Introduction
Ce texte est extrait de l’œuvre autobiographique : Les Confessions, écrit par Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), auteur du XVIIIème siècle, faisant partie du mouvement des Lumières. Ceux-ci sont les héritiers des humanistes qui plaçaient l’homme au cœur des réflexions. Les lumières poursuivent leur quête du savoir, toutefois, avec une démarche plus engagée. Les auteurs tels que Rousseau, incitent le lecteur à se servir de son esprit critique en se dégageant des dogmes et des préjugés. Les Confessions constituent une œuvre posthume qui fut publiée en 1782 et 1789. L’extrait étudié ici, intitulé « Le peigne brisé » narre un épisode de la vie de l’écrivain, alors qu’il était encore un enfant, lorsqu’il brisa un peigne. Il vivait alors chez les Lambercier après que son père l’y ait laissé, et était dans une situation de bonheur. Cet épisode va briser cela, et constitue la rupture de ce bonheur. Le texte s’intègre bien dans le projet de l’auteur, énoncé dans l’exergue de son œuvre (et non le prologue) : celui de se justifier, de se laver de tout soupçons portés par ses ennemis. Nous tentons de répondre à la problématique suivante : Pourquoi cet épisode est-il déterminant dans la conception que Rousseau a du monde ? Nous la traiterons en trois axes. Tout d’abord, nous verrons que cet épisode est un souvenir particulièrement marquant pour Rousseau, nous remarquerons ensuite qu’il la considère comme une affaire criminelle, et enfin, nous montrerons l’innocence perdue de Rousseau.
I. Un souvenir marquant
A) Une injustice
Le souvenir de cet épisode de sa vie est très marquant pour Rousseau, car il constitue une injustice criante à ses yeux. Hormis l’utilisation directe de ce mot au troisième paragraphe, Rousseau clame aussi son innocence dans l’expression : « un crime que je n’avais pas commis », utilisant une négation pour souligner le rôle qu’il n’a pas joué dans cet accident. Il insiste en faisant une répétition du mot « innocence ». Il énumère une série de faits qui doivent le disculper, prouvant ainsi l’injustice : « que j’en étais innocent, que je n’avais ni cassé, ni touché le peigne, que je n’avais pas approché de la plaque, et que je n’y avais même pas songé », cette énumération étant renforcée par les parallélismes utilisés dans la phrase. De plus, la partie « ni cassé, ni touché », présente un rythme régulier mimant la fermeté de Rousseau sur son innocence : il est absolument « inébranlable ». Il utilise à nouvea