L'avenir doit-il être objet de crainte ?

Dissertation synthétique.

Dernière mise à jour : 15/11/2021 • Proposé par: cyberpotache (élève)

Il faut jouir du moment présent : lorsqu'on répète l'expression à la façon d'un dicton, on oublie le sens qu'elle avait chez les épicuriens, et l'on préfère la compléter d'un "car on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve"... Ce à quoi il est toujours possible de répliquer qu'au contraire, chacun peut deviner son avenir : ce sera, à plus ou moins long terme, sa propre mort. Serait-ce alors le caractère inéluctable de celle-ci qui donne à l'avenir un caractère peu engageant ? Ou est-ce ce qui risque de la précéder : ce laps de temps indéfini entre le présent et la fin de tout avenir, dont on peut ignorer de quoi il sera fait. Mais y a-t-il dans cette ignorance une raison suffisante pour que l'avenir soit objet de crainte ?

I. La mort différée

La mort, en tant qu'elle est le terme de l'avenir individuel, n'est peut-être pas crainte en elle-même. Tout d'abord parce qu'elle est de l'ordre de l'impensable (puisque inexpérimentable). Mais aussi, comme l'a souligné Heidegger, parce qu'on la conçoit obligatoirement dans une étrangeté radicale : ce n'est jamais moi qui, meurs, ce sont les autres qui meurent.

De plus, Freud a indiqué que l'inconscient se singularise, relativement à la conscience, par son ignorance de la temporalité. Ce qui a pour conséquence son ignorance de la mort : dans mon inconscient s'affirme implicitement mon caractère "éternel". Enfin, c'est moins la mort en elle-même, comme moment ponctuel, que ce qui la précède (la souffrance physique éventuelle, la dégradation du corps et le délabrement de l'esprit) ou ce qui pourrait lui faire suite (la survie posthume d'un principe spirituel) qui parait être, pour les pensées spiritualistes, l'objet de souci.

II. Suspendre la crainte à propos de l'avenir individuel

Dans de telles conditions on constate l'élaboration de "solutions" destinées à faire de l'avenir individuel antérieur à la mort une existence sans crainte. C'est par exemple la sagesse stoïcienne, recommandant l'indifférence à l'égard de tout ce qui n'appartient pas à ma volonté, en même temps qu'elle affirme une organisation de l'ensemble des événements par un logos cosmique : dès lors que tout est bien, aucun mal réel ne peut me concerner, à la seule condition que je sache distinguer ce qui relève de mon intimité propre et ce qui lui demeure extérieur.

Plus radicalement encore, l'épicurisme montre, en se fondant sur son matérialisme intégral, que rien ne survit à la mort physique ; du même coup, tout obj

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