Le bonheur est-il l'affaire de l'Etat ?

Ceci est le plan détaillé d'un élève.

Dernière mise à jour : 29/01/2023 • Proposé par: chtite_lolie (élève)

"Le bonheur est une idée neuve en Europe" déclarait Saint-Just, constatant la revendication croissante des citoyens désirant que l’État développe les conditions nécessaires au bien-vivre. Naissait alors une idée nouvelle : le bonheur est l'affaire de l'État. Lorsque nous nous rebellons contre les décisions étatiques, c'est souvent, car ces dernières vont à l'encontre de notre bien-être.

Cependant, nous ne nous représentons pas le bonheur de la même manière : pour certains, être heureux c'est être en bonne santé ; pour d'autres la richesse est avant tout. Si nous nous accordons pour dire que le bonheur est bien la fin ultime de toutes nos actions, nous divergeons quant à la conception de son contenu. En ce sens, n'est-ce pas plutôt une affaire privée ?

I. Le bonheur se réalise dans l'Etat

a) Le bonheur, fin ultime de toute activité

Bien que le malade place son bonheur ds la santé, beaucoup sont malheureux tout en étant en bonne santé : les diverses conceptions particulières que nous construisons en fonction de notre situation personnelle ne représentent pas le bonheur en tant que tel, mais des satisfactions diverses qui varient selon l'âge de la vie et d'une personne à une autre. Le bonheur est ce que tout homme recherche, chaque activité est subordonnée à cette fin ultime. D'après Aristote, l'homme ne peut l'atteindre qu'à condition de réaliser son essence.

b) L'accomplissement de l'homme réside dans la vie politique

D'après Aristote l'homme est "par nature un animal politique", par essence c'est un être qui vit dans une société politiquement organisée. Si le bonheur consiste pour l'être humain à réaliser pleinement son humanité, l’État est bien ce grâce à quoi l'homme peut trouver le bonheur. Le bonheur est l'affaire de l’État qui assure que chacun en participant à la vie de la cité, réalise son humanité et accède au bonheur.

c) La soumission avantageuse

L’État est l'autorité souveraine qui s'exerce sur une population et un territoire déterminé. Si l'homme accepte de se soumettre à ses lois, c'est qu'il doit bien y trouver un avantage. Or est avantageux ce qui ne nuit pas, le bonheur serait donc l'affaire de l’État.

Mais n'est-il pas institué pour d'autres raisons que pour unique fin le bonheur ?

II. Le bonheur, une affaire privée

a) Bien privé et public

Vu que tout homme n'est pas heureux, on peut pense que l’État ne remplit pas son rôle. Il faut distinguer bien public fin de l’État et bien privé, fin de l'individu en quoi il place son bonheur. Le bonheur est défini par Kant comme la "satisfaction de toutes nos inclinations tant en multiplicité qu'en intensité . Or les désirs varient et peuvent se contredire. La loi s'applique de la même manière à tous, alors que le bonheur est une affaire privée.

a) L’État garantit d'abord la sécurité

Si une loi existe, c'est que nous n'agissons pas comme elle le prescrit. Elle oblige et restreint la liberté. Hobbes décrit l'état de nature de "guerre de tous contre tous" : si nous nous soumettons à l’État, c'est en vue de la sécurité qu'il garantit. Si l'État menait au bonheur, il n'aurait pas besoin d'obliger, car bonheur étant ce que tous recherchent.

Mais contre quoi nous rebellons-nous lorsque nous remettons en cause la légitimité d'une loi, si ce n'est contre le fait qu'elle va à l'encontre de notre bonheur ?

III. Le bonheur ne doit pas être exclu des préoccupations de l’État

a) L’État ne doit pas imposer sa conception du bonheur

Un État qui prétendrait veiller au bonheur des citoyens serait totalitaire. Ce serait un État qui voudrait régenter tous les domaines de la vie. On ne peut rendre quelqu'un heureux en lui imposant notre propre vision du bonheur. L’État ne peut ainsi pas décider à notre place du nombre d'enfants que l'on voudrait, du mode de vie que l'on adopterait.

b) L’État doit garantir la liberté de chacun de rechercher le bonheur

À l'état de nature, la liberté des uns va à l'encontre de celle des autres, et seul le droit peut fonder la liberté. Ainsi, par les lois l’État nous garantit la liberté de chacun, la première des libertés étant de pouvoir rechercher le bonheur par nous-mêmes. Le contrat social doit seulement garantir notre liberté, car un État qui chercherait le bonheur à notre place infantiliserait et nierait la liberté de placer le bonheur là où chacun le souhaite.

c) La possibilité de bonheur concerne l’État

Il doit veiller à la possibilité de rechercher le bonheur en respectant les conditions d'accès au bonheur. Nous devons exiger un droit à des conditions de vie qui respectent notre liberté et notre poursuite du bonheur. Benjamin Constant "Prions l'autorité de rester dans ses limites; qu'elle se borne à être juste, nous nous chargerons d'être heureux"

Conclusion

L'homme ne trouve pas nécessairement ce qui serait susceptible de faire son bonheur dans l’État. Il a pour rôle premier de garantir la liberté du citoyen en ne lui imposant pas sa propre conception du bonheur. Il doit veiller au respect de la liberté et des conditions minimales de bien-être de chacun, celles-ci étant, pour une part des conditions nécessaires au bonheur.