Diderot: La signification des mots

Commentaire complet fait par un élève. Note obtenue : 15/20.

Dernière mise à jour : 15/09/2021 • Proposé par: justine0819 (élève)

Texte étudié

Dans l'enfance, on nous prononçait des mots. Ces mots se fixaient dans notre mémoire et le sens dans notre entendement ou par une idée, ou par une image ; et cette idée ou cette image était accompagnée d'aversion, de haine, de plaisir, de terreur, de désir, d'indignation, de mépris. Pendant un assez grand nombre d'années, à chaque mot prononcé, l'idée ou l'image nous revenait avec la sensation qui lui était propre. Mais à la longue, nous en avons usé avec les mots comme avec les pièces de monnaies. Nous ne regardons plus à l'empreinte, à la légende, au cordon, pour en connaître la valeur. Nous les donnons et nous les recevons à la forme et au poids. Ainsi, des mots, vous dis-je. Nous avons laissé de coté l'idée et l'image, pour nous en tenir au son et à la sensation. Un discours prononcé n'est plus qu'une longue suite de sons et de sensations primitivement excitées. Le coeur et les oreilles son en jeu, l'esprit n'y est plus. C'est à l'effet successif de ces sensations, à leur violence, à leur somme que nous nous entendons et jugeons. Sans cette abréviation, nous ne pourrions converser. Il nous faudrait une journée pour dire et apprécier une phrase un peu longue. Et que fait le philosophe qui pèse, s'arrête, analyse, décompose, il revient par le soupçon, le doute, à l'état de l'enfance. Pourquoi met-on si fortement l'imagination de l'enfant en jeu, si difficilement celle de l'homme fait ? C'est que l'enfant à chaque mot, recherche l'image, l'idée. Il regarde dans sa tête. L'homme fait a l'habitude de cette monnaie ; une longue période n'est plus pour lui qu'une série de vieille impressions, un calcul d'additions, de soustractions, un art combinatoire, les comptes faits de Barrême. de là vient la rapidité de converser, où tout s'expédie par formules, comme à l'Académie, ou comme à la halle où l'on n'attache les yeux sur une pièce que quand on en suspecte la valeur, cas rares de choses inouïes, non vues, rarement aperçues, rapports subtils d'idées, images singulières et neuves.

Diderot

Ce texte de Diderot intitulé ’Ainsi des mots ‘ est une analyse de l’évolution de la parole chez l’être humain. Ce processus induit la mise en œuvre d’un véritable automatisme de prise de parole et donc un automatisme de pensée chez l’individu accompli. L’auteur nous démontre ici que les mots fixés à notre mémoire et à notre entendement sont le produit de conceptualisations psychiques imagées par l’individu au jeune âge. La thèse de l’auteur réside en cette phrase : « Nous avons laissé là de côté l’idée et l’image, pour nous en tenir au son et à la sensation. Un discours prononcé n’est plus qu’une longue suite de sons et de sensations primitivement excitées ».
Ainsi, l’auteur compare, dans ce texte, l’évolution de la parole qui passe par le choix caractéristique du vocabulaire, chez l’enfant, l’adulte et le philosophe. Il se demande en quoi et pourquoi le jeune enfant se fait-il une image ‘dans sa tête’ d’un mot, d’une idée alors que l’adulte, pourtant être pensant et conscient de sa pensée ne réalise pas se travail d’illustration imaginaire. L’argument est simple, de part le temps et l’acquisition d’un lexique important, le sujet n’a plus besoin et ne peut plus mettre en œuvre ce processus. L’adulte utilise des mots telle une monnaie courante, dans un souci de confort de discussion. Ainsi, dans cet Essai, Diderot va mettre faire en lumière les différents ‘cheminements’ qui mènent à la parole, montrant alors en quoi celui de l’enfant est le plus réfléchi. Il nous expliquera alors en quoi l’attitude du philosophe relève de celui de l’enfant qui cherche lui aussi a revenir a une sorte de naïveté puérile visant a remettre en question le véritable sens profond d’un mot. Un mot pouvant alors avoir 2 différentes signification pour un adulte et un enfant.

L’enfant est caractérisé par un apprentissage inachevé, par un esprit immature et par un langage pas encore finalisé .L’enfance est une période d’expériences multiples. Le jeune essaye, ressent et apprend ainsi. Une nouvelle expérience le renvoie à une sensation, à un ressenti personnel qu’il se fait du ‘quelque chose’ expérimenté et éprouvé (sentiment « d’aversion, de haine, de plaisir, de terreur, de désir, d’indignation, de mépris. »). Cette idée et donc cette sensation, va être conceptualisée grâce au langage et surtout grâce à l’adulte qui va expliquer à l’enfant la désignation réelle et parfois ambiguë d’un concept par un mot, une phrase ou une expression. Ce mot s’enracine dans l’enfant, telle une

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