Camus, La peste - Excipit: « Du port obscur montèrent les fusées»

Fiche en trois parties :
I. la vision d’un chroniqueur qui malgré tout reste un homme
II. Dans laquelle il fait part d’une joie contrastée
III. Visées d’un texte humaniste

Dernière mise à jour : 15/09/2021 • Proposé par: carlos92 (élève)

Texte étudié

Du port obscur montèrent les premières fusées des réjouissances officielles. La ville les salua par une longue et sourde exclamation. Cottard, Tarrou, ceux et celle que Rieux avait aimés et perdus, tous, morts ou coupables, étaient oubliés. Le vieux avait raison, les hommes étaient toujours les mêmes. Mais c'était leur force et leur innocence et c'est ici que, par-dessus toute douleur, Rieux sentait qu'il les rejoignait. Au milieu des cris qui redoublaient de force et de durée, qui se répercutaient longuement jusqu'au pied de la terrasse, à mesure que les gerbes multicolores s'élevaient plus nombreuses dans le ciel, le docteur Rieux décida alors de rédiger le récit qui s'achève ici, pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés, pour laisser du moins un souvenir de l'injustice et de la violence qui leur avaient été faites, et pour dire simplement ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses, à admirer que de choses à mépriser.

Mais il savait cependant que cette chronique ne pouvait pas être celle de la victoire définitive. Elle ne pouvait être que le témoignage de ce qu'il avait fallu accomplir et que, sans doute, devraient accomplir encore, contre la terreur et son arme inlassable, malgré leurs déchirements personnels, tous les hommes qui, ne pouvant être des saints et refusant d'admettre les fléaux, s'efforcent cependant d'être
des médecins.

Écoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse.

Camus, La peste - Excipit

Introduction

Le XXème siècle est marqué par de nombreux événements historiques comme la seconde guerre mondiale. Camus, journaliste rédacteur en chef de Combat un journal regroupant des résistants est également un écrivain. Il relate dans ses œuvres des situations lui permettant de faire part de ses réflexions. En 1947, deux ans après la fin de la seconde guerre mondiale, La Peste paraît. Camus y compte à travers la chronique d’un médecin l’évolution de la vie à Oran sujette à une épidémie : La peste. Dans l’excipit de son roman relaté sous forme de chronique

I. la vision d’un chroniqueur qui malgré tout reste un homme

1) Le propre de la chronique

+indices spatio-temporels

+connecteurs logiques

+faits précis (médecine)

+prise de recul et généralisation

2)Le narrateur reste un homme

+ il se dévoile

+et exprime ses sentiments

II. Dans laquelle il fait part d’une joie contrastée

1) L’allégresse du peuple

+Champ lexical

+Reprise de l’allégresse

+généralisation qui montre que la joie est quasi-totale et englobe toute la ville

2) mais contrastée par une menace latente

+ La peste peut revenir à tout moment :

-métaphore du sommeil qui montre que le virus peut se réveiller à tout moment

-énumération des lieux qui montre que le virus peut se réveiller partout

-négations « ne pouvait pas être celle de la victoire définitive » (l.20) et « le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais » (l.31) qui montrent que le virus de la peste est récurrent, et non éradiqué

-personnification de la peste qui étant associé à une personne donne l’impression qu’il s’agit d’une force capable de manigancer son retour et ainsi nuire

III. Visées d’un texte humaniste

1) L’explication du but de la chronique

+Appeler au souvenir :

-champ lexical du souvenir

-reprise de propositions infinitives

Rieux appelle les hommes à se souvenir pour leur montrer qu’on peut apprendre des fléau

+ Tirer un enseignement et réfléchir :

-énoncé dans la dernière proposition infinitive : mise en valeur

-champ lexical de l’enseignement

+Et à travers cette réflexion il montre une vision humaniste de l’homme mise en évidence lors de fléaux :

- présent de vérité générale placé en fin de la phrase la plus longue du passage (notion de mise en valeur) « Il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser »

- PDG « tous les hommes qui, ne pouvant être des médecins s’efforcent cependant d’être des médecins »

Ainsi Rieux montre une entraide entre les hommes et expose une vision plutôt positive, qui révèle de l’espoir même dans les situations négatives. => Résistants pendant la seconde guerre mondiale

2) On peut aussi voir une dénonciation du nazisme dans ce texte écrit

+En effet le champ lexical de la guerre est très présent

+D’autre part, la peste est assimilé à un fléau, tout comme la seconde guerre mondiale et entraine comme vu au III.1) des actions de solidarité entre les hommes tout comme les actions des résistants pendant la seconde guerre mondiale.

Conclusion

Cet excipit de la peste, est un bilan, la conclusion de la chronique. La vision de Rieux est une vision détachée, il prend beaucoup de hauteur, et décrit l’allégresse, qu’il nuance avec le récit qui vient d’être relaté. Cet épisode est comme celui de la libération de la France occupée par l’Allemagne nazie. La population se laisse aller à l’euphorie, mais le bilan qu’on fera de la seconde guerre mondiale est désastreux, et les familles des victimes, ainsi que les survivants du peuple juif portent un deuil comparable à celui de Rieux.