Le sommeil de la raison engendre-t-il des monstres ?

jeudi 11 janvier 2007
par  Lydia COESSENS

LEPETIT Quentin Pour le lundi 18 décembre 2006
Tle S1

D.M.n°3 de philosophie

Le sommeil de la raison engendre-t-il des monstres ?

Voici plus de six millions d’années qu’est apparu le seul et unique être vivant doué de raison sur notre petite planète bleue. Au cours des derniers siècles, les philosophes se sont succédés, proposant chacun une définition précise du propre de l’Homme que constitue la raison. Si l’on devait tirer une définition générale de celle-ci, on la qualifierait de faculté supérieure qui commande aussi bien le langage, la pensée, que la connaissance et la moralité. Ainsi, l’Homme est présenté comme l’être supérieur par excellence, être capable de se construire un savoir, être capable de porter un jugement juste sur une réalité, mais aussi être capable de demeurer dans la sagesse, dans le respect de son prochain, bref un être capable de se conduire moralement. Pourtant, force est de constater que certaines conduites humaines (peut-être parfois inhumaines) n’ont rien de raisonnables, dans le sens où elles vont à l’encontre de la raison, source de l’humanité. L’humanité doit être définie comme étant ce qui confère à l’Homme son caractère sacré, qui oblige non seulement envers autrui, mais aussi envers soi-même. L’Homme est un être capable de se représenter une fin, et à ce titre, il est en lui-même une fin. Kant, dans le Fondement pour la métaphysique des mœurs, écrit à ce sujet : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen ». Les hommes, inhumains au strict sens du terme, peuvent-ils pour autant être qualifiés de monstres, monstruosité devenant alors synonyme d’inhumanité ? On ne peut croire cependant que leur monstruosité, leur non-conformation au genre humain pourrait-on dire, est permanente, qu’elle a toujours pris le pas sur la raison, sur leur raison. Serait-ce la raison qui sommeille, qui s’endort, qui se repose peut-être ? L’inactivité totale ou partielle de la raison peut-elle alors engendrer des monstres ? En effet, le sommeil de la raison, qui joue un ou plutôt LE rôle prépondérant dans le fonctionnement de l’organisme humain, serait synonyme d’absence de contrôle de nos désirs, désirs fréquemment monstrueux. Mais quand bien même notre raison sommeille, de son plein droit, n’existe-t-il pas des alternatives à son sommeil, tels que les sentiments ou bien notre surmoi ? Au contraire, la raison qui fonctionne parfaitement, parfois de manière totalitaire, ne peut-elle pas elle-même conduire un individu raisonnable à la monstruosité, parfois bien plus terrible que celle issue du sommeil de la raison ? Là est tout le paradoxe du fonctionnement de la raison, raison aux multiples bienfaits mais aussi aux multiples dangers.

La raison est généralement perçue comme un guide, comme le meilleur guide que l’humanité ait pu trouver. La raison guide notre esprit dans son investigation réfléchie et ordonnée de tout ce qu’il cherche à connaître, et doit donc permettre d’accéder au savoir universel. Cette raison qualifiée de théorique par Kant, permet d’ériger des lois universelles, lois qui régissent le monde, monde des choses, monde humain. Mais il est nécessaire de distinguer deux étapes régissant le processus menant à la connaissance : la sensibilité de l’être, par laquelle les objets lui sont donnés dans des intuitions sensibles, et l’entendement par lequel ces mêmes objets sont pensés et mis en relation, de telle sorte qu’il existe pour l’Homme une Nature soumise à un ordre et à des lois. Ainsi, la connaissance trouve ses fondements, ses conditions, dans la subjectivité du sujet pensant, c’est-à-dire que la raison théorique prend racine dans le regard de l’être censé sentir, percevoir une réalité ou une vérité. La valeur de la raison théorique définie par Kant peut clairement être remise en question, ce que Kant a fait lui-même, puisque s’appuyant sur la subjectivité, sur la partie sensible, empirique de l’être, et ne pouvant par là-même conduire à la vérité absolue. Certes, la raison théorique est présente au sein de l’être mais son activité ne peut être reconnue comme étant une rampe d’accès à la connaissance universelle, dans la mesure où l’entendement humain ne peut penser que des objets préalablement donnés, soumis à l’intuition sensible. Selon Kant, l’Homme n’a accès qu’à l’intuition sensible, l’intuition intellectuelle étant réservée à Dieu. Reste à prouver son existence, mais ne tombons pas dans la digression. Kant a mis en évidence un second usage de la raison ; il s’agit de la raison pratique. C’est cette raison même qui pousse l’être vers une conduite morale, plus rigoureusement formulé vers une conduite moralement bonne. La seule action moralement bonne l’est dans sa forme et non dans sa matière ; c’est celle qui procède d’une intention pure, qui est accomplie par devoir. La volonté bonne ne peut vouloir se conformer, s’aliéner à la sensibilité de l’individu qui désire, ou plutôt veut agir moralement. Cette volonté est nécessairement pure, puisque se soumettant au devoir par pur respect du devoir moral, et par extension purement apathique puisque agissant indépendamment de tout empirisme. Elle sait rester insensible aux intérêts du sensible, sensible de l’individu en question mais aussi sensible d’autrui. A l’inverse de la « bonne volonté » soumise à l’impératif hypothétique et prenant en compte les intérêts d’autrui, la volonté bonne est prescrite par l’impératif catégorique (impératif a priori) par lequel « elle veut sa propre pureté », et est alors présentée comme la volonté de la volonté. La raison se veut universalisable dans son usage pratique, l’universalité étant la première exigence de la volonté. Par là-même, l’individu agissant moralement doit pouvoir formuler une maxime, dont la valeur serait universelle, rendant compte de son action moralement bonne : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne universelle ». Son prochain doit pouvoir se reconnaître dans cette action morale ; la moralité d’une action morale est reconnue par autrui, donc par la société, d’où son universalité. Par conséquent, sera valable une action dont nous pouvons universaliser le principe, c’est-à-dire une action dont nous pouvons considérer le principe comme valant pour tout homme. Mais l’Homme, ou plutôt sa conscience d’homme, est libre de se soumettre, quelles que soient les circonstances, à cette loi édictant le principe a priori de l’activité morale. C’est ici que réside la principale limite de la raison pratique, dans le sens où le devoir moral n’est pas une obligation. Certes, la raison pratique est universelle, comme nous venons de le démontrer, mais sa mise en pratique, pourrait-on dire, son actualisation au sein de l’être est très aléatoire et particulière. Partons du fait acquis que notre âme est le réservoir d’innombrables désirs, cherchant perpétuellement à se réaliser. Notre conscience morale, qui nécessite l’activation de notre raison pratique, se trouve dans un rapport de force continu, pourrait-on croire, avec nos désirs bas, immoraux, produits de notre âme. Notre raison pratique a pour but d’annihiler ces désirs déraisonnés. C’est ainsi que nous parvenons à contenir nos pulsions sexuelles mais aussi de mort, grâce au rôle de vigile de notre raison pratique. Nous obéissons alors à notre devoir moral pour continuer à être accepté en tant qu’être raisonnable par notre société, mais aussi et surtout par nous-mêmes ; nous voulons conserver notre humanité. Pour cela, nous élisons d’autres désirs, plus moraux, que nous qualifierons de désirs arraisonnés. Par ce processus d’arraisonnement des désirs, nous sommes dans l’altérité des désirs, puisque nous fomentons des désirs non essentiels à notre être, peut-être à l’origine de notre malheur. Nous sommes donc dans le non-être, dans la dénaturation de notre personne. Avons-nous réellement le choix ? Que choisir entre la monstruosité ou le non-être ? Certains individus font le choix de se correspondre à eux-mêmes, c’est-à-dire de ne point refouler ces désirs monstrueux de crime, de pédophilie, pour ne citer qu’eux. Nous nous garderons bien de juger leur choix et leurs actions qui s’ensuivent, mais nous ne pouvons renier le fait qu’ils aient le « mérite » de s’accepter en tant que tels. Peut-être sont-ils des monstres, mais des monstres naturels du moins ? Tous les désirs déraisonnés qui animent un être sont nécessairement naturels, puisqu’ils surgissent indépendamment de sa volonté, au gré de la nature. Puisque ces désirs sont naturels chez l’Homme, puisqu’ils sont de nature humaine, les accepter ne serait-ce pas un acte faisant preuve d’humanité ? Cet être serait conforme à sa nature d’homme, à sa dimension humaine, mais aux yeux de tous les êtres de raison, il serait un monstre, un monstre amoral, dépourvu de conscience morale, en d’autres mots un être inhumain. Cependant, la raison n’est-elle pas, elle-aussi, humaine ? Quand l’être choisit de suivre la voie de ses désirs, aussi monstrueux soient-ils, croyant avancer dans l’humanité, il va à l’encontre d’une part de son humanité, c’est-à-dire à l’encontre de sa raison. Il est alors dans la fausseté, dans l’erreur d’interprétation de ce qui constitue l’humanité. En effet, les désirs ne sont pas propres à l’Homme, de nombreux êtres vivants connaissant des désirs, des pulsions, alors que la raison, elle, est propre à l’Homme, elle est source de sa singularité. L’individu raisonnable est donc bien le plus humain, aurions-nous envie de dire. Mais, pour en revenir à l’animalité, il faut remarquer que les désirs présents dans le monde animal se limitent la plupart du temps à des pulsions sexuelles, à des désirs de reproduction, de perpétuation de l’espèce. Le passage à l’acte, autrement dit l’accomplissement de ces désirs, est totalement contrôlé, notamment en commun accord avec la femelle. La monstruosité n’existe donc pas chez les animaux, bien qu’ils éprouvent parfois des désirs semblables à certains désirs humains. La monstruosité est donc déterminée par la raison humaine, elle ne s’actualise qu’en présence de cette raison. C’est la raison elle-même qui rend nos désirs monstrueux ; aucun désir n’est monstrueux en lui-même, il le devient par le jugement rendu par la raison. La raison est en quelque sorte le Souverain Juge, qui décide de qualifier certains désirs de monstrueux, et d’autres de désirs vrais. La raison est normative, elle impose ses normes, ses propres règles. La raison nous effraie, elle nous fait croire que nos désirs sont monstrueux, alors qu’elle est cause de leur monstruosité, de notre monstruosité. Quelle démagogie ! L’intérieur, l’âme de certains êtres ne tarde pas à se révolter contre cette raison, cette raison mensongère. Nos désirs entament un bras de fer contre cette barrière dominatrice, ils entrent dans un rapport de force connaissant des interruptions. Notre âme désirante sort rarement triomphante de ce combat tout à fait légitime, mais néanmoins il lui arrive quelquefois de prendre le pas sur la raison. Et quand elle parvient à ses fins, autant dire qu’elle profite pleinement du sommeil de la raison. Nos désirs conscients mais aussi et surtout inconscients, refoulés dans le passé par notre conscience morale, par notre raison pratique, se substituent alors à notre raison, à notre conscience inconsciente. Ces désirs paranomiques, c’est-à-dire contraires à la raison, débordent de leur vase, ils pullulent, ils se satisfont dans l’immodération. Il faut dire qu’ils avaient eu le temps de s’amasser ! Le passage à l’acte est quasi immédiat, acte qui sera qualifié de monstruosité par la société arraisonnée qui est la nôtre. Il en est ainsi pour la plupart des criminels, des pédophiles, des psychopathes, victimes du sommeil de leur raison. Il ne s’agit en aucun cas ici de réaliser le portrait de ces victimes du sommeil de leur raison, du fait de la complexité et de la particularité de ces monstruosités, sans quoi nous nous retrouverions dans la généralité, en totale inadéquation avec la réalité. Car chaque être détient son propre monstre, moi-même étant dans la totale incapacité de compréhension et d’analyse de celui-ci, principalement par manque d’objectivité. L’action immorale de ces soi-disant monstres est généralement attribuée à la folie, parfois à la déraison dans le sens d’absence totale de raison chez ces individus. Pourquoi accusation leur est-elle faite, pourquoi sont-ils considérés comme étant coupables de leur monstruosité ? Coupables du sommeil de leur raison ? Raison doublement coupable puisque cause de la monstruosité de ces désirs, de ces pulsions, mais également cause de l’activation de ces désirs par sa désactivation ! Notre raison crée en nous un monstre intérieur, un monstre doté de tous les vices considérés par la raison-même, mais elle en perd parfois le contrôle, un peu à l’image du chimiste qui déclenche une réaction sans pouvoir la contrôler, comme pour les réactions de fusion nucléaire. Ainsi est mis en relief l’incompétence de la raison, raison qui contrôle nos désirs, qui refoule notre monstruosité, mais raison capable de gâcher toute son œuvre brusquement. L’être raisonnable est peut-être, comme l’a dit G.Marcel, avant tout et fondamentalement celui qui perçoit les limites de la raison. Comment cette raison, que l’on pouvait concevoir comme notre meilleur guide, peut-elle être aussi défaillante ? Serait-ce une punition divine ? Ne reste-t-il qu’il est plus que nécessaire de pallier les défaillances de notre raison. Ayant pris conscience d’une certaine faiblesse de la raison, à qui ou à quoi pouvons-nous reporter notre confiance, notre fiance comme dirait Montaigne ?

Comment l’Homme peut-il donc refouler son monstre intérieur ? Quelles institutions, intérieures ou extérieures à son être, peuvent l’aider dans son œuvre ? On distinguera deux grands remèdes aux grands maux de la raison. Il existe tout d’abord une première instance alternative au sommeil de la raison : le surmoi freudien. En effet, comme nous avons pu le voir précédemment, la raison pratique ne s’applique qu’en ce qui concerne les désirs conscients, les désirs dont nous avons pu prendre conscience, dont nous ne pouvons nier l’existence. Or, un acte psychique, de manière générale, passe par deux phases, deux états, entre lesquels est intercalée une épreuve : la censure. Dans la deuxième topique freudienne, l’acte psychique est tout d’abord inconscient. Comme tout désir, il tend à s’actualiser, à se réaliser, ou du moins à se rendre connu de notre Moi. Le Moi correspond au système conscient-préconscient de la première topique freudienne ; il est l’image que l’on a de soi, mais aussi l’image qu’autrui a de nous. Cette image est très restrictive, elle n’est en quelque sorte que la surface de notre océan personnel, au sens propre du terme. Le Moi est l’instance où se joue l’identité à soi du sujet, il est notamment le siège de notre raison, raison universelle selon Kant. Sous la surface de notre océan, vit tout un système inconscient qui, selon Freud, serait la véritable identité de l’être. Ce système, caractérisé par son obscurité, par sa grande part d’inconnu, produit sans cesse des désirs, à l’abri des regards du Moi. Platon, dans La République, qualifiait ce système de « partie bestiale et sauvage, qui rejette le sommeil pour chercher à aller assouvir ses propres penchants et qui renonce à aucun acte de démence ou d’impudeur ». Ces désirs sont pour la plupart paranomiques, ces désirs vont à l’encontre des règles morales ; leur monstruosité est telle que nous ne pouvons en avoir conscience, c’est bien le cas de le dire. Pour ne pas submerger de travail notre raison qui, nous l’avons vu, s’essouffle très vite, une instance pré-configurée pour la censure a été créée. Par qui ? Je ne saurais vous le dire. Freud lui donna le nom de Surmoi, comme si celui-ci dominait, contrôlait outrageusement notre Moi, y compris notre raison. Le Surmoi est donc l’inconscient refoulant qui va s’opposer à la réalisation des désirs immoraux. Car le Surmoi se développe lors de l’enfance à partir des interdits imposés en grande partie par les parents, mais en partie par l’individu lui-même. Ces déterminations morales et sociales, sont nécessairement issues de la raison propre à l’individu, de telle sorte que celle-ci, dès le début de notre existence, se décharge d’une partie de son travail colossal. Le Surmoi est un clone ultra performant de notre raison, qui agit silencieusement sur nos désirs inconscients. Il demeure généralement inconnu du moi, tant que l’individu n’effectue pas un travail sur soi et qu’il ne cherche pas des explications quant aux manifestations de l’activité de son inconscient, en interprétant par exemple ses lapsus ou ses rêves. N’en est-il pas mieux ainsi ? Les adeptes de la psychanalyse affirmeront le contraire. Ils m’accorderont néanmoins le fait indubitable que le sujet maintenu dans l’inconscience de son inconscient demeure dans l’inconscient de la majorité de sa monstruosité, et que, par là-même, la probabilité qu’il devienne « monstre » est considérablement amputée. Ne perd-il pas déjà suffisamment de forces dans son combat contre son monstre conscient ? L’existence d’un individu ne doit pas uniquement se résumer à la lutte contre sa monstruosité, car lorsqu’il s’intéresse à ce qui n’est pas, autrement dit à sa monstruosité refoulée, à ce qu’il aurait pu être, l’individu n’est pas. Or, nous sommes, donc nous devons être et non pas ne pas être. Pour en revenir au Surmoi freudien, il est important de remarquer que celui-ci allège considérablement la tâche de notre raison, il effectue en quelque sorte un travail préparatoire de dégrossissement de la masse de nos désirs. Il refoule vers le ça, vers l’inconscient refoulé, l’ensemble de nos désirs susceptibles de provoquer la monstruosité de notre être lors de leur réalisation. Le ça recueille donc toutes ces tendances refoulées par la censure du surmoi qui ne sommeille jamais hormis pendant notre sommeil, à la différence de notre raison, preuve qu’il est une instance alternative plus que viable. Malheureusement, ces tendances refoulées ont une profonde haine contre le surmoi, elles s’agitent, se pervertissent dans le ça. Elles cherchent par tous les chemins à rejoindre notre Moi tout en évitant toute nouvelle rencontre avec le Surmoi. Malheureusement, le ça entreprend parfois des entreprises clandestines de son plein gré, il élabore des réalisations substitutives pour ces désirs refoulés ; « ça parle, ça rêve... » (Lacan). Dès lors, notre Surmoi est impuissant : - soit parce qu’il sommeille conformément à ce que lui ordonne notre Moi. Le ça se manifeste alors pendant notre sommeil par le biais des rêves et parvient quelques fois à se manifester à notre conscience qui se réveille momentanément.
- soit parce qu’il n’est pas habilité à la censure des substitutions produites dans le ça, à cause du langage codé utilisé par notre inconscient refoulé.
Dans tous les cas, sans interprétation de ces représentations substitutives, notre Moi n’a aucunement conscience de notre monstruosité inconsciente. Mais par nature, l’Homme désire tout expliquer, tout rationaliser, y compris l’irrationnel ; il éprouve donc l’envie de comprendre les phénomènes qui habitent son intérieur et découvre alors sa monstruosité, dans la mesure où cette dernière veut bien se révéler. Il est tenté de suivre la voie de la monstruosité, de l’inconnu. Il ne lui reste plus qu’à espérer ( mais à ce moment-là ne s’agit-il pas plutôt d’un sentiment de crainte de ne pas accéder à la monstruosité) que sa raison ne sommeille pas. Auquel cas, il ne pourra plus se rattacher qu’à sa monstruosité. Monstruosité, conséquence avant tout de l’activité de son inconscient. Car, sans activité pervertie du ça, notre raison peut sommeiller sans conduire à la monstruosité. Autrement dit, le sommeil de notre raison n’est pas seul responsable de notre monstruosité, mais il est le seul responsable de la réalisation de notre monstruosité. Monstruosité provoquée par une succession de défaillances internes mais dont la propagation peut être endiguée par le recours aux sentiments vrais, naturels.
Ainsi, en cas d’extinction ponctuelle de notre raison, nos sentiments sont là pour nous éclairer. Dans ses Pensées, Pascal écrit que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Eux-aussi peuvent être considérés comme un guide dans nos actions ! En effet, lorsque notre raison sommeille, nous ne pouvons imaginer que notre sensibilité s’est elle aussi assoupie. Notre sensible est multiple, nous connaissons d’innombrables sentiments, sensations, probablement bien plus nombreux que nos désirs ou nos pulsions. Ces sentiments interviennent en permanence dans notre fonctionnement « humain » très complexe, peut-être trop... En se mélangeant à nos pulsions monstrueuses ayant ensommeillé notre raison, ils sont en mesure de nous rendre notre part d’humanité, en devenant objets de notre conscience. Ils forment ainsi, en quelque sorte, une seconde barrière nécessaire à franchir si l’on veut parvenir à la monstruosité. Nos sentiments ont une telle variabilité qu’il est quasi impensable qu’aucun d’entre eux ne soit en mesure d’annihiler nos désirs terrifiants, de nous ramener à la raison. Par exemple, étant attiré sexuellement par une jolie jeune femme, je lui déclare ma flamme. Si celle-ci rejette ma proposition, peut-être serai-je tenté de forcer cet amour, notamment par le biais du viol. Mais de là à passer à l’acte, il y a un fossé très large où coule le fleuve de nos sentiments. Nul doute que cette pulsion sexuelle sera faite prisonnière par ce courant, qui l’emportera vers le lointain, vers l’oubli. Car notre être cherche à oublier sa monstruosité passagère, probablement parce qu’elle est trop difficile à supporter. Nos tentations s’effacent devant nos sentiments, elles se résignent. Puis-je faire du mal à l’être que j’aime, que je désire ? Non, je ne crois pas. Le sentiment amoureux est et doit être plus fort que notre monstruosité ; je ne peux faire du mal par amour à un être que je chéris le plus au monde, sans trop entrer dans l’exagération. Certes, l’Homme est un être de contradiction mais il sait surmonter cette contradiction, grâce à son éducation mais aussi sa nature humaine, nature humaine morale mais également sentimentale, ne l’oublions pas. L’Homme est un être fidèle à soi, à son humanité, du moins dans la société actuelle ; mais a-t-il vraiment le choix ? Il est effrayé par la monstruosité, par sa partie obscure, inconnue, dans laquelle il ne s’est pas encore aventuré. Il craint sa monstruosité plus que toute autre chose. Cette peur le raisonne, cette peur de soi mais aussi du regard des autres. Il s’imagine vêtu de son habit de monstre, il fait l’hypothèse de l’activation de son monstre, il se soucie nécessairement du regard d’autrui. Il a honte de sa monstruosité, croyant qu’il est le seul être à connaître une monstruosité intérieure, et sait très bien que sa monstruosité, une fois extériorisée, sera encore plus difficile à traîner dans la rue, sous le regard des passants plein de dédain, de mépris, mépris de la monstruosité mais paradoxalement de l’humanité. L’Homme se caractérise par son refus de reconnaître sa monstruosité, par son hypocrisie qui veut seulement montrer son côté humain, mais qui se trompe, qui ne montre que sa moitié, sa moitié monstrueuse d’humanité. Tant que ce refus d’admettre cette vérité, vérité raisonnable puisqu’étant universelle, subsistera, les monstres subsisteront. N’est-il pas raisonnable que de reconnaître sa monstruosité, que de cesser de se mentir à soi-même, aux autres qui se mentent à eux-mêmes ? L’Homme, jusqu’à présent ou un passé très proche, était un être soumis à sa crainte ; il était bouleversé quant à l’idée de ne point accéder au paradis, de subir le jugement dernier. A cause de sa croyance, de sa foi, à l’origine de son aliénation, le chrétien se devait de nier sa monstruosité, négation imposée par cette cabale tout à fait méprisable. Il fallait à tout prix condamner les monstruosités quelles qu’elles soient ; les monstres étaient condamnés au bûcher. Non, Dieu ne pouvait pas créer des monstres, cela était impensable. On devait les éliminer ; il y avait derrière cela une volonté cathartique. L’Homme devait refouler sa monstruosité, l’éliminer de sa conscience. Mais c’est justement par ce processus-même que l’on aboutit à des monstres. Des monstres qui nient leur monstruosité, qui, en se mentant à eux-mêmes, à leur raison, se dirigent tout droit vers la déraison... Il ne s’agit pas là de faire le seul procès du christianisme, ce qui serait bien trop réducteur, mais seulement de mettre en avant l’importance de la reconnaissance de notre monstruosité. Car, si la religion prône tout à fait justement l’usage de nos sentiments comme le meilleur guide de nos actions, il faut préalablement avoir effectué un travail sur soi, avoir pris conscience de la réalité de notre monstruosité, sous peine de ne pouvoir la surmonter. Quel pesant héritage que celui religieux, qui continue à embrigader la société dans le mensonge éternel. La foi n’est en rien une alternative à la raison, qu’elle ne peut remplacer ; elle ne fait que participer au sommeil de la raison, au sommeil de l’humanité. Elle exploite, dès que possible, les défaillances de la raison. Elle nous impose des sentiments faux, aliénés et instrumentalisés, qui ne peuvent alors pallier les défaillances de notre raison, pauvre raison qui décidément ne peut se permettre de sommeiller. Diderot avait d’ailleurs affirmé l’incompatibilité entre foi et raison : « Si la raison est un don du Ciel et que l’on puisse en dire autant de la foi, le Ciel nous a fait deux présents incompatibles et contradictoires ». Nos sentiments perdent alors de leur puissance, laissant libre cours à notre monstruosité, monstruosité permise par la religion qui prétend y remédier. Oui, la religion est belle et bien actrice de notre monstruosité, monstruosité qui prend du plaisir à être dénoncée, à être refoulée maladroitement, sachant que dans ce cas-là, elle aura toujours le dernier mot. Faisons donc confiance à nos sentiments, ne cherchons pas à les orienter au risque de les désorienter. Nos sentiments sont en mesure de distinguer le Bien du Mal. Chaque être a déjà ressenti, au moins une fois au cours de son existence, des sentiments de plaisir ou, à l’inverse, de douleur. Les sensations ressenties à ces instants-là ont toutes été gardées en mémoire, par le gigantesque « disque dur » que nous avons la chance de posséder. A tout moment, nos souvenirs sont susceptibles de se manifester à notre esprit, notamment lorsque nous nous apprêtons à accomplir une action monstrueuse. Ils nous incitent alors à faire le Bien de son prochain, et non le Mal. Certes, Kant qualifierait ces actions d’immorales, mais du moins, nos sentiments ne nous permettent-ils pas d’échapper à la monstruosité ? Car, lorsque notre raison sommeille, il apparaît nécessaire d’agir avec ce qui demeure en notre possession, sous notre domination. Peut-être Kant avait-il envisagé d’autres alternatives au sommeil de la raison si grande et si forte à ses yeux ? Il a préféré taire les défaillances de la raison, phénomène dont sa personne a nécessairement été le siège. Ce serait la seule critique que nous pourrions émettre devant son œuvre qui suscite le respect et l’admiration. Mais, alors que Kant prônait l’élection de la raison comme guide de l’Homme, ne doit-on pas remettre en cause certains usages qui peuvent être faits de la raison ? Il serait certainement erroné de penser, ou plutôt croire, que la monstruosité n’est la conséquence que du sommeil de la raison. N’y aurait-il pas des formes de monstruosité rationnelle, inscrites dans le cadre d’un usage de la raison ?

Quels sont les propres dangers de la raison lors de son activité ? Quelles limites doivent être imposées à la raison qui nous gouverne ? Ainsi, l’édification du modèle nazi allemand dans les années 30 et 40 n’obéit-elle pas à une certaine logique rationnelle ? Adolf Hitler arrive au pouvoir en janvier 33 par les urnes, de manière tout à fait démocratique, sans aucune trace de corruption. Nommé chancelier, il ne tardera pas à se proclamer Führer, avec une très large approbation du peuple allemand. Voilà comment est née au 20ème siècle le régime probablement le plus monstrueux de toute l’histoire de l’humanité. Pourtant, les chefs nazis n’étaient en rien des monstres dépourvus de raison. Bien au contraire, Hitler et ses compères étaient embrigadés par leur raison, par leur représentation ou interprétation de la raison universelle. Derrière chacune de leurs décisions, derrière chacune de leurs mesures, il y avait des raisonnements à part entière, leur raison ne sommeillait point. Hitler était un raisonneur, un être qui selon Guitton « fait usage de la raison à tort et qui substitue à la vérité, par le jeu du raisonnement, l’apparence de la raison ». Robert Redeker a cherché à mettre en évidence la déraison d’Hitler, la déraison du nazisme, affirmant qu’Hitler haïssait la raison. Mais Hitler voulait tout simplement imposer sa propre raison, qu’il considérait comme étant la raison du peuple allemand. Les théories hitlériennes s’appuyaient toutes sur des réalités socio-économiques, que l’on cherche parfois à oublier, par peur de trouver des explications rationnelles à certaines formes de monstruosité. Quand Hitler est élu, l’Allemagne doit faire face à une terrible crise économique qui touche l’ensemble de l’Europe. Comme pour toute crise, il faut trouver les causes, les raisons, les responsables. Par le biais de sa vision pragmatique de la situation économique, Hitler a vu dans les Juifs les bourreaux du peuple allemand. Ces raisons donnaient satisfaction à sa raison, raison qui accepte parfois tout ce qu’on lui propose. Il faut reconnaître que ce constat n’était pas totalement erroné, la classe bourgeoise allemande étant composée en grande partie d’individus de confession juive. Ces derniers possédaient quantité de capitaux et furent accusés de piller le peuple ouvrier allemand. C’est ainsi qu’Hitler s’est imaginé en porte-parole de la classe ouvrière allemande, en créant le NSDAP ( parti se réclamant socialiste et démocrate), et le peuple allemand a su se reconnaître, parfois de manière aveuglée, parfois de manière tout à fait raisonnée, dans le pragmatisme, le rationalisme hitlérien. Hitler fut reconnu comme le guide, le Führer de l’Allemagne, par la majorité de l’opinion publique, un peu comme l’on suit sa raison. Hitler, raison du peuple allemand ? Force est de constater que les réformes économiques hitlériennes, en adéquation avec la réalité du pays, se sont montrées particulièrement efficaces (on ne peut pas en dire autant de la France). Mais, par son efficacité, par le bon fonctionnement de sa raison pragmatique, Hitler a probablement ensommeillé la raison pratique du peuple allemand, y compris la sienne. Car, par suite, son idéologie a pris le pas sur sa raison pragmatique. Hitler a pris ses pensées pour des connaissances, pour des vérités, pour la vérité absolue ; il a cru bon d’imposer notamment ses théories raciales, qui suscitent une telle indignation depuis la découverte des camps en 45. Mais à la fin des années 30, ses théories n’étaient pas sources d’une telle indignation ; dans l’esprit des gens, y compris de nombreux biologistes, les races existaient. Lorsque Hitler a affirmé la supériorité de la race aryenne, bien qu’étant d’origine autrichienne et possédant fort peu de « caractéristiques aryennes », les Occidentaux ne virent que peu de monstruosité à cela. Il y avait même en France ce sentiment de supériorité de la « race blanche » sur les « races noire ou asiatique », le fonctionnement dans les colonies est bien là pour le prouver. La science ne permettait pas à cette époque de démonter les arguments d’ordre racial des nazis. C’est bien là la grande limite de la raison théorique kantienne, qui ne permet et ne permettra pas d’accéder à la vérité absolue, à la connaissance absolue de l’Homme et du Monde. Chaque monstruosité a son époque, et la raison évolue, suivant le cours de l’histoire des monstruosités. La raison est donc bien universelle, mais n’est point permanente. Des idées, des préjugés deviennent alors raison, nous tombons dans le dogmatisme défini par Kant comme « la marche que suit la raison pure sans avoir fait une critique préalable de son pouvoir propre ». L’Homme, animal qui fait des dogmes, cherche à tout expliquer, y compris ce qui est hors de ses capacités ; il refuse de demeurer dans l’ignorance, inacceptable à ses yeux. De là, nous pouvons mettre le doigt sur la principale et immense faiblesse d’Hitler. Un Hitler qui avait échoué dans ses études d’art, un Hitler s’estimant au fond de lui-même bon à rien, ne connaissant que des échecs dont l’ultime l’a conduit au suicide par refus de se soumettre à la réalité, un Hitler ne s’acceptant pas tel qu’il était vraiment, peut-être parce qu’ayant pris conscience de sa monstruosité. Pour compenser sa faiblesse humaine, Hitler a certainement ressenti le besoin de se créer un idéal : un idéal de l’Allemand et un idéal de l’Allemagne. Cette volonté l’a conduit vers la politique, où il pensait pouvoir prendre sa revanche, sa revanche sur sa personne. Il voulait se prouver à lui-même et aux autres qu’Hitler pouvait être grand. Hitler était un être passionnel, fasciné par la grandeur, par l’ordre, par la puissance. Lors de ses discours dont certaines images restent gravées dans les mémoires, Hitler s’emportait dans des démonstrations orales, comme pour cacher sa faiblesse existentielle. Hitler était un être abandonné à ses tourments, qu’il cherchait à masquer derrière sa carapace d’homme droit. Mais Hitler a séduit la nation allemande par son charisme extérieur, médiatique, mais aussi par sa rationalité, bien que sensible et raison n’aillent pas de paire. Son idéologie eut le malheur de coïncider avec le contexte allemand. Hitler cherchait perpétuellement l’efficacité dans ses actions. Alors qu’il en était venu à l’idée de la nécessité d’éliminer tous les individus susceptibles d’affaiblir selon lui la grandeur du Reich (juifs, handicapés, tziganes, opposants...), il chercha la mesure, le procédé le plus efficace : l’extermination. Extermination rapide, extermination de masse, l’extermination obéissait à des critères rationnels techniques, à une nécessité nazie d’éliminer tout ce qui pouvait freiner son avancée. Reste à comprendre comment près de 70 millions d’Allemands ont pu accepter cela, comment ils ont pu rester muets malgré l’odeur des chairs brûlées qui se répandaient nauséabondement dans les villages situés à proximité des camps, comment ils ont pu faire acte d’obéissance à leur Führer tout en ayant conscience de sa monstruosité, comment ils ont pu le saluer en s’égosillant Heil Hitler. Non, ils n’auraient pas dû ; non, ils n’ont pas accompli leur devoir moral. Ce sont eux les véritables coupables du nazisme ; nous devrions avoir honte de nos ancêtres. Ce sont eux qui ont permis ces crimes, ce sont eux qui ont laissé Hitler se noyer dans sa folie, Hitler victime abandonnée. Pensons aussi à ces chercheurs qui n’ont eu aucun scrupule à réaliser des expériences terrifiantes sur des êtres dont il ne restait plus que la peau et les os. Expériences réalisées selon les nazis au service des progrès de la science ; mais était-ce vraiment de la science ? La puissance territoriale, militaire et économique ne suffisait pas à Hitler ; il lui fallait aussi une Allemagne savante. Mais, du fait de son antisémitisme, Hitler s’est privé du plus grand : Einstein. Je n’ose imaginer quel serait le monde d’aujourd’hui si Einstein n’avait pas quitté l’Allemagne pour les Etats-Unis. Je ne serai probablement pas là pour écrire ces quelques lignes. Seul aspect réjouissant mais insuffisant pour nous consoler de la monstruosité de l’humanité, le fait que tous les scientifiques ne soient pas privés de conscience morale. Car science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Mais, à l’heure actuelle, nous pouvons nous interroger sur la conscience morale de certains scientifiques, comme si la science ne s’était pas totalement remise de cet épisode noir, très noir. Il suffit de constater quels intérêts suscite la méthode du clonage. La course à la maîtrise du vivant a été lancée sans aucune barrière, sans aucune loi. L’être humain devient un moyen, un instrument de la science ; mais où est passée la raison théorique ? Nous créons des industries d’embryons, à l’image du professeur sud-coréen Hwang, nous n’avons aucun scrupule à manipuler le vivant, avec pour ambition d’atteindre la vérité absolue, vérité de la Nature. Espérons que la Nature restera le plus longtemps possible mystérieuse, tant elle tendrait à disparaître par abus de la raison théorique. Ils sont fous ces scientifiques, non ? Ils veulent régner sur le Monde, sur l’humanité, mais n’ont pas conscience du risque qu’ils font encourir à cette dernière, probablement par égoïsme. Ils sont omnibulés par la course vers la naissance du premier clone humain, tellement omnibulés qu’ils en oublient leur conscience morale. Eux aussi sont des monstres, peut-être plus qu’Hitler ; ils sont tous prisonniers de leurs laboratoires, de leurs recherches. Ils prétendent vouloir connaître la nature humaine, mais quel intérêt de la découvrir pour aussitôt la dénaturer. Voyez comme la raison, ici théorique, est séductrice, comment elle est capable de pervertir l’humanité ! Cette raison dont l’Homme doit perpétuellement se méfier, cette raison qui ne peut rester RAISON, raison irraisonnable ; en effet, la raison ne se refuse point à être usée de manière déraisonnable et perd alors sa nature. De quoi sérieusement remettre en doute la valeur de la raison.

Le sommeil de la raison n’engendre donc pas à lui tout seul des monstres, des êtres inhumains, du fait de la complexité du fonctionnement de l’appareil psychique humain. Le surmoi, ainsi que les sentiments proposent en effet des alternatives à son sommeil. Mais quand bien même notre raison fonctionne, nous avons démontré que la monstruosité ne disparaissait pas nécessairement, du fait de son usage pragmatique ou théorique. L’Homme doit donc se montrer particulièrement méfiant vis à vis de sa raison. Ou peut-être doit-il s’efforcer de trouver au sein de son être une seconde raison, imperfectible cette fois-ci, une raison fidèle. Une raison qui le guide vers l’humanité...


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