Introduction
« Tout est permis », « avoir tous les droits », « vivre sans contraintes », autant d'expressions qui donnent sommairement une définition de la liberté. C'est cependant l'opinion la plus répandue : je suis libre si je fais ce qu'il me plaît. Peut-on se contenter de cette définition ? Le simple sentiment d'être libre suffit-il à prouver la réalité de notre liberté ? Et que sentons-nous exactement ? Le texte de Malebranche tiré de l'ouvrage De la recherche de la vérité, permet d’aborder la problématique et de dépasser les premières réactions liées au sentiment de liberté. Malebranche considère que nous avons le sentiment intérieur de notre liberté parce que nous sentons que nous avons le choix entre accorder ou refuser notre consentement sur la base de notre volonté, et non en vertu d'un pouvoir absolu de s'affranchir de toute détermination. Néanmoins, le sentiment intérieur de liberté n'est-il pas subjectif pour qu'on puisse s'y fier ? Qu'est-ce que la liberté si nous sommes déterminés par des motifs extérieurs à notre volonté ? Ne disposons-nous que du pouvoir d'accepter ou de refuser ? Quelle est la conséquence sur nos actions et sur notre responsabilité ? L’argumentation de Malebranche soulève toute une série de questions qui nous conduisent à une mise en perspective critique dans un second temps, après l'explication détaillée du texte.
I. Le sentiment de liberté lié à un pouvoir d'acceptation et de refus
1. Analyse du plan du texte
Dans une première partie, du début du texte à « ... une contradiction manifeste », Malebranche évoque sa thèse qui s’oppose à celle que certains semblent lui prêter : le sentiment intérieur de liberté n'est pas lié à une absence de détermination sur notre volonté, à la fameuse liberté d'indifférence, qui est une contradiction. Il démontre cette contradiction dans une deuxième partie, de « car il est clair qu'il faut... » à « ... qui les font vouloir » : il existe toujours un motif qui agit sur notre volonté même si nous n'en avons pas conscience. Enfin, dans une troisième partie, de « il est vrai qu'ils ont été... » à la fin, l'auteur réaffirme sa thèse : nous avons le pouvoir d'accepter ou de refuser cette détermination et c’est grâce à ce pouvoir que nous percevons ce « sentiment intérieur de notre liberté ».
2. Contre l'absolue indifférence
Dès le début du texte, Malebranche s'oppose à une thèse que certains semblent lui prêt