels et intellectuels. Le confort nécessite plus de travail que la survie, mais il est plus satisfaisant. Assurer sa survie matérielle, c’est pouvoir manger, s’habiller, s’abriter et se soigner. Assurer son confort matériel, c’est pouvoir choisir et améliorer ses conditions de vie matérielle. Assurer ses besoins intellectuels, c’est apprendre à parler, lire, écrire et compter. Mais c’est aussi se cultiver, se distraire, raisonner, etc. donc le travail est essentiel pour pouvoir satisfaire ses besoins. Alain termine avec ce qui semble être une morale, il remet en cause l’existence humaine : « la condition réelle de l’existence humaine est une lutte continuelle contre les choses et contre les bêtes », le travail apparaît comme négation du milieu physique, comme celui, des animaux chassés, cela représente une lutte incessante. Il dénonce ensuite d’autres faits à l’aide d’une longue énumération, le thème principal dégagé est la société de consommation. Cela renvoie à l’idée d’un système économique et social fondé sur la création et la stimulation systématique d’un désir de profiter de biens de consommation et de services dans des proportions toujours plus importantes.

Conclusion

Au terme de cette explication, on peut donc conclure que Alain montre bien le changement entre le passage d’une ère de désir et d’obtention à celle du travail. Il semble montrer un grand écart entre ces deux moments d’une vie, l’un magique et illusionniste et l’autre réaliste. Alain semble être plus d’accord pour dire que l’enfant ne travaille pas, mais je pencherais plus pour dire que d’un côté il travaille. Par exemple quand l’enfant joue avec des briques de construction comme des Lego, il apprend par lui-même à construire quelque chose, ce quelque chose pourra lui être utile dans sa vie future. D’un autre côté Alain a raison, l’enfant ne travaille pas pour survivre, mais pour s’amuser, il n’a pas la valeur de l’argent et l’acquerra à l’âge adulte quand il la gagnera à la sueur de son front.