Que faut-il faire de la tradition ?

Copie de l'élève (niveau classe préparatoires eux grandes écoles, prépa commerce, option scientifique) Note obtenue : 13. Commentaires du professeur : Très bon devoir, l'argumentation et la réflexion sont pertinentes. Les citations et références sont bien à propos. Attention toutefois, il manque certains aspects de la tradition, et vous passez trop vite sur d'autres.

Dernière mise à jour : 15/09/2021 • Proposé par: florileges (élève)

Victor Hugo disait : « A mesure que l'homme avance dans la vie, il arrive à une sorte de possession invétérée des idées et des objets, qui n'est autre chose qu'une profonde habitude de vivre. Il devient à lui-même sa propre tradition. » Cette citation présente une notion de position dans le temps de la tradition. En effet, la tradition est un élément du passé transmis par les générations précédentes (tradition vient du latin traditio signifiant « acte de transmettre ») de doctrines, de légendes, de faits historiques, de pratiques, que ce soit dans les domaines religieux, moraux, politiques, économique, etc… La tradition, désigne également une manière habituelle d’agir ou de penser dans une région, un pays, une communauté, … Quoi qu’il en soit, il n’en reste pas moins qu’elle est un héritage du passé. Cependant, ce n’est pas tout le passé qui est transmis, mais juste une partie.
Les questions qui se posent alors sont de savoir comment naissent ces traditions et comment expliquer qu’une idée ou qu’une habitude a su perdurer au cours de l’histoire et trouver sa légitimité et son autorité ? Cependant, malgré l’ancrage solide de la tradition dans le passé, il convient de se demander également si elle ne constitue pas un obstacle à la nouveauté, au progrès ?
Certes ; la tradition assure une continuité et fonde une identité à la fois collective et individuelle grâce à la mémoire, mais alors : comment les sociétés et les individus arrivent-ils donc à conserver une part de tradition dans leurs modes de vie, tout en progressant dans la modernité ?
Tout d’abord, nous verrons que l’héritage des traditions peut être un véritable pilier, une assurance, mais qu’à l’inverse, il peut tout aussi bien devenir un vestige, agissant comme un frein. Enfin nous verrons quel est le lien qui lie modernité et tradition

Partie I

Les traditions dictent aux hommes la raison de leurs actes de façon générale, c’est-à-dire pourquoi ils doivent agir de telle ou telle manière et pas autrement. On peut donc dire que les traditions sont ce qui est, ce qui doit être, le point de référence. Elles contiennent toute l'expérience acquise par les générations précédentes. Leur transmission, orale ou écrite, se fait d'une génération à l'autre. Sans tradition, il n’y a ni présent, ni avenir possibles. Elles permettent donc ainsi à une communauté ou une société de prendre conscience d'elle-même, de ses particularités, de ses spécificités, ce qui va rapprocher les hommes. Elles constituent les racines culturelles d'un peuple, autrement dit, elles participent au fondement d’une société. Mais si cela se vérifie au niveau d’un groupe d’hommes, cela se vérifie également au niveau de l’individu. En effet, la tradition est personnelle, elle peut se transmettre à l’intérieur de la famille, ce qui va aider les individus (eux-mêmes) à se construire, à avoir une attache au passé pour eux seuls. Les traditions des ancêtres sont donc les pratiques et habitudes propres à chaque peuple, mais aussi à chaque homme. Seulement, cela ne consiste pas seulement en des habitudes culturelles, les traditions exigent aussi leur respect. Autrement dit, il ne suffit pas d’appartenir à une tradition, il faut aussi que les actions des hommes lui soient conformes. C’est cette conformité qui va fonder une identité, une personnalité. C’est donc la tradition qui nous permet de comprendre l’esprit d’un peuple, c’est-à-dire ses manières d’être et de faire. L’individu lui-même peut trouver son ancrage dans la tradition, au même titre qu’un groupe, qu’une société… Elle assure une continuité, elle est ce sur quoi l’identité collective va s’enraciner

Le fait que les hommes restent fidèles aux traditions s’explique de plusieurs manières. Tout d’abord, les phénomènes d’ancienneté et d’expérience sont rassurants. Pascal, dans sa préface pour le Traité du vide, constate en effet que l’homme « est dans l’ignorance au premier âge de sa vie », mais qu’au fur et à mesure, il va acquérir des connaissances, « il s’instruit dans son progrès ». Ainsi, l’homme s’instruit, mais surtout, il profite des acquis des générations précédentes, vu que l’homme est capable de transmettre ses connaissances. Comte mais en avant que dans les sociétés, il y a par exemple toujours le souvenir des morts, et le respect de ce qui a été. Dans Catéchisme positivisme, il écrit : »Les vivants sont toujours, et de plus en plus, gouvernés nécessairement par els morts : tel est la loi fondamentale de l’ordre humain ». La tradition tire donc bien sa légitimité par le fait qu’elle transmet un message. C’est grâce à sa mémoire que l’homme va pouvoir accumuler des connaissances et ensuite les transmettre, et ce par voie orale, ou écrite. Jack Goody, un célèbre anthropologue avait même émis l’idée que l'oral et l'écrit ne sont pas seulement des véhicules du langage, mais induisent des types de savoir différents, et peut-être même des formes de pensée différentes. La notion de tradition évoque donc bien l'idée d'un certain mode de transmission, tradere signifiant bien transmettre (cependant tout ce qui vient du passé n'est pas nécessairement traditionnel, tout ce qui se transmet ne forme pas nécessairement tradition). De plus, la notion de tradition implique une certaine continuité, en plus de son ancienneté, ce qui renforce sa légitimité auprès des hommes, ce qui peut s’exprimer par la phrase : « on a toujours fait comme ça ». La tradition est rassurante car c’est un remède contre l’éphémère, on sait que les choses que l’on fait aujourd’hui deviendront peut-être un jour elles-mêmes à leur tour traditionnelles. Les choses se perpétuent, ce qui donne un repère à l’homme. La tradition est comme un phare, une lumière qui guide les hommes. Au final, la notion de tradition est associée à la représentation d'un contenu exprimant un message important, culturellement significatif pour les hommes, ce qui lui confère donc pour cette raison une force efficace, agissante. Enfin, il ne faut pas oublier que si les traditions se perpétuent, c’est également par gout, et par sentiment humain. Les danses traditionnelles qui se dansent encore aujourd’hui par exemple : si ces danses sont encore au goût du jour, c’est parce que les hommes y sont restés attachés, par goût, parce qu’ils aiment cette danse, parce qu’elle leur parle. Ce sont tous ces éléments qui font la légitimité de la tradition.

La tradition s’inscrit dans le passé. C’est principalement pour cela qu’elle répond aux besoins des hommes, le besoin d’une attache (Pascal dans la préface pour un Traité du vide, affirme même que l’homme est le seul à avoir la notion de temporalité, par différence avec l’animal).Nietzsche est aussi d’accord sur ce point que « La vie a besoin des services de l’histoire ». Cependant, même si elle s’inscrit dans le temps, la tradition ne consiste pas en tout ce qui vient du passé, cela s’apparenterait alors à l’histoire, en tant que récit du passé. Le lien entre la tradition et l’histoire se trouve donc au niveau de l’objet: la tradition est un objet qui s’inscrit dans le passé, mais avec un point de départ, c’est un élément précis alors que l’histoire nous informe simplement sur ce qui était auparavant. C’est ce que dit Nietzsche dans les considérations inactuelles : Si les hommes se gavent d’histoire, ils ne sont que des « encyclopédies vivantes », dépourvus de toute personnalité, de caractères propres. De plus, il affirme que l’histoire, en tant que science, est figée, comme un bilan du passé. Ce n’est pas le cas de la tradition, qui inclut la notion de mouvement, qui varie tout le temps, la tradition est vivante, et n’est pas définitive. Elle vient en effet du passé mais n’existe que dans le présent, car il y a l’idée de faire perdurer quelque chose (à cause de la mort, l’homme souhaite transmettre pour continuer à exister d’une certaine manière). Ainsi, la tradition fait largement appel à la notion d’héritage du passé, mais pas de tout le passé. La tradition doit passer par un filtre, un tri (en effet, les pratiques indignes doivent être abandonnées). L’anthropologue J. Pouillon disait que « la tradition est un point de vue » sur lequel les hommes, dans le présent s’appuient, comme une interprétation du passé, mais selon certains critères uniquement.

Partie II

Cependant, la tradition impose une limite. En effet, un environnement, baigné de trop de traditions, immergé sous la tradition en quelques sortes n’est pas bénéfique pour les individus. Le risque est celui du manque de renouvellement, et ensuite du basculement dans le traditionalisme. Elle figerait nos façons de vivre par fidélité au passé, et freinerait l'évolution nécessaire des sociétés, nous enfermerait dans des coutumes fort contestables parfois (les combats d'animaux par exemple). La tradition peut paraître lourde à porter, lorsqu'elle fait barrage à notre liberté de choix. Le traditionalisme est la doctrine selon laquelle les formes politiques et religieuses doivent être conservées, dès lors qu'elles sont traditionnelles, consacrées par le passé. Qu’elles ne soient pas justifiées intellectuellement n'est pas un problème, car leur valeur ne tient pas au fait qu'on peut les vérifier ou non, mais elle tient au fait que la société, qui s'est édifiée bien avant l'apparition de la science, a du satisfaire ses besoins les plus profonds de manière spontanée. C'est le fondement de tout, y compris de la vérité, et c'est par la tradition, chargée de transmettre, que la vérité peut être connue. Les traditionalistes sont convaincus que la société doit conserver à tout prix ses formes politiques, morales et religieuses, et cherchent à les perpétuer de génération en génération. C’est donc une forme de conservatisme qui va à l’encontre de toute notion de progrès, de nouveauté. Il refuse les innovations politiques, sociales et même techniques. S’enfoncer dans la tradition induit un manque de communication, un renfermement. La notion de tradition renvoie plus à l'idée d'une position et d'un mouvement dans le temps. La tradition serait un fait glissant sans cesse du passé dans le présent, une survivance à l'œuvre, le leg encore vivant d'une époque pourtant révolue. Enfin, s’enfermer dans les traditions à un niveau trop élevé enlève la liberté de choix de l’individu : il ne se pose plus la question de savoir comment il va agir face à telle ou telle situation, il agira comme la tradition l’exige. La tradition l’annihile en quelque sorte. Elle serait alors un obstacle à la libre pensée. L'opposée du Sapere aude ! de Kant d’une certaine manière.

Un autre élément important, c’est que la légitimité de la tradition peut sans cesse être remise en question. Tout d’abord, il ne s’agit que d’un élément du passé, adapté au présent d’une certaine manière, et donc retiré de son contexte initial. Il n’est pas évident que cela soit toujours une bonne chose, ce qui était vrai et utile à un moment de l’histoire ne le sera pas forcément aujourd’hui. De même, de nombreuses pratiques sont condamnées aujourd’hui et ont toujours lieu, se cachant sous le nom de tradition. C’est le cas des corridas par exemple, et du fait de tuer le taureau. Un article de loi condamne cet acte, mais autorise une exception sous prétexte « dune tradition qui ne peut être interrompue ». Un autre élément qui peut remettre en cause la légitimité de l’utilisation des traditions, c’est la question de la vérité. En effet, les traditions sont héritées du passé, il s’agit de pratiques transmises de générations en générations. Autant cette question se pose peu lorsque la tradition s’est transmise de façon écrite, autant elle est importante lorsqu’il s’agit de traditions orales. Lors de la transmission, les pratiques peuvent êtres modifiées, transformées. Il n’existe pas toujours de preuves qui démontrent que ces traditions ont réellement existés dans le passé. N’ayant aucun lien direct avec le présent, et n’ayant aucun aspect chronologique, on ne peut pas toujours établir avec assurance que les traditions se déroulaient réellement ainsi, et qu’elles avaient vraiment lieu. D’ailleurs, certains philosophes ont mis en avant un phénomène d’invention de la tradition, et notamment en temps de crise. Hobsbawm a mis en évidence l’existence de traditions récentes mais se prétendant anciennes. Elles apparaissent souvent en réponses à des crises ou de nouvelles situations. Ces traditions ont un but social et politique la plupart du temps, et essaient de rassembler des populations. Enfin, on peut aussi noter le fait qu’une tradition peut facilement être appropriée : il n’y a pas besoin d’être issu d’un groupe ou d’une famille pour en épouser les traditions.

La modernité n'est pas un concept sociologique, ni un concept politique. C'est un mode de civilisation caractéristique, qui s'oppose au mode de la tradition, c'est-à-dire à toutes les autres cultures antérieures ou traditionnelles. C’est une notion qui connote généralement une notion d’évolution historique et un changement de mentalité. La modernité, comme la tradition, peut toucher tous les domaines : État moderne, technique moderne, musique et peinture modernes, mœurs et idées modernes, elle s’établit au niveau des mœurs, des modes de vie. Par définition, la modernité n’est pas fixe, mais sans cesse en mouvement, aussi bien dans ses formes, que dans ses contenus. Elle n’obéit à aucune loi, il n'y a que des traits de la modernité. Il n'y a pas non plus de théorie, mais une logique de la modernité, et une idéologie. La modernité est un besoin pour les sociétés. Aucune civilisation ne peut rester figée dans ses pratiques ancestrales. Ce sont les contextes (économiques, politiques, sociaux) qui vont provoquer une modification des conditions et des modes de vie (c’est le cas aujourd’hui par exemple avec l’ère de la productivité, le phénomène de mondialisation, d’internationalisation). Autant la tradition est concentrée sur le passé, autant la modernité est axée sur l’avenir. La modernité est un besoin pour les sociétés. Nietzsche disait « il est absolument impossible de vivre sans oublier ». A chaque crise sociale, technique, politique, la nouveauté et le progrès s’imposent : en quelque sorte, c'est la « tradition du nouveau » (Harold Rosenberg). Un détachement de la tradition semble nécessaire. Nietzsche dans considérations inactuelles, tome II, affirme en effet que la tradition est un danger envers la modernité : « le danger est que toute chose ancienne et passée (…), finit par être couverte d’un voile uniforme de vulnérabilité, tandis que (…) ce qui est nouveau et en train de naître se trouve rejeté et attaqué ».

Partie III

Pour survivre, ou continuer à vivre, une tradition doit s'adapter. Ce sont les hommes qui sont responsables de déterminer comment doit se faire cette adaptation, c’est le seul moyen de conserver leur patrimoine. La vie moderne gagne le monde entier, et aujourd’hui avec le phénomène de mondialisation, l'humanité tout entière tend à s'uniformiser. Il semble apparaitre une certaine forme d’identité commune au monde entier, une mise à niveau de toutes les sociétés en quelque sorte. Si les hommes veulent conserver les traditions, il faut donc les adapter à la modernité, c’est-à-dire leur trouver de nouvelles raisons d'être, et cela est possible si elles continuent à procurer un attachement nouveau pour ce qui est passé. L’anthropologue J.Pouillon disait : « Il ne s'agit pas de plaquer le présent sur le passé mais de trouver dans celui-ci l'esquisse de solutions que nous croyons justes aujourd'hui non parce qu'elles ont été pensées hier mais parce que nous les pensons maintenant ». Dans cette acception, elle n'est pas (ou pas nécessairement) ce qui a toujours été, elle est ce qu'on la fait être. Certes, la tradition peut-être perçue comme une richesse, dans le sens où elle est une mémoire, toujours vivante, de la diversité et la richesse de cultures dans l’histoire de l’humanité. Elle a donc tout lieu d’être sauvegardée, étudiée et valorisée. Mais ceci, bien sûr, à condition que sa place soit seconde (c’est-à-dire qu’elle soit utilisée à bon escient sans prendre une place trop prépondérante) et qu'elle ne soit pas en contradiction avec les valeurs dominantes de la modernité, telles que les droits de l’homme, l’égalitarisme, etc… Sinon, elle redevient un frein. De plus, ce qui représente la modernité aujourd’hui deviendra peut-être un jour tradition. H. Arendt dans la crise de la culture, affirme : « La tradition préservait le passé en transmettant d'une génération à la suivante le témoignage des ancêtres, qui, les premiers, avaient été les témoins et les créateurs de la fondation sacrée et l'avaient ensuite augmentée par leur autorité au fil des siècles ». C’est un « eternel recommencement ». Il faut déterminer la valeur que nous accordons à la tradition. Son enjeu est décisif dans l'histoire de l'humanité qui, sans elle, ne serait pas ce qu'elle est. Face aux dangers de la mondialisation, on peut observer que le retour aux traditions est mis en valeur. Transmettre une tradition relève du choix (est-ce qu’une valeur nous semble importante ou non), mais utiliser une tradition nécessite de l’adapter à la modernité.

La tradition est un phénomène général, un phénomène social elle est aussi un phénomène constamment changeant, un phénomène qui ne peut se perpétuer sans subir de modifications, en rapport avec les contextes actuels : un phénomène qui disparaît s'il ne s'adapte pas. D’après le livre d’Hannah Arendt, dans la crise de la culture, au sujet de la tradition et l’âge moderne, on constate que Hegel, en envisageant l’histoire comme un tout logique et ordonné, fait d’oppositions et de dépassement, montre que la tradition de pensée dite éternellement valable est illusoire. En effet, autant on ne peut pas séparer la tradition du présent, autant une tradition ne sera jamais valable indéfiniment. L’avantage que représente la tradition, c’est qu’elle permet de prendre du recul sur l’information, sur l’actualité, sur tous les évènements qui se passent aujourd’hui. C’est un facteur explicatif de tout ce qui se déroule aujourd’hui. La tradition est également indispensable pour faire avancer les idées, et ce dans n’importe quel domaine, c’est un appui duquel vont découler toutes les idées nouvelles. Pascal également, dans Préface pour le Traité du vide, reconnait que le savoir des modernes n’aurait pas pu se constituer sans le savoir des anciens. Il en est de même dans le domaine scientifique. Thomas Kuhn, dans La Structure des Révolutions Scientifiques, explique que les paradigmes (que l’on peut assimiler en quelques sortes à des traditions), ont été les piliers de la science normale, c’est-à-dire les premières théories sur lesquelles les scientifiques ont pu s’appuyer pour améliorer et découvrir de nouvelles théories scientifiques : « les paradigmes guident les recherches en l’absence de règles ». La science est le domaine par exemple où des traditions se perpétuent, puis disparaissent, et de nouvelles apparaissent au fur et à mesure que la science se modernise et progresse. Il affirme également : « Le fait même qu’une nouveauté scientifique importante émerge si souvent simultanément de plusieurs laboratoires, prouve d’une part la nature fortement traditionnelle de la science normale et d’autre part le fait que cette entreprises traditionnelle prépare parfaitement la voie de son propre changement. ». Hannah Arendt également, dans la crise de la culture, au sujet de la tradition et la modernité, même si elle en fait la critique, nous montre que des auteurs tels que Marx, ou Nietzche, même s’ils peuvent critiquer la tradition (et ici, il s’agit de la tradition philosophique) se sont tout de même appuyés sur elle pour fonder leurs nouvelles théories

Jean d’Ormesson a dit « La plus haute tâche de la tradition est de rendre au progrès la politesse qu'elle lui doit et de permettre au progrès de surgir de la tradition comme la tradition a surgi du progrès ». En effet, en tant qu’héritage inévitable, la tradition est un vrai pilier pour les hommes : ils peuvent à la fois s’y rattacher, et à la fois s’appuyer sur elle pour progresser, comme un marchepied, pour « voir mieux »... Il y a donc un réel lien entre la tradition et la modernité. Autant la tradition doit s’adapter au présent, autant la modernité s’appuie elle aussi sur la tradition. Cependant, cela suppose certaines « conditions d’utilisations » de la tradition : son usage doit être limité et non absolu, elle doit être relativisée (notamment à cause de l’incertitude de son fondement, de sa vérité), au risque de devenir un vestige, elle doit être utilisée avec la raison. C’est comme cela que la tradition pourra accomplir la tache qui lui est assignée, c’est-à-dire être un élément d’osmose, de cohésion pour les sociétés, les communautés. Au final, si l’on devait donner une nouvelle définition de la tradition, on pourrait dire que c’est l’élément tiré du passé mais qui revit dans le présent, sur lequel les hommes peuvent s’appuyer pour construire leur avenir.