Voltaire, Candide - chapitre 1

Fiche d'un élève qui : présente les personnage (partie I), énonce les caractéristique que l'on retrouve dans les contes (partie II) et enfin analyse le style de Voltaire et son effet sur le lecteur (partie III). D'autres notions sont présentées en fin de commentaire.

Dernière mise à jour : 16/03/2021 • Proposé par: zetud (élève)

Texte étudié

Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu'il était fils de la soeur de monsieur le baron et d'un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l'injure du temps.

Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres. Sa grande salle même était ornée d'une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier. Ils l'appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes.

Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par là une très grande
considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable. Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son père. Le précepteur Pangloss était l'oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère.

Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles.

« Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées, et pour en faire des châteaux, aussi monseigneur a un très beau château ; le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ; et, les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l'année : par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout est au mieux. »

Candide écoutait attentivement, et croyait innocemment ; car il trouvait Mlle Cunégonde extrêmement belle, quoiqu'il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu'après le bonheur d'être né baron de Thunder-ten-tronckh, le second degré de bonheur était d'être Mlle Cunégonde ; le troisième, de la voir tous les jours ; et le quatrième, d'entendre maître Pangloss, le plus grand philosophe de la province, et par conséquent de toute la terre.

Un jour, Cunégonde, en se promenant auprès du château, dans le petit bois qu'on appelait parc, vit entre des broussailles le docteur Pangloss qui donnait une leçon de physique expérimentale à la femme de chambre de sa mère, petite brune très jolie et très docile. Comme Mlle Cunégonde avait beaucoup de dispositions pour les sciences, elle observa, sans souffler, les expériences réitérées dont elle fut témoin ; elle vit clairement la raison suffisante du docteur, les effets et les causes, et s'en retourna tout agitée, toute pensive, toute remplie du désir d'être savante, songeant qu'elle pourrait bien être la raison suffisante du jeune Candide, qui pouvait aussi être la sienne.

Elle rencontra Candide en revenant au château, et rougit ; Candide rougit aussi ; elle lui dit bonjour d'une voix entrecoupée, et Candide lui parla sans savoir ce qu'il disait. Le lendemain après le dîner, comme on sortait de table, Cunégonde et Candide se trouvèrent derrière un paravent ; Cunégonde laissa tomber son mouchoir, Candide le ramassa, elle lui prit innocemment la main, le jeune homme baisa innocemment la main de la jeune demoiselle avec une vivacité, une sensibilité, une grâce toute particulière ; leurs bouches se rencontrèrent, leurs yeux s'enflammèrent, leurs genoux tremblèrent, leurs mains s'égarèrent. M. le baron de Thunder-ten-tronckh passa auprès du paravent, et voyant cette cause et cet effet, chassa Candide du château à grands coups de pied dans le derrière ; Cunégonde s'évanouit ; elle fut souffletée par madame la baronnedès qu'elle fut revenue à elle_même ; et tout fut consterné dans le plus beau et le plus agréable des châteaux châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles.

Voltaire, Candide, ou l'Optimisme - chapitre 1

Pour l'intro

Voltaire est un écrivain engagé qui a un goût prononcé pour la provocation et la polémique. (donc publie sous pseudo docteur Ralph pour éviter problèmes).
Titre : Candide ou l'Optimisme. Conte va servir à ridiculiser l'optimisme, une théorie invoquée par Leibniz que Voltaire qualifie de « doctrine dangereuse car elle conserve le pouvoir en place». Pangloss va être la personnification de ce courant philosophique, il va donc s'en prendre plein la tête durant tout le conte
Annonce du plan (« Voltaire présente ses personnages dans cet incipit inspiré de l'univers du conte, mais effectue des effets de distorsion destinés à avertir le lecteur »)

I. Présentation des personnages

A - Candide

-ordre d'apparition chronologique par rapport à la place du personnage dans l’histoire : candide est présenté avant le baron (qui est quand même le propriétaire du château et le seigneur local), voltaire annonce ainsi qu'il va accorder + d'importance à candide. De + candide présenté en 12 lignes, le baron en 6

-caractère naïf du héros est mis en valeur (« l'esprit le plus simple »). physionomie en relation avec le caractère du personnage. C'est le nom du héros qui a donné aujourd'hui tout son sens à l'adjectif « candide* »

-candide est un enfant « naturel » : double sens de « naturel », il se complique pas la vie, il est « nature », mais en même temps un enfant naturel possède une filiation douteuse. C'est dit explicitement qu'il est peut-être un enfant illégitime

B - le baron et son fils

-baron présenté par ses biens. Il est donc intéressant pour l'histoire seulement parce qu'il est puissant et que faut quand même présenter le maître des lieux. Mais richesses du baron dérisoire : les chiens de chasse servent de chiens de basse-cours. On l'appelle « monseigneur » selon sa volonté, il se veut l'équivalent d'un prince

-énumération des biens du baron, phrases brèves, pas de relations de cause à effet (est-ce qu'on est puissant parce que son château à une porte ?) : la quantité prime sur la qualité, ça va être le cas à chaque fois qu'on va parler de lui

-on présente le fils par une phrase: « [il] paraissait en tout digne de son père » (donc pour voir description du frère, se référer à celle du père. A l'époque, on demandait rien d'autre à un fils que d'être la réplique du père)

C - la baronne, Cunégonde et Pangloss

-la baronne est respectée parce qu'elle est en surcharge pondérale (350 livres correspondent quand même à près de 160 kilos…) on sait rien d'elle, juste que c'est une baronne (et donc une bonne maîtresse de maison)

-Cunégonde est « fraîche grasse et appétissante » (elle tient son poids de sa mère). Voltaire aurait voulu décrire un kinder surprise qu'il n'aurait pas agit différemment. Elle est présentée comme candide la voit : Cunégonde est une sucrerie.

-Pangloss appartient à cette noble famille, il est présenté de manière élogieuse sur un ton admiratif (superlatif du « + grand philosophe de toute la terre »), décrit comme le jeune candide voit son savant précepteur

II. Les caractéristiques du conte

A - le rôle traditionnel du conte

-un conte est rarement un pavé de 3000 pages : on doit faire court. Donc la présentation des personnages est faite selon le caractère qui va ressortir après. C'est pour ça que le héros s'appelle candide, on le connaît pas mais on sait déjà qu'il est naïf)

-dans un conte il faut des aventures, et chacune doit apporter quelque chose au héros. Vu l'innocence du Candide qui nous est présenté, on sait déjà qu'il va lui falloir pas mal d'aventures avant de comprendre la vraie vie.

-Candide est un conte philosophique, ce qui signifie que le personnage principal va être héros malgré lui (vu le caractère de candide, on s'attend pas trop à ce qu'il soit prit d'un élan héroïque à un moment ou un autre du conte)

B - le cadre

-époque atemporelle, pas de date ni rien

-lieu inconnu qui inspire le mystère

-important pour ceux qui doivent étudier toute l'œuvre : histoire s'ouvre sur une communauté dans un endroit fermé (le château) tout comme elle se terminera autour d'une communauté (à peu près la même, avec quelques personnages en + et en moins) dans un lieu fermé (la métairie)

C - l'écriture du conte

-dès la 1ère ligne, on sait qu'il s'agit d'un conte avec l’utilisation de la formule traditionnelle « Il y avait… »

-on retrouve le monde du conte, résumé à la perfection par Pangloss dans son expression « tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles ». C'est donc un monde utopique que voltaire ridiculise dès le titre : « en icelui » était un terme signifiant « ici » qui déjà pour l'époque était périmé. Il se moque ainsi de ces petits nobles qui se font passer pour de grands aristocrates et utilisent des mots de la vieille noblesse

-voltaire se moque du monde germanique et de la dureté de la langue allemande avec l'allitération en dentales* du château de « thunder-ten-tronckh »

III. Le style de Voltaire

A - les rapprochements faussement logiques

-voltaire effectue des rapprochements logiques en apparence, ridicules en réalité (il est logique qu'on soit considéré comme un seigneur puissant parce que même sa grande salle est ornée d'une tapisserie…). Il rapproche des termes qui suggèrent que tout est illusoire (« chiens de basse-cours » généralement bon marché s'opposent aux « chiens de meute » qui coûtaient une fortune à l’époque)

-raisonnement de candide sur les 4 degrés de bonheur sont censés être évidents (on est forcément heureux quand on est né baron de thunder-ten-tronckh)

-voltaire démontre que la considération des autres vient de détails illusoires (poids de la baronne). Le pouvoir relève + de l'illusion que d'une réalité justifiable : tout le monde confond la réalité et l'apparence dans ce pays. Le vicaire du village fait office de grand aumônier et les palefreniers se prennent volontiers pour des piqueurs

B - le ridicule de l'aristocratie germanique

-petite anecdote sur la filiation de Candide montre l'exigence allemande sur les quartiers de noblesse*. On apprend + tard que ces nobles seigneurs ont 72 quartiers. La sœur du baron n'a pas voulu épouser le gentilhomme qui n'en a prouvé que 71.

-Pangloss est en train de profiter de la femme de chambre derrière les buissons, Cunégonde les surprend et s'interroge sur la nature de cette « leçon de physique expérimentale ». Elle a soi-disant des dispositions pour les sciences mais confond la physique et la... biologie dirons-nous. Et puis elle dit qu'elle souhaite être savante mais ne semble jamais s'être interrogée sur sa venue au monde...

-ridiculisation de l'aristocratie (baron veut que ses domestiques et les gens du village l'appellent « Monseigneur » alors qu'il est le petit seigneur d'une petite province complètement paumée ; et a-t-il vraiment besoin d'un grand aumônier ?)

C - l’absurdité du raisonnement de Pangloss (ridiculisation de l'optimisme)

-Pangloss est très savant: il est capable de nous apprendre qu'il n'y a point d'effet sans cause... (« effets » et « causes » reviennent d'ailleurs très souvent dans ce passage : la petite communauté est imprégnée des pensées du philosophe)

-il prône les relations de cause à effet mais son raisonnement est absurde, sa conclusion est donc forcément absurde (les nez ont été faits pour porter des lunettes. C'est pas vraiment ça, c'est plutôt les lunettes qui ont été adaptées pour des raisons pratiques à la forme du nez, dont l'usage 1er est de servir à respirer)

-le petit discours de Pangloss semble structuré mais s'il avait réfléchi un peu, il aurait jamais dit ça : il flatte le baron sur son magnifique logement et dit juste après, dans la même phrase, que les cochons sont faits pour être mangés. Il rapproche inconsciemment « le plus grand baron de la province » des cochons de la basse-court

Pour la conclusion: monde illusoire, qui fonctionne sur des valeurs fausses ; les richesses, le pouvoir, et même la connaissance sont des trompes l’œil (c'est pas parce qu'on est 1e plus grand baron de la province qu'on l'est dans tout le pays)
Le lecteur sait que amour de Cunégonde va être fil conducteur du conte.
On s'attend bien à une confrontation entre la vision de Candide du meilleur des mondes et la réalité hors de la province

Lexique utile et notions supplémentaires

- Allitérations en dentales: répétition de «d» et «t », qui sont des consonnes dures à l'oreille. Le nom inventé du château thunder-ten-tronckh constitue donc une parodie de la langue allemande et de ses sonorités

- Quartiers de noblesse : un ancêtre qui est noble représente un quartier. Donc plus on a de quartiers, plus on a d'ancêtres nobles et plus on est digne d'être respecté. (Notons que 71 quartiers de noblesses correspondraient à une généalogie de 2000 ans… Un peu dur à garantir)

-on est immergé dans un milieu traditionnel avec les nobles, la bonne famille, le petit village. Mais la sœur est présentée avant le frère, les chiens avant le vicaire…

-la Westphalie (ou Vestphalie, ça dépend des éditions) existe vraiment ! (Westfalen en allemand) C’est un Land (un Land, des Lander) situé entre la Rhénanie du Nord et la Basse Saxe.

-quelques arguments supplémentaires pour montrer que ces nobles Westphaliens se prennent pour de grands aristocrates : il y a un petit bois près du château, et on l’appelle « parc », comme dans les grandes demeures ; la tapisserie apparaît comme un objet de grande valeur, mais on ne sait même pas de qui est cette merveille, c’est donc qu’elle n’en est pas une, mais est considérée comme telle par ces incultes de l’art ; les villageois « riaient quand [le baron] faisait des contes », soit ils rient vraiment, parce qu’il leur raconte des histoires drôles, mais ça ne semble pas être le genre de la maison, donc seconde possibilité : ils se moquent purement et simplement de lui, et il ne s’en rend pas compte

-le dernier paragraphe compte 2 phrases, dont une de 13 lignes : c'est l'énumération des actions effectuées qui vont entraîner le renvoi de Candide. Tout se passe très vite (accumulation des actes). Il suffit d'une peccadille pour bouleverser le fragile équilibre qui régissait ce monde parfait (donc il est pas si parfait que ça)

-le choix des prénoms : Candide pour la candeur, je l'ai déjà dit. Mais Cunégonde? Depuis les romans épiques du moyen-âge, Cunégonde est un symbole de beauté (on se rappelle les textes étudiés en 5ème avec les belles princesses avec de beaux cheveux blonds comme les blés, avec des belles robes qui font ressortir leurs beaux yeux bleus). Ici, ce prénom est ridicule, il est utilisé pour une gamine de 17 ans qui ressemble plus à un kinder qu'à la femme fatale dont tous les chevaliers des romans du Moyen-Age sont épris. Mais elle correspond quand même au fantasme sexuel de Candide (cf la 1ère syllabe révélatrice du prénom de la demoiselle…)

-à la fin, «innocemment» est répété 2 fois pour rappeler la candeur du héros et pour montrer qu'il se fait expulser du château pour un méfait dont il n'a pas conscience

-l’optimisme est une théorie qui apparaît en 1663 dans l’ouvrage du philosophe allemand Leibniz, De Principio Individui. Il y démontre que Dieu, en créant le Monde, n’a pu créer un Monde parfait car seul Dieu lui-même est parfait, ses créatures sont imparfaites. Ainsi, certaines des parties de l’Univers sont touchées par un Mal nécessaire au triomphe du Bien. Donc Pangloss défend que chaque catastrophe, chaque difficultés rencontrées sur Terre engendre forcément un événement heureux. Pour appuyer sa théorie, Leibniz fait appel au « principe de raison suffisante » : « Rien n'arrive sans qu'il soit possible à celui qui connaîtrait assez les choses de rendre une raison qui suffise pour déterminer pourquoi il en est ainsi et non autrement. » (Leibniz, Principes de la nature et de la grâce) ; « Jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison déterminante qui puisse rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon. » (Leibniz, Théodicée, I, 44). Ainsi, pour faire clair et selon Leibniz, tout évènement possède une explication rationnelle, qui fait que toute catastrophe fait partie d’un enchaînement rigoureux d’actions qui conduisent toujours à un Bien. C’est pourquoi Pangloss cherche toujours une raison pouvant expliquer un fait inexplicable, et que l’expression de « raison suffisante » apparaît dans le passage : « [Cunégonde] vit clairement la raison suffisante du docteur [qui est je le rappelle en train de manifester son affection pour la femme de chambre], les effets et les causes, et s’en retourna […] toute remplie du désir d’être savante, songeant qu’elle pourrait bien être la raison suffisante du jeune Candide, qui pouvait aussi être la sienne. ». Autrement dit, elle a maintenant hâte de se faire dépuceler, et ce serait vraiment bien si c’était par Candide…

-Attention ! Rien de ce qui est cité par Pangloss n’est de Leibniz (et surtout pas le « tout est au mieux dans le meilleur des mondes ») ! Seul les grands axes de la raison suffisantes et du Mal nécessaire appartiennent au philosophe, mais sinon Voltaire a pris un malin plaisir à résumer en 3 mots de Pangloss ce qui tient en 300 pages de Leibniz. Car Leibniz était un scientifique, contrairement à Voltaire qui est homme de Lettre. Leibniz est, je le rappelle, l’un des plus grands philosophe et savant occidentaux, le découvreur du calcul infinitésimal, le trouveur d’une machine à calculer plus perfectionnée que celle de Pascal, l’inventeur des « monade », l’auteur d’une thèse sur le principe d’individuation, et de bien d’autres ouvrages scientifiques. Et de plus, ce n’est pas vraiment Leibniz qui est visé à travers Pangloss, mais son disciple, Wolf

-Pangloss enseigne la métaphysico-théologo-cosmolonigologie : pas d'explication néces-aire, ça n'existe pas. Ou peut être que ça existe, mais étant donné que Pangloss est dans ce cas le seul adepte de cette science douteuse, c'est exactement pareil. Et on remarque en plus le mot « nigologie ». Serait-ce la science des nigauds, et donc des abrutis achevés dont fait partie notre cher philosophe ? Je précise of course que ces disciplines n’ont pas été choisies au hasard : Wolf a étudié la logique, la métaphysique, puis la cosmologie et la psychologie pour finir avec la théologie… Voltaire en profite donc pour se moquer de lui, une fois n’est pas coutume

-l’intitulé de Candide ou L’Optimisme : « Avec les additions qu'on a trouvées dans la poche du docteur, lorsqu'il mourut a Minden, l'an de grâce 1759 ». Minden est une grande bataille de la Guerre de Sept Ans durant laquelle s’affrontèrent la France à l’Angleterre. L’armée française se fit rétamer à plates coutures, et l’anniversaire de cette victoire est encore fêté en Angleterre.

-au début de sa vie, Voltaire était un adepte de l’optimisme. Puis, les temps passant, il devint de plus en plus sceptique, jusqu’à la trouver « dangereuse car elle garde le pouvoir établit en place » (autrement dit, il l’y a pas d’évolutions possibles dans un monde optimiste puisque chacun est persuadé que tout est bien). Certains évènements l’ont en effet amené à douter de cette théorie : le tremblement de terre de Lisbonne, où moururent des dizaines de milliers d’innocents ; des problèmes personnels ; et la Guerre de Sept Ans, à laquelle Voltaire s’opposait.