Epicure, Maximes capitales : « Si les causes qui produisent...»

Commentaire qui suit la progression du texte en deux parties :
I. La distinction entre le mode de vie des gens dissolus et la pratique philosophique
II. Le raisonnement par l'absurde qui condamne ce mode de vie

Dernière mise à jour : • Proposé par: stephanieb (élève)

Texte étudié

Si les causes qui produisent les plaisirs des gens dissolus défaisaient les craintes de la pensée, celles qui ont trait aux réalités célestes, à la mort et aux douleurs, et si en outre elles enseignaient la limite des désirs, nous n’aurions rien, jamais, à leur reprocher, eux qui seraient emplis de tous côtés par les plaisirs, et qui d’aucun côté ne connaîtraient ce qui est souffrant ou affligé, ce qui est précisément le mal.

Epicure, Maximes capitales - X

I. Introduction

Les Maximes capitales d’Epicure sont des sentences générales portant essentiellement sur l’éthique et qui résument les préceptes, les règles d’action ou de pensée essentiels de la sagesse épicurienne, notamment sur le « quadruple remède », les vertus ou encore le plaisir, comme c’est le cas pour la maxime X d’Epicure que nous allons étudier. Les deux maximes précédentes (la VIII et la IX) portaient déjà sur le plaisir, la première sur l’identification du plaisir au bien avec la nuance que les causes de certains plaisirs peuvent être elles, au contraire, sources de maux plus grands, ce que reprend la dixième maxime. Cette dernière a le mérite de résumer de manière succincte les propositions générales de la sagesse d’Epicure, bien que certains points ne soient pas explicités abondamment. Elle se présente comme un raisonnement par l’absurde dans la mesure où elle propose une hypothèse contraire aux enseignements d’Epicure pour montrer tout l’intérêt de ceux-ci dans la quête du bonheur. La problématique posée dans cette maxime par Epicure est de savoir s’il faut ou non reprocher aux hommes de mener une vie de plaisirs irréfléchie, autrement dit si ce mode de vie est légitime dans la perspective d’atteindre le bonheur. La thèse qu’il défend est que cela ne saurait être légitime dans une perspective eudémoniste car cela ne permettrait pas d’éradiquer les troubles qui causent le malheur des hommes, contrairement au « quadruple remède » qu’il propose.

On peut estimer qu’Epicure a deux objectifs en écrivant cette maxime :
-affirmer la prédominance du plaisir sur tout le reste, de démontrer que « le plaisir est (bien) le principe et la fin de la vie bienheureuse », comme il l’écrit dans la Lettre à Ménécée, puisqu’une vie de plaisirs irréfléchie serait légitime si elle n’était pas accompagnée de douleurs liées à une mauvaise compréhension de la nature des choses
-affirmer la nécessité de la philosophie pour atteindre le bonheur puisqu’il n’est pas possible de mener une vie de plaisirs dissolue et qu’a contrario les préceptes de la philosophie d’Epicure sont censés le permettre

La maxime peut se découper en deux axes :

*le premier de « si les causes » à « limite des désirs » où Epicure pose une condition : que les causes des plaisirs des gens dissolus, autrement dit les causes des plaisirs en mouvement, aient le même effet thérapeutique que l’exercice philosophique, que le « quadrupleremède »

*le

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