Est-il juste de posséder ?

Corrigé reprenant le travail préparatoire au brouillon avec une définition des termes très détaillée et le développement (non entièrement rédigé mais bien détaillé également).
Plan adopté :
I. Pourquoi il semble juste et naturel de posséder
II. Pourquoi la propriété pose cependant problème
III. Il faut en fait distinguer propriété et possession
Note obtenue 18/20.

Dernière mise à jour : 15/09/2021 • Proposé par: aminaa (élève)

I/ Travail Préparatoire au brouillon

A/ Les termes principaux « juste » et « posséder »

Ces termes renvoient implicitement aux notions suivantes : la société et les échanges, l’état et la politique.
Ces termes renvoient explicitement à la morale.
Le terme « juste » renvoie d’une part, à l’égalité, c’est à la conformité à la loi et d’autre part, à la moralité, au Bien.

B/ Doxa

Il est juste de posséder, c’est-à-dire qu’il est normal de posséder. La preuve, le vol semble unanimement condamné tant par la morale que par la loi ou la religion. La propriété relève d’une évidence et comme toute évidence elle trahit un impensé, c'est-à-dire pourquoi la philosophie va essayer d’envisager la propriété comme un problème.

C/ Paradoxe

Plusieurs situations remettent en cause la doxa. Exemple : la richesse acquise par héritage ou la pauvreté hérité, est-il juste de naître pauvre sans propriété ?
Autre situations problématique : une femme très pauvre, volant de la nourriture dans un magasin, sera sanctionnée, est-il juste que le magasin possède alors que la femme meurt de faim ?
Le paradoxe : la propriété nous semble injuste quand on compare le pauvre au riche mais cette injustice ne relève-t-elle pas d’une simple envie du pauvre par rapport au riche, plutôt qu’ une d’une contestation de la propriété en générale ?

D/ Définitions des termes

1/ la propriété

-Elle se définit d’abord par l’exclusion, ce que je possède, c’est ce que les autres ne possèdent pas. La définition du « tien et du mien » pose une limite. Lorsque Proudhon écrit que la propriété, c’est le vol, cela signifie qu’être propriétaire d’une chose, c’est la retirer aux autres : c’est la voler aux autres.

-Elle se définit également sur ce quoi j’ai tous les droits. S’il est possible de posséder des choses, est-il possible de la même façon de posséder des personnes. On dit « posséder quelqu’un » mais est-ce possible, est-ce que cela signifie que qu’on a tous les droits sur lui. Dans la possession amoureuse, est-ce qu’on fait de l’autre une chose ou bien est-ce qu’on veut seulement lui signifier qu’il est à moi, c'est-à-dire qu’on lui demande l’exclusivité de son amour.

-Elle est définie par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen comme l’un des droits imprescriptibles et naturelle de l’homme (article III). Au même titre que la liberté, la sureté, la résistance à l’oppression, la propriété est un droit qu’on ne peut pas nous retirer car il est lié à notre nature humaine.
La opère une distinction entre le droit naturel et le droit positif.
Les droits naturels enracinés dans la nature de l’homme et qui par conséquent, valent à toutes les époques t dans tous les pays. A l’inverse, les droits positifs (concret) sont des droits qui diffèrent selon les époques t les lieux.
Par exemple, le sort des homosexuels : en Arabie Saoudite, on les lapide. En France, dans les années1960, ils étaient considérés comme des anormaux tandis que de nos jours, ils peuvent se pacser mais en Espagne et au Pays-Bas, ils peuvent se marier et avoir des enfants.
La propriété aurait pu être l’une des valeurs visées par la République au même titre que l’égalité, la liberté et la fraternité. En dépit des débats de l’époque, la question s’est posée de savoir si la propriété pouvait être une valeur. C’est un fait, c’est un droit, en quoi serait-ce est un idéal ?

La propriété doit-elle-être protégé par l’Etat ? L’état doit garantir la protection d es biens et des personnes. Sade : par le contrat social, les individus renoncent à l’exercice de leur force privée en échange de la garantie de protection de l’Etat.
L’idée de propriété est-elle naturelle ? De fait, les animaux sont-ils propriétaires ? De fait, il y’a un marquage de territoire animal mais est ce que cela correspond à l’établissement d’une propriété ?
L’animal possède le lieu ou il est actuellement en fonction de ces besoins, mais ses besoins varient et son territoire change tout le temps.
La propriété durable, détaché du besoin, est une spécificité humaine, une idée artificielle. Rousseau : La propriété est une invention tardive et artificielle qui marque le début de l’état social et la fin de l’état de nature. A l’état de nature,, l’homme satisfait ses besoins ou il se trouve.

Comment devient-on propriétaire ? Est-ce par héritage, travail donc effort, hasard dont mariage, spéculation, vol ?

2/ La justice

-La justice renvoie à l’image de la balance, c'est-à-dire de l’équilibre avec l’image de la tripartition de l’âme, du corps dans la société de Platon. Une cité juste comme un homme juste selon La République de Platon, ce n’est pas une cité qui élimine ses producteurs, de même qu’un homme juste, ça n’est pas un homme qui élimine ses appétits et ses pulsions, mais une cité juste fait coexister de façon harmonieuse et équilibré les trois classes (philosophes, guerriers et producteurs).
La justice dans la cité, c’est lorsque les philosophes aidés par les guerriers, maîtrisent la production des producteurs.

-La justice est un terme polysémique qui a trois sens principaux : «  juste » renvoie à la légalité, c'est-à-dire à la conformité à la loi et renvoie à l’égalité. L’égalité peut prendre deux dimensions.
L’égalité arithmétique, c'est-à-dire le fait de diviser quelque chose en part quantitativement. Exemple : le vote en France avec le suffrage universel correspond à l’égalité arithmétique, c'est-à-dire que tous les majeurs comptent pour une voix.
L’égalité géométrique, proportionnelle signifie que l’on distribue les choses proportionnellement aux besoins ou au mérite. Les salaires en France sont proportionnel au mérité, c'est-à-dire à un mélange de qualification de pénibilité.

E/ Les distinctions conceptuels à utiliser dans ce devoir

Légal / légitime
En fait / en droit
Egalité  réelle/ Egalité formelle

II/ Rédaction du développement

A/ Doxa : il est juste de posséder car...

1/ il est normal, inévitable, naturel de posséder

Vivre dans posséder, c'est-à-dire sans avoir de façon durable exclusif, supposerait une nature humaine pacifique non défini par l’intérêt égoïste et l’amour-propre.
Chez Rousseau, on trouve une distinction entre « l’amour de soi » et « l’amour propre ».
L’amour de soi est naturel quand il signifie l’instinct de survie et le désir de protéger tout ce qui est nécessaire à la vie. Cette forme d’amour ne doit pas se confondre avec l’amour propre qui naît en société de la comparaison avec les autres. Exemple : Je m’aime narcissiquement car j’ai constaté que mes capitaux physiques, intellectuels, sociaux et économiques étaient supérieurs à ceux que de mon espèce.
L’amour propre qui est un synonyme d’orgueil, connoté négativement chez Rousseau. Il implique l’existence d’une société d’une comparaison, d’une rivalité, ainsi qu’un décalage entre ce que je pense être et ce que suis réellement.
A l’inverse, l’amour de soi connoté positivement, c’est un sentiment naturel qui n’a pas besoin des autres pour exister et par conséquent à l’instinct de vie.

L’invention de la société est liée à la création de la propriété, c'est-à-dire la propriété qui nous fait passer de l’état de nature à l’état civil. La propriété n’est pas naturelle selon rousseau mais elle résulte de deux éléments développés au cours d’une lente évolution :
-l’amour propre : source de concurrence et donc de conflits
-la division du travail : source d’interdépendance entre les hommes dans une société ou la solidarité est organique.
Dès que l’homme vit en société ; il devient égoïste, orgueilleux et il a besoin de la propriété pour prouver sa supériorité aux autres. En effet, la propriété privée a pour principal source conséquence de rendre visible les inégalités naturelles entre les hommes (courage, intelligence).

2/ car ce que nous possédons est lié à notre mérite et à notre raison

Cela signifie que d’autre puisse ne rien posséder dans la mesure où ils auraient pu devenir propriétaire en faisant des efforts eux aussi. Ne pas posséder est lié à la paresse ou à l’incompétence. La propriété rétribue ou paye les efforts, elle est juste en ce sens. C’est la justice proportionnelle.
Celui qui travaille a le droit de jouir des fruits de son travail. C’est la thèse défendue par els libéraux. Les libéraux prônent le principe de liberté économique, de responsabilité, de propriété privée, d’individualisme et de valorisation du mérite.
Exemple : La pauvreté est interprétée par le libéralisme comme de la responsabilité des pauvres et comme une punition de leur paresse.

3/ car il est légal de posséder, la propriété est un droit naturel

La propriété est protégée par la loi. Est légal, ce qui est conforme à la loi. Or la loi vise la justice comme idéale.

On naît avec ce droit. Le droit naturel est le seul moyen qui permet d’échapper à la loi du plus fort et aux inégalités résultant de la force physique.

Reprendre les éléments du travail préparatoire

Transition : Le droit naturel est critique dans sa version bourgeoise par Rousseau. En effet, la soit disant loi naturelle, porteuse de violence (la loi du plus fort) sert à justifier l’ordre bourgeois selon Rousseau car ne faudrait-il pas penser à nos rapports comme originairement conflictuelle dans l’état de nature ?

B/ Paradoxe : il est injuste de posséder car

1/ par définition, posséder, c’est exclure les autres de ce que l’on possède

La propriété se définit par l’exclusion : ce que nous possédons, c’est ce que l’autre ne possède pas. Par conséquent, si la justice a une valeur morale de désintéressement selon laquelle nous accordons notre intérêt privé à ceux des autres, la propriété en tant qu’atteinte aux autres est injuste.
Proudhon définit la propriété par le vol comme une analogie. L’analogie, c’est une égalité de rapports, c'est-à-dire proportion entre u moins de deux termes. L’analogie possède un rapport avec la ressemblance puisqu’il s’agit de comparer des réalités différentes. Mais, la ressemblance est plus vague que l’analogie et porte sur deux termes seulement.
Analogie de Proudhon : esclavage/ assassinat : propriété/ vol.
L’esclavage selon Proudhon, c’est l’assassinat car il enlève à l’homme ce qui le distingue de l’animal à savoir sa liberté et sa pensée.
La propriété a un rapport avec l’esclavage puisque l’esclavage, c’est la propriété des hommes alors que la propriété, c’est la propriété des choses.
¨Posséder quelqu’un, c’est le réduire à l’état de choses, c'est-à-dire le tuer, lui enlever sa liberté.
Posséder quelque chose, c’est voler aux autres l’usage d’un objet.

2/ car l’idée de propriété n’est pas naturelle

L’homme sauvage n’en a presque pas l’idée puisque don intérêt est conçu comme celui aussi des autres et que les deux sentiments naturels sont l’amour de soi et la pitié (dégoût de la cruauté). La pitié naturelle est le sentiment de sympathie selon Rousseau traverse toutes les espèces naturelles et modère l’amour de soi. Selon Rousseau, le fait d’appartenir à la nature, relie toutes les espèces naturelles entre elles. Ainsi, sur le champ de Bataille, jamais un cheval n’acceptera de passer de passer sur le corps d’un blessé car il sent la vie en lui.
De la même façon, la femelle sera capable de prendre des risques ou de se sacrifier, c'est-à-dire de pêcher contre l’amour de soi pour sauver ses petits.
La pitié est une projection de l’amour de soi sur les êtres vivants qui nous entourent : la mère en sauvant ses petits, montre qu’elle considère la vie de l’espèce comme importante que se stricte individualité. La pitié prouve que l’exclusion à la propriété, à l’état civil, ,n’est pas naturelle puisque naturellement l’homme n’exclut pas l’autre lais s’identifie à lui comme une mère à ses petits.

3/ car la justice, c’est l’égalité réelle et non simplement formelle

Reprendre les éléments du travail préparatoire

Posséder est injuste car cela induit des inégalités. Est juste, le fait de voler car cela permet d’équilibrer les richesses.

4/ car la propriété privée est même injuste et égoïste

Cette critique est celle de Karl Marx dans la Question Juive. Marx dénonce très violemment l’hypocrisie des droits de l’homme. Il dénonce en particulier la sacralisation de la propriété privée. En effet, selon lui, la propriété privée n’appartient pas à la nature humaine, ce n’est pas un droit naturel. Certaines sociétés n’ont pas une idée de la propriété. Par exemple, dans les sociétés traditionnelles les terres sont gérées collectivement. Par conséquent, selon Marx, la propriété privée n’est qu’une universalisation du mode de vie du petit bourgeois blanc et propriétaire.
Les droits de l’homme ne sont en réalité que les droits du blanc dominant et propriétaire.
La critique des droits de l’homme selon Marx, dénonce l’eurocentrisme qui consiste à prendre le mode occidental comme norme universelle. Ce qu’il faut selon Marx, c’est le communisme, c’est de détruire la propriété des individus au profit de l’étatisation.

Transition : Si la propriété est injuste en elle-même, ne sera-t-elle pas plus injuste parce que l’état la possède ?

C/ La propriété n’est légitime qu’à certaines conditions

Certes la propriété apparaît comme un phénomène égoïste mais en même temps, elle est devenue un fait de société. Par conséquent, il nous fait imaginer à quelle condition la propriété peut acquérir une forme de légitimité à condition que la propriété soit « possession » et non « propriété ». Puisqu’on ne peut pas se débarrasser de la propriété pour limiter sa nocivité. Proudhon imagine une possession. En quoi cela consiste ? Tous les travailleurs possèdent leurs moyens de production puis leurs profits équitablement répartis. C’est l’autogestion des travailleurs.
La propriété n’est pas mauvaise seulement sa légitimité. La propriété doit s’ordonner à trois conditions :
-il faut qu’elle soit rendue légitime par le travail : je possède ce que j’exploite car c’est le fruit de mon travail.
- il faut qu’elle soit rendue légitime par le besoin : la possession ne permet pas de gagner mon indépendance.

Conclusion

Il faut donc distinguer entre la propriété et la possession. La propriété au sens négative du terme, ce n’est pas le fruit d’un travail et ne se ne mérite pas, ce qui ne correspond pas au besoin et ce dont on ne se sert pas.