Prendre conscience de soi, est ce devenir étranger à soi ?

Dissertation entièrement rédigée en trois parties :
I. Prendre conscience de soi c’est produire une identité,
II. Mais prendre conscience de soi, c’est devenir étranger à soi,
III. La prise de conscience de soi comme mise à l’épreuve perpétuelle de sa liberté

Dernière mise à jour : 16/03/2021 • Proposé par: sauvanep (élève)

Introduction

Il est fréquent, lorsqu’on entend pour la première fois sa voix enregistrée, de ne pas se reconnaître. Prenant conscience d’une partie de soi, on s’apparaît tout à coup comme autre que ce que l’on croyait. Cette nouvelle apparition de soi à soi n’est-elle pas pour l’homme une énigme ? Prendre conscience de soi n’est ce pas devenir étranger à soi ?

Mais prendre conscience de soi, c’est passé d’une conscience immédiate des choses à une conscience qui se réfléchit, qui se pense pensant les choses. Prendre conscience de soi signifie que l’on diminue la distance qui se trouve entre ce que l’on est et ce que l’on a conscience d’être. On réduit ainsi la part d’inconnu en soi. Dès lors, la conscience de soi permettrait de mieux se connaître, de se maîtriser et donc de se réaliser.

La prise de conscience de soi implique une distance entre ce que l’on découvre être et ce que l’on croyait être. Cette distance est-elle ce qui rend étranger à soi, au risque de perdre ce qui fait l’unité du moi : l’identité ? Ou au contraire cette distance est-elle la condition de possibilité d’une reconnaissance de soi par soi, qui donnerait accès à une existence plus réfléchie et plus libre ?

I. Prendre conscience de soi c’est produire une identité

Prendre conscience de soi, c’est passé d’une conscience immédiate, d’une perception du monde extérieur et de ses différents états à une conscience réfléchie, à une conscience de soi qui se saisit en tant que sujet. Le sujet fonde l’identité d’un individu car il est le principe qui unifie l’ensemble des représentations, des états mentaux d’une même personne.
Pour Kant dans l’Anthropologie du point de vu pragmatique, le pouvoir de dire « je » est constitutif de la dignité humaine. Par cette faculté, l’homme a le pouvoir de se « penser » et pas uniquement comme les animaux de « se sentir ». Si l’homme a une conscience, l’animal, lui, n’a qu’un instinct. Kant explique qu’un enfant commence par parler de lui à la troisième personne, et que la conscience de soi devient réelle lorsqu’il dit « je ». Après cette révélation, l’enfant ne fait jamais marche arrière. C’est ce même « je » qui donne aux différentes représentations une unité, une cohérence. La conscience de soi se fait alors à travers l’activité même de la conscience. Prendre conscience de soi devient la condition de possibilité pour se rapprocher de la réalité, y compris de sa propre réalité.

Celui qui réfléchit sur sa pensée qui che

Accédez à la suite de ce contenu
Obtenez un accès immédiat à tous nos contenus premium.