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Bac philo 2016 - Série L

Le désir est-il par nature illimité ?

Avertissement : il ne s’agit ici que de pistes de réflexion et non d’une copie type nécessairement attendue par vos correcteurs. D’autres approches, d’autres thèses et arguments sont possibles. 

Introduction / Problématisation

Le désir est  le sentiment d’un manque, accompagné de la conscience de l’objet de ce manque et de la tendance qui nous pousse à le combler. Il est caractéristique de l’homme à tel point qu’une vie sans désirs  n’en est pas véritablement une à nos yeux. 

L’association entre désir et absence de limite donne lieu à trois interprétations possibles. En premier lieu, le désir peut être dit illimité au sens où il ne s’arrête jamais d’advenir : même quand il est provisoirement satisfait, il finit par renaître. De  plus, le désir est illimité dans la mesure où il fait en sorte que ce que nous pouvions considérer à première vue comme une limite mise à notre action ou à notre condition d’homme ne le soit de sorte que nous la refusions pour la dépasser. Enfin, le désir implique aussi l’illimitation, car il est souvent synonyme d’excès et de démesure et pousse l’homme à agir au-delà de ce qu’il serait  raisonnable de faire. Autrement dit, il abolit le sens de la limite.

Nous devons cependant nous interroger pour savoir si, par nature, le désir représente nécessairement tous ses aspects à la fois, car, dans ce cas, cela signifierait qu’il est à la fois privilège et menace, puissance créatrice et destructrice. Ne peut-on pas penser un usage possible du désir permettant de dissocier « illimité » et démesuré ? 

Partie I.

Le désir est, par nature, sans limite.

« Le désir est l’essence de l’homme », affirme Spinoza. C’est une puissance, une force qui le pousse à agir. À la différence du besoin, le désir n’est souvent pas satisfait même quand il est comblé. Séduire telle femme comble le désir que Don Juan avait pour elle sans satisfaire son désir amoureux. De même, et le gourmand le sait bien, la satiété qui met fin au besoin physiologique de manger, n’éteint pas le désir de nourriture. C’est pourquoi on peut dire que le désir est illimité. Il renaît sans cesse, ne s’éteint jamais quoi qu’il obtienne. 

 La force du désir est telle qu’elle rend possible ce qui, à première vue, semblait impossible. La réalité représente la limite par excellence et sous toutes ses formes. Nous sommes limités en temps, en forces, en capacités, etc. Or, le désir se caractérise souvent par son refus de la réalité telle qu’elle est et pousse l’homme à la dépasser ou la transformer. En ce sens, le désir ne s’accommode pas des limites.  

Partie II.

L’illimitation du désir est source d’excès.

Le désir est donc doublement illimité : il exige toujours autre chose et il nous entraîne à dépasser nos limites. Mais, cette illimitation représente une source d’excès. Comme Platon en donne l’image dans Gorgias, une vie uniquement placée sous l’égide de la satisfaction des désirs semble vaine et dangereuse. Vaine, car elle s’apparente à remplir indéfiniment un tonneau percé. Dangereuse, car, en raison de l’insatisfaction ressentie, elle encourage les excès : la frustration, la déception engendrée par la soumission aux désirs invite à tenter d’en obtenir toujours plus. Comme un malade qui croit qu’il faut augmenter la dose du médicament pour continuer à profiter de ses  bienfaits. Puissance créatrice, le désir représente aussi une force destructrice. L’homme peut littéralement se consumer de désirs au point d’abolir sa raison et de le laisser sous l’emprise de ses passions. 

Le désir mène l’humanité à une démesure dont les Grecs avaient fait l’objet de plusieurs mythes. L’homme se prend souvent pour l’égal des Dieux. C’est le désir qui le conduit à « vouloir se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » (Descartes). Il ne se contente pas, en effet, de modifier son environnement pour assurer son besoin de survie comme l’animal le fait (un castor construisant un barrage par exemple) mais il veut le rendre conforme à son désir et le produire à son image quitte à en menacer l’existence même. Ce désir apparaît ici illimité, d’autant plus que la prise de conscience par quelques-uns de l’imminence des catastrophes écologiques  ne suffit pas à limiter le désir de maîtrise et de puissance de l’humanité en général. Comme si celle-ci devenait le propre jouet de son désir et qu’elle ne parvenait plus à en contenir l’expression. 

Partie III.

Nous pouvons régler notre désir.

L’illimitation du désir est-elle pour autant une fatalité comme semble l’indiquer la mention « par nature » ?  Il faut apprendre à désirer pour en éviter les excès. Ne nous méprenons pas sur la finalité d’un tel apprentissage : il ne s’agit nullement d’éteindre en nous la flamme du désir pour nous concentrer uniquement sur nos besoins, mais de faire en sorte de désirer ce dont l’obtention dépend le plus de nous. Ainsi, nous serons certains d’éprouver la joie et le plaisir de réaliser nos désirs. Ce n’est pas parce que le désir est raisonnable que la joie prise à l’accomplir est restreinte et limitée. 

Il est possible de ne cultiver que l’aspect créateur du désir et de se protéger des excès dont il est capable. Pour ça, il faut  tourner ses  désirs vers soi-même. Plutôt que chercher la reconnaissance des autres que je ne suis jamais sûr d’obtenir et qui, pour cette raison, pourrait me pousser à l’excès (excès d’excentricité, de générosité, d’attente vis-à-vis des autres, etc.), il est, par exemple, préférable, de désirer faire tout ce qui est en notre pouvoir pour parvenir à l’estime de nous-mêmes. Et, comme le fait remarquer Descartes à la Princesse Élisabeth, ce désir ne sera jamais  excessif et l’estime de soi qu’il procure est, pour le coup, sans limites. Elle est durable et rien ne peut l’atteindre. 

Conclusion.

Illimité par nature, le désir n’est pas pour autant nécessairement démesuré si on apprend à le régler. Reste que cette approche concerne les individus davantage que l’humanité en elle-même. Or, la démesure du désir humain par  rapport à la Terre, désir fou de maîtrise symbolisé par le règne d’une technique toujours plus envahissante, ne nous fait-elle pas douter de notre capacité à en contrôler les excès ?

Vos réactions

Copie bac

Est ce correct si on a considéré que c la société qui rend le désir illimité et qu'on a évoqué l'État de nature de Rousseau ou le désir n'est pas illimité c'est a dire démesure ?
J'ai considéré e' quelque sorte l illimité du désir propre a l'être social.....

Mauvais corrigé

En effet ce corrigé est très mauvais car il n'interroge pas du tout l'expression "par nature". Il n'y a pas de vrai problématique. L'hypothèse selon laquelle le désir ne serait pas illimité par nature n'est pas interrogée. Dire que, oui, le désir est illimité mais qu'il peut être contrôlé, c'est un peu bateau.

Le désir est-il, par nature, illimité ?

Le recours à Spinoza dans la première partie (le désir en tant qu'illimité) est sujet à caution. En effet, si le désir est bien, pour Spinoza, l'essence de l'homme, ce dernier est un mode fini de la nature. Dès lors, le désir, chez l'homme,ne peut peut être illimité.

Par ailleurs, il aurait peut être été bon de "convoquer" Schopenhauer pour qui,le désir est effectivement illimité, ce pourquoi il ne peut que conduire qu'au malheur de l'homme dans un processus infini (au désir succède la satiété, l'ennui, puis surgit un autre désir comme manque douloureux et ainsi de suite. .

autre piste

Evoquer le rôle de la société dans l'illimitation me semble tout à fait pertinent. C'est une piste complémentaire. La référence à Rousseau est, dans ce cas, parfaitement appropriée.

Quant au commentaire précédent, au lieu de produire une estimation aussi définitive, assurez-vous d'avoir bien lu le corrigé. Et, en tant que correcteur au bac depuis de longues années, je suis un peu mieux placé que vous pour savoir ce que le jury attend.

Philo 2016

Bonjour Mr Mathias roux, est ce que je pourrais vous faire lire le brouillon de ma fille si bac L et me dire ce que vous en pensez?

Merci

Philo 2016

Moi j'ai parlé du désir qu'il est l'essence même de l'homme, un individu qui ne désire rien est mort.

Les désirs peuvent être influencés par la société, ( effets modes,normes de vie)

Ils sont diverses et illimités, l'homme cherche bonheur et source de plaisir l'homme désir l'objet de son désir car celui qui désir désirer lui apporte satisfaction.
Spinoziste définir cela très bien : ce n'est pas parce qu'une chose est bonne qu'on la désir cm, c'est parce qu'on l'a désir su'on la trouve bonne.

Le désir est donc par nature illimité,cela dit on peut limiter ses désirs.

Le désir est un manque que l'on cherche naturellement à combler mais aussitôt que l'on parvient à satisfaire un désir, d'autres apparaissent.
Ex: je désir une robe repéré en boutique, j'imagine combien je plairais en la portant, une fois acquise je l'a désir moins et ainsi de suite.

Le désir est source de frustration,il est d'ailleurs comparé au tonneaux de Danaïdes chez les grecs,qui lorsqu'on le rempli se vide car il est percé.

Lorsque l'on désir quelque chose et qu'on y parvient pas, cela peut faire souffrir et faire mal on peut en être obsédé et devenir esclave de nos désirs.

Le désir peut devenir maladif, acheteurs compulsifs, il peut être destructeur, notamment chez les toxicomanes ou chez les alcooliques, il est donc primordiales de ne pas se laissé noyé dans ses désirs au risque d'en devenir victime.

Il est donc préférable pour l'homme de garder le contrôle sur ses désirs pour éviter toutes souffrances, il faut avoir conscience que ces désirs peuvent devenir nocifs,en effet si je n'ai pas connaissance qu'ils peuvent être mauvais je n'ai alors aucunes raisons de vouloir les limiter.

Il faut faire un travail sur soit c'est une culture que d'apprendre à gérer ses désirs.
Chez les épicuriens on classe les désirs en deux catégories:
Les désirs nécessaires comme (boire,manger ou faire ses besoins) et les désirs vains qui sont contingents.

Cette classification a pour but de sélectionner les désirs de façons à ne satisfaites que les désirs nécessaires et de refouler les désirs vains.
Il serait donc convenable de se demander di ce que nous désirons est nécessaire ou artificiel, Est il nocif pour moi,pour autrui de le satisfaire?

Peut être que ce travail subjectif est difficile?
Il est peut être difficile de se dénaturer mais c'est pour ine bonne cause.

Le désir est-il par nature illimité ?

pour ma part ce sujet est très mal traité parce que bien que le désir est illimité l'homme en tant que être de conscience peut contrôler les forces du désir.

le desir est il de nature illimité.

Le désir a deux natures.Il est illimité pour celui qui croit qu'il est illimité,il est limité pour celui qui l'utilise en limité.

le désir

Selon moi, le désir n'est pas le sentiment d'un manque. Je peux me sentir totalement comblée, avoir une vision et désirer la manifester, non par manque, mais par plaisir simple de créer. Parce que je suis une artiste et que je ressens le désir de faire une série de trait noir-------------------- parce que je joue avec les possibilités de la réalité où je suis présentement.

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