L'art fait-il réfléchir ou fait-il rêver ?

Corrigé synthétique.

Dernière mise à jour : 23/11/2021 • Proposé par: cyberpotache (élève)

Remarques préalables

- On essaiera d'éviter la banale opposition entre les deux verbes proposés. Un peu d'esprit dialectique ne fera pas de mal !
- Que suppose la réflexion ? Avec quoi s'élabore-t-elle ? L'art peut-il en fournir les éléments ?
- Ne pas oublier l'insistance des analyses classiques (Kant ou Hegel) sur l'importance de la sensibilité dans l'appréhension des ouvres d'art: la sensibilité est-elle synonyme de rêverie ?

Introduction

La destination de l'art est décidément difficile à cerner, et, parmi les thèses qui circulent à son sujet dans l'opinion, il est fréquent de rencontrer des affirmations concernant sa capacité à nous émouvoir, ou à nous faire réfléchir, ou encore nous procurer des moyens d'échapper aux dures lois du réel. Mais l'art fait-il véritablement réfléchir ou rêver? Le mode d'existence des ouvres fournit-il des éléments favorables à l'élaboration d'une réflexion ou d'une rêverie ?

I. Caractère non conceptuel de l’œuvre d'art

Qu'est-ce que réfléchir? Quels éléments sont nécessaires à la réflexion ? Sur quoi peut-on réfléchir ?

Pour qu'une réflexion s'élabore, elle a besoin de concepts - faute de quoi elle reste floue et vaine. Or, Kant et Hegel s'accordent pour souligner que l'ouvre d'art n'est pas de nature conceptuelle : elle ne peut être confondue avec un apport de connaissance, et la façon dont elle nous présente les choses reste ancrée dans leur singularité, alors même que le concept vise par définition l'universalité. L'objet d'une authentique réflexion ne peut d'autre part être fourni par l'art pour la simple raison que ce dernier n'est pas le réel : les mendiants peints par Murillo n'ont pas d'odeur, ils sont incapables de faire entendre leur demande d'obole.

Prétendre que l'art fait réfléchir ne peut avoir un vague sens que dans la conception d'un art "engagé", qui souligne les problèmes (sociaux, moraux, politiques) de la société pour nous inviter à modifier cette dernière. Or, la question mérite d'être posée de savoir si de telles représentations sont authentiquement artistiques, dès lors qu'elles affichent un "message" : d'un point de vue kantien, la réponse est négative, puisque pour Kant, le "sujet" d'une ouvre n'a aucune importance ou intérêt et que seule compte son organisation interne, seule capable de produire l'impression de finalité sans fin qui la caractérise.

L'art qui " fait réfléchir " risque donc de générer des réflexions creuses, et d'être esthétiquemen

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