Le doute est-il toujours l'ennemi de la connaissance ?

Un devoir maison entièrement retranscrit d'une élève de terminale.

Dernière mise à jour : 26/11/2021 • Proposé par: Jeanne (élève)

On définit le doute par les incertitudes qui fait qu'on ne peut prendre une décision soit volontairement ou bien par manque de savoir. Dans le doute méthodique ou cartésien, Descartes applique son doute au fondement de la connaissance, et il constate que la seule chose qui résiste au doute est le doute lui-même. Le doute sceptique, lui, système de pensée qui ne croit pas en la possibilité d'atteindre avec certitude la connaissance et la vérité, n'affirme rien et garde sur chaque chose la "suspension du jugement". Le mot "ennemi" a plusieurs sens, pouvant se référer à un conflit entre deux ou plusieurs hommes, avec une forme spécifique de rapport entre les êtres humains, mais aussi peut être employé pour parler des animaux ou des organismes non humains, ou encore entre des notions abstraites et entre des êtres inertes. Le terme de la connaissance est un savoir accumulé le long de notre existence, que l'on oppose avec la croyance, qui elle n'est pas nécessairement fondée sur la raison.

Le doute semble être antinomique avec la connaissance, gênant le rapport de la pensée à la réalité et à la vérité. Il est alors nécessaire de se demander si le doute a ses raisons d'exister dans la connaissance ? Pour répondre à cette question, nous nous interrogerons tout d'abord sur le doute comme frein à nos connaissances. Puis, nous étudierons le doute comme un processus indispensable pour acquérir de véritables connaissances.

I. Le doute, un frein dans l'acquisition de nouvelles connaissances

Le doute peut sembler dans certains cas être l'ennemi de la connaissance. Prenons comme exemple d'un homme qui impose sa propre vérité qui n'est pas forcément vraie. S'il commence à douter, il va remettre en cause toute la connaissance qu'on a fondée via des recherches. Aussi quand le doute devient permanent, il peut détruire le mental. D'après cette citation de Boualem Triki, professeur algérien, "quand le doute s'installe, c'est le début de la fin". En effet, quand le doute commence à s'installer, il ne peut que difficilement repartir. Il suffit d'une question pour laquelle on a pas la réponse pour invalider tout un pan de connaissance. Dans cette autre citation, le pape siennois Pie II disait "plus on sait, plus on on doute". Si un être doté d'une intelligence supérieure à la moyenne, doute sur un sujet dont personne n'a la réponse, son doute en devient permanent, s'installe et démolit son mental, car à chaque instant de sa vie la personne va se remettre en question sur ce problème qui n'a pas de réponse. Le doute devient ainsi l'ennemi de notre apaisement mental, remettant en cause tout ce que l'on a pu construire comme connaissance, ou en empêchant d'acquérir des connaissances sur des sujets nouveaux.

Tout remettre en doute par ailleurs peut paralyser et empêcher toute connaissance. Kant, philosophe allemand, dans la Logique, critique ainsi le scepticisme, "principe du doute consistant dans la maxime de traiter les connaissances de façon à les rendre incertaines et à montrer l’impossibilité d’atteindre à la certitude". Le scepticisme est le doute appliqué à toute connaissance, à la rendre incertaine, et empêchant ainsi toute certitude. Le doute est alors l'ennemi de la connaissance, en ce qu'il invalide toute tentative de connaissance.

II. Le doute, un processus indispensable pour acquérir de vraies connaissances

Mais si le doute semble être l'ennemi de la connaissance, n'est-il pas en fait une étape vers la véritable connaissance, celle qui justement résiste au doute ?

Tout d'abord, le doute est une remise en question des connaissances acquises, et nous fait prendre conscience que l'on manque de savoir. Prenons comme exemple un homme qui rencontre un homme plus âgé. Ce dernier va lui apporter sa propre connaissance, et l'homme moins âgé va donc douter de sa connaissance acquise jusqu'à présent. Il va alors remettre en question sa connaissance et se rendre compte de son manque de savoir obtenu auparavant. Le doute est une réflexion sur sa propre connaissance et son manque de savoir, et la connaissance apportée par autrui nous permet de valider ou d'invalider nos connaissances acquises, qui n'en sont en fait plus réellement, si elles se révèlent fausses. Comme nous le dit Boualem Triki "le doute est l'ennemi de l'ignorance". Celui qui ignore ne doute pas, mais n'a donc pas de réelles connaissances.

Le doute est en fait même l'allié de la connaissance, car d'après Jean-Charles Harvey, romancier québecois, "le doute est la base même du savoir, puis qu'il est la condition essentielle de la recherche de la vérité". On n'est jamais sûr de ce qu'on croit posséder avec certitude, et sans doute aucun savoir n'est jamais complètement recueilli. La science avance ainsi grâce au doute, qui permet de compléter, revalider ou reconstruire de manière plus solide les connaissances jusqu'alors acquises. Pour le mathématicien et philosophe Descartes, dans les Méditations métaphysiques, le doute est le fondement même de la recherche de la vérité. On peut douter en fait de tout, et pour être certain de ses connaissances, il ne faut au départ se fier qu'à une certitude, notre pensée ."Cogito, ergo sum". Je pense, donc je suis. Or le doute accompagne la pensée. Le doute serait donc le preuve même de notre activité de réflexion. Descartes complétait son cogito par: "je peux douter de tout, sauf d'une chose, et c'est le fait même que je doute".

Conclusion

Pour conclure, le doute semble l'ennemi de la connaissance car il peut venir invalider celle-ci, voir nous paralyser dans l'obtention de toute nouvelle connaissance. Mais le doute a ses raisons d'exister dans la connaissance dans l'accès au savoir, car une connaissance dont ne peut douter n'en est pas réellement une, comme une connaissance qui n'a pas du faire face à l'épreuve du doute n'est pas une connaissance fiable. Le doute n'est l'ennemi de la connaissance que s'il n'est jamais utilisé ou que s'il est brandi comme la preuve d'une impossibilité de savoir. Autrement, le doute méthodique, permettant de vérifier l'état de connaissance, en est son allié, et même son fondement. Comme nous le dit se proverbe persan : "Le doute est la clé de la connaissance. Qui ne doute de rien ne sait rien".