Le doute est-il une force ou une faiblesse ?

Dissertation réalisée en L1. Note obtenue : 12/20.

Dernière mise à jour : 06/10/2021 • Proposé par: aertyuiuhgfdsza (élève)

Dans l’inconscient collectif, le doute est plutôt perçu comme une faiblesse notamment lorsqu’il s’agit de doute s’apparentant à une peur d’agir. À l’inverse, la recherche intellectuelle va évidemment de pair avec le doute, le travail du philosophe par exemple étant de réaliser des « pas de côtés » et de ne pas se plier à la doxa dominante, toujours se demander « pourquoi » et se demander si la réponse que le monde voudrait nous donner est nécessairement la bonne. Le doute serait donc une force dans une mesure d’analyse, une faiblesse dans le monde des actions. Le doute est en réalité une interrogation de l’esprit, l’incertitude de quelque chose, de quelqu’un, d’une conduite. Il sera dès lors intéressant de se demander s’il est bon de douter, si le doute est-il une force ou une faiblesse.

Tout d’abord, nous évoquerons le doute comme faiblesse de la connaissance, puis comme faiblesse de la volonté. Nous identifierons ensuite les mesures dans lesquelles il est une force, et enfin, nous soulèverons la question morale persistant autour du doute.

I. Le doute est une faiblesse de la connaissance et de la volonté

Le doute est un état de la conscience que nous connaissons tous, peu importe la situation dans laquelle ce doute s’est inscrit. La question n’est pas là, de quelle faiblesse témoigne le doute ? Tout d’abord, le doute peut témoigner d’une faiblesse intellectuelle ou culturelle, entre autres un révélateur d’une imperfection de l’esprit. Illustrons : face à un problème de mathématiques, il n’y a qu’une réponse qui est la bonne, qui témoigne de ce qui est la vérité, un élève incertain de la réponse à ce problème témoigne donc d’une faiblesse. Le doute est incertitude tandis que la vérité est la certitude. La raison n’atteint pas ses objectifs dans le doute, puisque celui qui doute de tout s’inscrit dans une perspective de relativisme.

De plus, le doute entraîne la paralysie de l’action. Il est fréquent que nous n’arrivions pas à faire des choix, ce qui est une faiblesse. Un militaire en mission à l’étranger ne peut pas se permettre de douter face à l’ennemi, car c’est sa vie qui est en jeu. Le doute s’oppose à l’instinct de survie de l’homme dans une certaine mesure. Le doute est une faiblesse de la volonté. Le doute est passif et négatif, car il empêche totalement la prise de décision ainsi que la mise en action de celle-ci. René Descartes exprimait l’idée selon laquelle l’indifférence (entendue ici comme absence de choix) était le plus bas degré de liberté, en ce sens le doute était donc une faiblesse selon lui. Dans les religions dogmatiques d’ailleurs, le doute est souvent perçu comme un « vice » étant donné qu’il est synonyme de remise en question des croyances. Le doute est le produit de l’ignorance, mais peut-être est-ce seulement lorsqu’on subit le doute ?

II. Mais encadré, le doute est une force

En effet, le doute peut être subi ou non, et lorsque l’homme décide de douter, il est possible que finalement cette capacité à douter, que nous ne partageons pas avec les animaux, aille de pair avec la recherche de la vérité, lorsque le doute est encadré par une méthode.

Le doute méthodique est une méthode développée par Descartes dans ses ouvrages majeurs : Les Méditations métaphysiques et le Discours de la méthode. Pour pouvoir concilier quête de la vérité et doute, Descartes a du rendre possible cette association en développant un argumentaire qui remet en cause les fondements mêmes de la connaissance humaine. Il nous explique que nos sens nous trompent, nous sommes en proie aux effets d’optiques par exemple, et que nous pourrions même être en train de rêver en ce moment, en nous rappelant à quel point les rêves paraissent réels lorsque nous les vivons. On pourrait opposer à Descartes que c’est un relativisme des plus extrêmes, que si l’on suit sa pensée nous ne sommes même plus sûrs de l’existence du monde, mais non. Descartes admet que certaines idées résistent au doute. Lorsque nous rêvons, les lois d’arithmétique et de géométrie subsistent. Pour Descartes, un malin génie pourrait également nous pousser à nous tromper sans que nous nous en rendions compte. Finalement, il n’y a qu’une certitude qui ai résisté au doute méthodique de Descartes : la locution latine « cogito ergo sum », littéralement « Je pense, donc je suis ».

De ce doute méthodique, il est, évidemment, une et un exercice judicieux de douter, car cela me permet de me détacher de l’objet de mon étude, de mettre à distance l’adhésion trop ou immédiate, les croyances non vérifiées. Je m’émancipe du monde des apparences est c’est en cela une force, car c’est le doute qui permet l’émergence d’un esprit critique. L’esprit qui est critique n’accepte aucune information sans s’interroger sur sa véracité et sa valeur.

III. La question morale persistant autour du doute

Le doute méthodique est bénéfique, mais l’extension de ce doute à la pratique paralyserait.

Il faut agir même dans l’incertitude, les imprévus font partie intégrante de la condition humaine, et Descartes en avait également conscience. L’application du doute dans le monde des actions n’a donc pas sa place, et Descartes va dresser une morale par provision.

Savoir se délaisser de ce qui n’est pas de notre ressort par exemple, fait partie des vertus pour ne plus subir le doute. Le doute doit être dompté, Descartes pousse à trancher et à agir, ce qui est valorisant du moment que l’on maintient sa fermeté dans ladite décision.

Conclusion

Au terme de ce raisonnement, nous nous sommes rendu compte que le problème n’était pas tellement de trancher et d’affirmer haut et fort que le doute soit une faiblesse ou une force, mais davantage de l’utiliser convenablement. Le doute, lorsqu’il est subi, peut paralyser et témoigner d’un défaut de connaissances, mais lorsque le doute est volontaire, dompté et qu’il s’inscrit dans une morale, il devient l’arme redoutable de l’homme pour s’élever intellectuellement dans sa quête vers la vérité.

Le doute peut-être défini comme un échec de la raison ou comme le moteur de la raison, le tout étant peut-être simplement une affaire de perception ?