Y a-t-il un intermédiaire entre savoir et ignorer ?

Corrigé entièrement rédigé.

Dernière mise à jour : 09/11/2021 • Proposé par: cyberpotache (élève)

Questions préalables

- De quel savoir s'agit-il ?
- Penser à la distinction, éventuellement utile, entre savoir-faire et savoir théorique.
- Quelles sont les valeurs opposées implicitement par les deux verbes? Cette opposition doit-elle être strictement maintenue ?

Introduction

"Je ne sais qu'une chose", répétait, paraît-il, Socrate, "c'est que je ne sais rien". Affirmation évidemment mensongère, si l'on objecte que Socrate savait au moins, comme tout un chacun, respirer, marcher, parler.., qu'il disposait donc d'un "savoir" élémentaire ou pragmatique qui suffit à vivre et à vaquer à ses occupations ordinaires. La formule n'a de vrai sens que si l'on entend par " savoir " ou "non-savoir" des relations à une connaissance théorique, conceptuelle, argumentée et rationnelle. C'est dans ce contexte que l'opposition entre savoir et ignorance pourrait sembler fondée, et que peut se poser la question de l'existence d'un intermédiaire entre ces deux pôles.

I. Savoir faire et savoir théorique

Bergson rappelle que, dans l'histoire de l'humanité, l'Homo faber a nécessairement précédé l'Homo sapiens : l'homme a su, empiriquement, accomplir des tâches avant d'en posséder pleinement la théorie. Théoriser, acquérir un savoir conceptuel, suppose en effet un développement intellectuel, l'émergence d'une pensée abstraite qui ont pris du temps - tandis qu'il fallait de façon beaucoup plus urgente, assurer les conditions matérielles de la survie. L'histoire des sciences et de ce qui les a précédées confirme amplement cette antériorité de la "simple" pratique : qu'il s'agisse de l'astronomie, de la géométrie ou du calcul, on constate qu'un état préscientifique (qui d'ailleurs ne préfigure pas directement la pensée scientifique, comme l'a montré Bachelard) précède toujours les premières élaborations théoriques. On a commencé par mesurer la relation entre diamètre et circonférence avec des ficelles avant de savoir en calculer la valeur exacte.

Les savoirs empiriques conservent éventuellement une efficacité durable, sans qu'il leur soit nécessaire d'être garantis par un savoir théorique. Le paysan traditionnel annonce les résultats de sa récolte de manière "intuitive", parce qu'il connaît grâce à son expérience personnelle, ses sols, l'importance de l'ensoleillement... sans avoir besoin de se lancer dans de savants calculs relatifs à la chimie organique ou à la météorologie. Et un charpentier construit ses voûtes ou ses plafonds alors

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