Rousseau, Essai sur l'origine des langues: Le naturel des émotions

Dernière mise à jour : 07/06/2021 • Proposé par: Serge Boarini (professeur)

Texte étudié

Les affections sociales ne se développent en nous qu'avec nos lumières. La pitié, bien que naturelle au coeur de l'homme, resterait éternellement inactive sans l'imagination qui la met en jeu. Comment nous laissons - nous émouvoir à la pitié ? En nous transportant hors de nous - mêmes ; en nous identifiant avec l'être souffrant. Nous ne souffrons qu'autant que nous jugeons qu'il souffre ; ce n'est pas dans nous, c'est dans lui que nous souffrons. Qu'on songe combien ce transport suppose de connaissances acquises ! Comment imaginerais - je des maux dont je n'ai nulle idée ? Comment souffrirais - je en voyant souffrir un autre si je ne sais pas même qu'il souffre, si j'ignore ce qu'il y a de commun entre lui et moi ? Celui qui n'a jamais réfléchi ne peut être ni clément ni pitoyable. Il ne peut pas non plus être méchant et vindicatif. Celui qui n'imagine rien ne sent que lui - même ; il est seul au milieu du genre humain.

Rousseau, Essai sur l'origine des langues - Chapitre IX

Ce corrigé est disponible sur serge.boarini.free.fr, un site externe à 20aubac.
En cas de problème d'accès à la page originale, vous pouvez accéder aux copies enregistrées.

Consultez ce corrigé
Copie archive.org
Copie format PDF